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Chronique de mon erreur judiciaire

Chronique de mon erreur judiciaire

Titel: Chronique de mon erreur judiciaire
Autoren: Alain Marécaux
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atteinte à la démocratie.
    Pire, au lieu de me « contenter » d’assumer pleinement une charge, je me mis de nouvelles activités sur les épaules. Comme je n’avais pas renoncé au projet d’enseigner en faculté, le jour où l’on me proposa d’être chargé de travaux dirigés en droit des sûretés (droit bancaire), pour ensuite être chargé de cours en voie d’exécution, je ne pus résister. Porté par la fierté d’enseigner, sachant que seuls y étaient habilités les titulaires d’un doctorat ou les professionnels avertis, je flottais de bonheur, comme sur un nuage.
    *
    Mais l’éclaircie ne dura pas et le ciel s’assombrit d’un coup en cette fin 2001. Sans que je puisse anticiper quoi que ce soit, un cataclysme incroyable s’abattit sur ma famille et moi.
    Au matin du 14 novembre, à 6 h 30, la foudre de l’affaire d’Outreau nous tomba dessus.

Chapitre 1 Un jour comme les autres…
ou
L’effroi d’une perquisition
    Le 14 novembre 2001 aurait dû être un mercredi comme les autres. Un de ces jours que les enfants attendent avec bonheur parce qu’ils n’ont pas école. Mais pour ma famille et moi, il ouvrit les portes de l’enfer.
    *
    La nuit s’était passée normalement quand, tout à coup, nous avons entendu le chien aboyer. Il était 6 h 30. Des lumières violentes éclairaient les fenêtres de notre chambre. Que se passait-il ? Qui venait de si bon matin ? Subitement, nous avons pris peur : peut-être était-ce des cambrioleurs, une attaque, où étaient nos enfants ? N’en menant pas large, je rassure mon épouse, les trois enfants sont à la maison.
    J’en étais là de mes conjectures quand des individus se sont mis à frapper bruyamment aux portes de la cuisine et du vestibule. En pyjama, hagard, inquiet aussi, je me dirige vers le couloir du premier étage dont j’ai ouvert la fenêtre. Et là, je découvre la présence d’un groupe de personnes qui me somment de les faire entrer en hurlant : « Police, ouvrez ! »
    D’un coup, ma crainte baisse d’un cran. Travaillant souvent avec la police dans le cadre de ma profession, je me dis qu’un accident s’étant produit à proximité de la maison, ils viennent tout simplement requérir mes services. De retour dans la chambre, je rassure Odile, vérifiant au passage que les enfants ne sont pas réveillés. Puis, j’enfile une robe de chambre et descends ouvrir la porte de la cuisine tout en calmant le chien.
    Un jeune individu, qui se présente comme commissaire de police, entre manu militari dans la pièce, suivi d’une escorte de quinze hommes. Un autre déclare :
    — Je suis Fabrice Burgaud, juge d’instruction. Vous êtes mis en examen pour viol sur mineurs. Vous pouvez consulter un avocat.
    Les bras m’en tombent, je reste abasourdi : il doit s’agir d’une plaisanterie de mauvais goût. Je lui demande alors sa carte professionnelle, sachant qu’un juge d’instruction n’a pas besoin de commission rogatoire. Sans sourciller, il me met son titre sous le nez avec désinvolture. Bien que désemparé, je suis très loin de réaliser la gravité de la situation.
    À ce moment, Odile surgit, hors d’elle. Des agents viennent de lui expliquer ce qui se passe. Elle aussi est mise en examen pour viol sur mineurs.
    Mus par un commun réflexe, nous décidons de téléphoner à une amie avocate, Isabelle Pauwels, dont nous avons été les témoins de mariage.
    Très vite, je suis éloigné de ma femme. On me prend par le bras, on m’isole au salon, la porte communicant avec la salle de séjour étant fermée. Quand j’entends Odile faire une crise de nerfs, je m’apprête à la rejoindre pour la réconforter mais les policiers m’en dissuadent, menaçant de me plaquer au sol, menottes aux poignets. Au moment où les cris de ma femme s’estompent un court instant, je perçois aussi du bruit au premier étage. Je réalise alors que les enquêteurs sont en train de réveiller mes enfants. Bientôt, ma fille arrive en pleurs et se jette contre moi. Et, presque immédiatement, on l’arrache de mes bras.
    *
    Sans perdre de temps, la horde investit le salon. La bibliothèque est fouillée sans égard, les photos de famille crânement exhibées. Nos ouvrages préférés, les albums chéris, les tiroirs, tout est vidé de son contenu ainsi qu’une poubelle. J’assiste en direct à un cauchemar méthodique. Comment ces étrangers peuvent-ils se permettre de violer notre intimité, de compulser
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