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Chronique de mon erreur judiciaire

Chronique de mon erreur judiciaire

Titel: Chronique de mon erreur judiciaire
Autoren: Alain Marécaux
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sans respect les images de nos amis, des anniversaires, des fêtes, des réveillons ?
    Je cherche mes enfants des yeux et des oreilles. Visiblement, ils ne sont plus là. Je m’en émeus et, pour toute réponse, on me rétorque : « La police fouille ! » Malgré mon trouble, je garde mon calme, persuadé que les policiers font erreur sur ma personne, bévue qu’ils vont forcément bientôt reconnaître avant de prendre congé. Virtuellement, je rédige déjà les courriers à adresser au procureur de la République et à mon président de chambre pour protester énergiquement contre cette attitude. Le rythme infernal de la perquisition ne faiblit pas. Si je me dis, durant un court instant, qu’il ne faut pas en vouloir aux policiers qui agissent sur ordre du juge, ma mansuétude ne résiste pas lorsqu’ils ne prennent aucun soin des objets déplacés et manipulent des antiquités comme de vulgaires bibelots. En mon for intérieur, je pense même que si je ne savais leur qualité de policiers, avec pareille dégaine je les aurais pris pour des voyous. L’un d’eux, muni d’un appareil photo impressionnant, reste sur sa réserve. Se contentant à peu près de ne rien faire, il affiche en permanence un énigmatique rictus, et un air narquois. Je continue à me comporter comme si de rien n’était, intervenant seulement lorsqu’on me le demande.
    Soudain, Odile apparaît. Blême, elle vient vers moi, suivie par deux personnes et m’informe qu’elle part à Hardelot, commune où nous possédons une maison en construction.
    *
    Peu de temps après arrive maître Pauwels. Les yeux rouges et le regard anxieux, elle semble gênée et m’informe que la rumeur colportait depuis des jours l’infâme accusation mais que jamais elle n’avait osé m’en parler. Aujourd’hui, je lui ai pardonné. Si j’avais eu vent de cette affaire plus tôt, je me serais rendu moi-même chez le procureur de la République et j’aurais avisé mon président de chambre, ayant toujours observé un respect scrupuleux des règles de bienséance et de déontologie.
    Isabelle Pauwels détaille le dossier et les accusations qui pèsent sur moi. Sa mine est sombre, son ton grave, son humeur défaitiste. Et de m’expliquer qu’elle ne peut intervenir pour nous étant déjà commise d’office dans cette affaire. Au passage, elle nous recommande d’engager chacun notre propre défenseur. Ma femme opte pour un avocat connu de ses parents et, pour ma part, je suis ses conseils en contactant maître Hubert Delarue, du barreau d’Amiens. Une trouille bleue, irraisonnée, monte alors en moi. Même si je puise du courage en l’idée que le cauchemar va bientôt toucher à sa fin, j’ai de plus en plus peur.
    *
    Quand je retourne au salon, je découvre l’équipe en train de visionner… des films vidéo. Les miens ! Ma dignité, une nouvelle fois, est mise à mal en voyant des inconnus piétiner un peu plus mon jardin secret. Ai-je seulement le choix de me taire, de mépriser leur mépris ? Même pas : on me somme de commenter ces images, et de justifier le moindre de mes souvenirs. Tout est passé en revue : le baptême des enfants, leurs anniversaires, nos soirées entre amis, nos dimanches à la maison…
    *
    L’ensemble du salon fouillé, la ruée passe ensuite dans la salle à manger où le juge ordonne la saisie de l’agenda familial et du répertoire téléphonique. Les buffets sont mis sens dessus dessous. Ensuite, direction le hall, dont le semainier se voit « mis à sac ». Après la cuisine, les recherches se poursuivent au sous-sol. Tout cela au tempo d’une symphonie de téléphones portables, les policiers entrant dans notre domicile comme dans un moulin. Ils se considèrent, en quelque sorte, en terrain conquis. Comme tout le monde, en ayant vu des perquisitions à la télévision, j’avais soupçonné les auteurs de fiction de forcer le trait, sans doute pour discréditer un peu les forces de l’ordre. Devant le spectacle que l’on m’inflige, je constate que la réalité dépasse la fiction, que certains membres des forces de l’ordre ne prennent soin parfois ni des biens ni des individus.
    Montés au premier étage, les enquêteurs se ruent sur les armoires. Un policier investit mon placard, tandis que les deux autres fouillent la penderie d’Odile. À la découverte d’un sachet de poudre blanche, on m’interpelle : « De quoi s’agit-il ? » Mais que sais-je, moi, de son contenu ? Après
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