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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1
Autoren: Alain Decaux
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batteries qui, d’une heure à l’autre, seront prêtes à tirer sur le Potemkine . Avoir cru la révolution gagnée, penser que l’on allait s’emparer d’Odessa, soulever la province, marcher sur Moscou et, quelques heures après, découvrir qu’il n’existe plus d’issue !
    Que peut entreprendre un bateau contre un pays entier, une armée, une police, une marine ? Matushenko a beau plaider – de toute son âme – il n’est plus entendu. L’équipage du Potemkine ne pense plus qu’à sauver sa peau. En se mutinant, ces hommes ont commis un crime. Ils risquent d’être pendus. Qui donc voudrait être pendu à bord du Potemkine  ?
    On ne saura jamais qui a proposé le départ pour un pays neutre. La Roumanie n’est pas loin. Allons à Constanza ! Sans attendre, l’idée est reprise par tous : en Roumanie !
    Le reste de l’histoire se résume en une longue agonie : la recherche éperdue d’un havre en mer Noire, l’espoir d’être accueilli à Théodosia, port russe. L’échec. Nul ne veut plus du Potemkine en Russie. Les autorités roumaines vont accepter de recevoir le navire à condition que tous les hommes de l’équipage se rendent. Ils pourront alors bénéficier du droit d’asile et ne seront en aucun cas extradés. Ceux qui le désireront pourront recevoir la nationalité roumaine.
    Adieu à la révolution ? Adieu, en tout cas, au Potemkine  ! Après que le dernier homme eut quitté le bord, on a vu tout à coup le cuirassé s’enfoncer dans les eaux. Matushenko l’a voulu. Sur son ordre, on a ouvert les vannes. Perdu pour la révolution, le bateau le sera aussi pour le tsar.
    Il est dit que toutes les batailles livrées par le Potemkine s’achèveront par une défaite : on réussira à renflouer le cuirassé, on le remorquera vers Sébastopol où, sur l’ordre de Nicolas II, on le débaptisera. Désormais, il s’appellera le Panteleymon , ce qui veut dire le péquenot.
    En Roumanie, les marins du Potemkine ont cherché et trouvé du travail. On les a engagés dans les arsenaux, les usines, aux champs. Ils n’en vivent pas moins dans le souvenir de la Russie et ne prêtent d’intérêt qu’à ce qui se passe là-bas. Non seulement la tension intérieure subsiste, mais elle s’aggrave. En octobre, dans tout le pays, éclate la grève générale. À Saint-Pétersbourg naissent des conseils d’ouvriers qui s’intitulent « soviets ». En décembre, Moscou se hérisse de barricades. Le sang coule. Pour réduire les insurgés, il faudra dix jours de combats violents. Dix jours ! Lénine, rentré en Russie, confiera : « Sans la révolution de 1905, notre victoire de 1917 eût été impossible. »
    Le tsar doit se résoudre à signer un manifeste qui fait de la Russie une monarchie constitutionnelle. La révolution de 1905 aurait donc vaincu ? Beaucoup le croient mais d’autres pensent qu’il ne s’agit que d’une apparence. Ils ont raison.
     
    1907. Pour confirmer son libéralisme tout neuf, le tsar Nicolas II annonce une amnistie pour tous ceux qui ont participé aux épisodes insurrectionnels de 1905. Elle concerne donc ceux du Potemkine .
    Revoir la Russie ! Retrouver leurs familles, leurs villages ! Telle a été la première pensée des marins du Potemkine . Et si c’était un piège ? La majorité des mutins, méfiants, restent en Roumanie. Cinq seulement n’y tiennent plus : ils veulent rentrer. Parmi eux, Matushenko.
    À la frontière, ils sont reconnus, arrêtés. Quatre d’entre eux sont envoyés en Sibérie. Matushenko, lui, sera pendu.

II

Le grand pari
de Louis Blériot
    25 juillet 1909
    Dimanche 25 juillet 1909, 4 h 40 du matin. Là, à Sangatte, devant la mer, un champ immense et plat. À l’horizon un disque rouge qui, lentement, s’élève. 4 h 40, c’est le lever du soleil. Dans ce champ, le jour naissant éclaire un incroyable assemblage de bois, de fil de fer, de papier verni. Une sorte d’oiseau malhabile, comme esquissé, inachevé. Deux grandes ailes blanches, deux roues de bicyclette, une hélice. Et, hissé sur cette machine dont il semblerait qu’un coup de vent suffirait à la renverser, un homme. Il s’appelle Louis Blériot.
    Il nourrit une incroyable prétention : voler au-dessus de la mer, des côtes de France à celles de l’Angleterre. Franchir la Manche.
    Le jour où, les premiers hommes ont marché sur la lune, des reporters de la télévision américaine sont allés à Dayton (U.S.A.) pour interroger
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