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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins
Autoren: Juliette Benzoni
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votre foi est grande, vous serez entendue.
    Elle releva la tête. Devant elle, un moine en longue robe blanche se tenait debout, penchant vers elle sa tête grise et son visage illuminé de douceur. Une telle paix émanait de cette blanche silhouette que Catherine, subjuguée, demeura devant lui agenouillée, les mains encore jointes comme devant une apparition. Le moine tendit sa main pâle vers la pierre qui scintillait près du manteau d'or de la Vierge, mais ne la toucha pas.
    — Ce joyau fabuleux, d'où le tenez-vous ?
    — Il appartenait à mon défunt époux, le Grand Argentier de Bourgogne.
    — Vous êtes veuve ?
    — Je ne l'étais plus. Mais l'homme que j'avais épousé, frappé de la lèpre, est parti au tombeau de Saint- Jacques implorer sa guérison et moi aussi je veux partir là-bas pour le retrouver.
    Avez-vous pris rang parmi les pèlerins ? Il vous faut un billet de confession et être agréée par les chefs des errants de Dieu. Ils partent demain.
    — Je sais... Mais je viens seulement d'arriver. Pensez-vous, mon père, qu'il soit trop tard ? fit Catherine avec une soudaine crainte.
    Un sourire plein de bonté vint éclairer le visage du moine blanc.

    — Vous désirez beaucoup partir, n'est-ce pas ?
    — Je le désire plus que tout au monde.
    — Alors, venez. Je vais vous entendre en confession, puis je vous donnerai un billet pour le prieur de l'Hôtel- Dieu.
    — Avez-vous donc le pouvoir de me faire admettre si tard ?
    — Il n'y a pas d'heure pour s'approcher de Dieu. Et je suis Guillaume de Chalençon, l'évêque de cette ville. Venez, ma fille.
    Le cœur envahi d'un merveilleux espoir, Catherine suivit la blanche silhouette du prélat.
    En quittant l'église, Catherine avait des ailes. Elle avait l'impression que tout, maintenant, allait s'arranger, que ses espoirs retrouvaient toute leur vigueur, que plus rien n'était impossible. Il suffisait seulement d'avoir du courage et, du courage, elle en avait à revendre désormais.
    À l'entrée de l'Hôtel-Dieu, dont le haut portail ogival gardé par des lions de pierre s'ouvrait sur les marches mêmes de la cathédrale, elle trouva Frère Eusèbe qui l'attendait, assis sur une borne, et disant placidement son chapelet. La voyant approcher il la regarda d'un air malheureux.
    — Dame Catherine, il n'y a plus de place dans les dortoirs. Les pèlerins couchent dans la cour, et je n'ai pas pu vous trouver même une paillasse. Moi, je peux toujours demander asile dans un couvent.
    Mais vous ?
    Moi ? Cela n'a pas d'importance. Je dormirai dans la cour, avec les autres. D'ailleurs, Frère Eusèbe, il est temps à cette heure que je vous avoue la vérité. Je ne rentrerai pas avec vous à Montsalvy. Demain, avec les autres pèlerins, je partirai vers Compostelle... Rien ne peut m'en empêcher. Mais je veux vous demander pardon pour les ennuis que je vais vous causer. Le seigneur abbé...
    Un grand sourire vint éclairer le visage rond du petit Frère portier.
    De sous sa robe, il tira un rouleau de parchemin et le donna à Catherine.
    — Notre très Révérend Père Abbé, coupa-t-il, m'a chargé de vous remettre ceci, dame Catherine. Mais je ne devais vous le donner qu'une fois votre vœu accompli. Il l'est, n'est-ce pas ?
    — Il l'est.
    — Alors, voici.

    D'une main hésitante, Catherine prit le rouleau, en brisa le cachet, le déroula. Il ne contenait que peu de mots, mais leur lecture fit monter à son front une bouffée de joie.
    « Allez en paix, avait écrit Bernard de Calmont, et que Dieu vous accompagne. Je veillerai sur l'enfant et sur Montsalvy. »
    Le regard qu'elle adressa au Frère portier était rayonnant de bonheur. Dans son enthousiasme, elle baisa la signature de la lettre avant de la glisser dans son aumônière, puis elle tendit la main à son compagnon.
    — C'est ici que nous nous séparons. Retournez à Montsalvy, Frère Eusèbe, et dites au Très Révérend Abbé que j'ai honte d'avoir manqué de confiance en lui, mais que je le remercie. Rendez-lui les mules, je n'en ai pas besoin. C'est à pied, comme les autres, que je ferai le chemin.
    Puis, se détournant, elle s'envola, légère comme un oiseau délivré, vers l'autre côté de la rue où se balançait une belle enseigne qui représentait un pèlerin sous son grand chapeau, le bourdon à la main, et qui annonçait à tous qu'au « Chemin de Saint-Jacques » maître Croizat tenait boutique de fournitures pour le pieux voyage.
    Ceux qui allaient partir étaient une
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