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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins
Autoren: Juliette Benzoni
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figure criblée de taches de rousseur où deux yeux clairs brillaient joyeusement, mais il ôta, avec politesse, le bonnet vert effrangé qui lui couvrait la tête.
    — C'est que notre sire, le Roi, est entré avant-hier dans la ville avec Madame la Reine et toute la cour, pour venir prier Notre-Dame et célébrer Pâques avant de s'en aller à Vienne où se réunissent les États... Si vous cherchez à vous loger vous aurez du mal. Toutes les auberges sont pleines car, en outre, on dit que Monseigneur le Connétable doit arriver aujourd'hui.
    — Le Roi et le Connétable ? s'étonna Catherine. Mais ils sont brouillés.
    — Justement. Notre Sire a choisi la cathédrale pour l'y recevoir de nouveau dans sa grâce. Ils feront ensemble la veillée de Pâques, cette nuit.
    — Est-ce que des pèlerins ne se réunissent pas ici, qui partiront bientôt pour Compostelle ?
    — Si, gracieuse dame. L'Hôtel-Dieu, près de la cathédrale, en est plein. Il vous faut presser si vous désirez vous joindre à eux.
    L'enfant indiqua encore à Catherine le chemin de l'Hôtel-Dieu. Il était simple : il suffisait de suivre cette longue, longue rue qui de la tour Panessac, près de laquelle ils se trouvaient, montait vers Notre-Dame et s'achevait en escaliers. Des escaliers qui, eux-mêmes, s'engouffraient sous le porche. Avant de quitter son interlocutrice, le jeune garçon ajouta :
    — Tous les pèlerins se fournissent chez maître Croisât, près de l'Hôtel-Dieu. C'est chez lui qu'on trouve les vêtements les plus solides pour le grand voyage et... Je te remercie, coupa Catherine en voyant l'œil de Frère Eusèbe, habituellement dénué de toute expression, s'attacher à elle avec curiosité. Nous allons chercher un logis.
    — Dieu vous aide à le trouver ! Mais vous n'avez guère de chance.
    Le palais de l'évêque lui-même, Monseigneur Guillaume de Chalençon, est plein à craquer. Le Roi y tient sa cour.
    Le gamin s'éloigna en courant. Catherine réfléchit un moment. Il n'y avait pas de temps à perdre. Demain, après la messe solennelle, les pèlerins partaient. Et elle voulait partir avec eux. Elle se laissa glisser de sa mule, se tourna vers Frère Eusèbe qui, placidement, attendait sa décision.
    — Prenez les bêtes, mon frère, et allez sans moi jusqu'à l'Hôtel-Dieu où vous demanderez que l'on veuille bien nous donner logis.
    Voilà de l'or pour payer notre écot. Quant à moi, je veux, dès maintenant, monter à la cathédrale, but de notre pèlerinage. J'ai hâte de remettre à Notre-Dame ce que je lui porte et il ne convient pas que j'approche à cheval du lieu saint. Allez sans moi. Je vous retrouverai plus tard.

    Le digne Frère portier de Montsalvy se contenta d'un signe de tête pour montrer qu'il avait compris et, réunissant dans sa main les brides des deux mules, poursuivit tranquillement son chemin.
    Lentement, Catherine monta la rue pavoisée où les enseignes étaient nombreuses : marchands d'objets de piété y côtoyaient les auberges, les rôtisseries, les échoppes de toute sorte et, assises devant leurs portes, sur des marches de pierre, des femmes, courbées sur des coussins couverts de fils ténus, faisaient voltiger de leurs doigts agiles des multitudes de petits fuseaux... Un instant, la voyageuse s'arrêta auprès de l'une de ces dentellières, qui était jeune et jolie et qui, tout en travaillant, lui sourit avec gentillesse. Elle n'eut pas été aussi profondément femme si les fragiles merveilles nées sous ces doigts de fée ne l'avaient attirée. Mais une procession de pénitents descendait de la cathédrale en chantant
    à pleine voix les cantiques de la mort, et Catherine, rappelée à son vœu, reprit son ascension. Et, à mesure qu'elle montait, elle oublia peu à peu tout ce qui l'entourait...
    Sur les degrés de l'immense escalier qui, là-haut, se perdait dans l'ombre des hautes arches romanes, des gens s'échelonnaient montant à genoux péniblement les marches usées déjà par les siècles de ferveur. Le bourdonnement des invocations entourait Catherine comme un bruit d'abeilles, mais elle ne les entendait pas. La tête levée, elle regardait approcher la haute façade polychrome où d'étranges dessins arabes évoquaient les lointains pays, les mystérieux artisans du fond des âges. Elle ne voulait pas s'agenouiller, pas maintenant. C'est debout qu'elle approcherait de l'autel insigne, comme elle approcherait, debout, du tombeau de l'Apôtre. L'ombre du porche
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