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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins
Autoren: Juliette Benzoni
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légèrement pluvieux, et les nuages couraient, rapides, poussés par le vent qui venait du sud. Le vent qui, d'après Saturnin, « donnait le tournis aux moutons... ».

    Les adieux entre Catherine et Sara avaient été rapides. L'une comme l'autre, d'un commun accord, refusaient l'attendrissement qui abat le courage et liquéfie la volonté. D'ailleurs, des adieux déchirants eussent tout juste servi à donner l'éveil à l'abbé Bernard. On ne pleure pas pour une séparation de quinze jours...
    Le plus cruel fut l'arrachement d'avec Michel. Les yeux lourds de larmes retenues, Catherine ne pouvait se lasser d'embrasser son petit garçon. Elle avait l'impression que ses bras, jamais, ne pourraient s'ouvrir pour le laisser aller. Il fallut que Sara le lui enlevât et l'emmenât pour le confier à Donatienne. Gagné par l'émotion de sa mère, l'enfant, sans même savoir pourquoi, allait se mettre à pleurer.
    — Quand le reverrai-je ? murmura Catherine qui, d'un seul coup se sentait affreusement misérable.
    Il s'en fallait de peu, tant son chagrin était grand, qu'elle renonçât à cette folle expédition.
    — Quand tu voudras, fit Sara calmement. Nul ne t'empêchera de revenir si tu ne parviens pas à ton but. Et, je t'en supplie, Catherine, ne tente pas Dieu ! Ne va pas au-delà de tes forces. Il est des cas où il vaut mieux accepter son destin, même s'il est cruel. Songe que, même si je suis là, rien ne peut remplacer une mère... Si les obstacles sont trop grands, reviens, je t'en conjure... Et, pour l'amour de Dieu...
    — Pour l'amour de Dieu, coupa Catherine souriant à travers ses larmes, n'en dis pas davantage. Sinon, dans cinq minutes, je n'aurai plus le moindre courage.
    Mais, quand les portes de l'abbaye s'ouvrirent devant les sabots de sa mule, Catherine éprouva une extraordinaire impression de liberté, une sorte de griserie. Elle n'avait pas peur de ce qui l'attendait dans les jours à venir. Il fallait que sa volonté triomphât de toutes les embûches. Elle se sentait plus forte, plus jeune et plus vaillante que jamais...
    Contre sa gorge, dans un petit sac de peau suspendu à son cou par un ruban, elle emportait le diamant noir. II avait perdu à ses yeux toute valeur, hormis une seule : celle de clef des champs. L'offrir à la Vierge du Puy, c'était ouvrir d'un même coup le long chemin qui, peut- être, la mènerait à son époux.
    Quand elle eut laissé derrière elle les murs de Montsalvy, Catherine remonta sur ses épaules le grand manteau qui glissait, retrouvant le geste antique du colporteur qui remonte la lourde charge. Puis, redressant la tête, elle refusa de se laisser distraire par l'appel des cloches qui, de loin, l'accompagnaient.
    Les yeux fixés droit devant elle, dans l'herbe encore rase du chemin, elle poursuivit sa route, sans faiblesse et sans larmes.
    Le Puy-en-Velay ! Une ville coulait comme un fleuve du porche gigantesque et multicolore d'une immense église romane couronnée de coupoles et de tours. Lorsque Catherine et Frère Eusèbe y arrivèrent, ils s'arrêtèrent un moment pour contempler l'incroyable spectacle qu'elle offrait. Les yeux émerveillés de la jeune femme allaient de la colline sainte, l'antique mont Anis qui se détachait sur les lointains bleus du pays vellave, à l'énorme rocher qui lui tenait compagnie et, plus loin, à l'étrange pic volcanique de Saint-Michel-d'Aiguilhe dressé, comme un doigt, vers le ciel et lui tendant fièrement sa petite chapelle. Tout, dans cette ville étrange, semblait fait pour le service de Dieu, tout venait de lui et retournait à lui... Mais, à mesure que, les portes franchies, l'on avançait dans la cité, l'extrême bariolage des rues et leur agitation frappèrent les voyageurs. Partout ce n'étaient que bannières, oriflammes, tapisseries tendues, pièces de soie glissant des fenêtres... Partout s'étalaient les armes royales de France et, avec une certaine stupeur, Catherine vit soudain passer devant elle un groupe bruyant d'archers écossais, traînant leurs armes.
    — La ville est en fête, déclara Frère Eusèbe qui ne disait pas dix paroles dans une journée. Il faut savoir pourquoi.
    Catherine, en sa compagnie, avait cultivé le silence. Elle ne jugea pas utile de répondre, mais héla un gamin qui passant en courant, une cruche à la main, s'en allait visiblement tirer de l'eau à une fontaine proche.
    — Pourquoi ces bannières, ces tentures, tout ce monde ?
    Le gamin leva vers la jeune femme une
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