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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins
Autoren: Juliette Benzoni
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Sara s'occupa de l'arrivant, lava ses pieds meurtris, le réconforta d'une soupe chaude, de pain et de fromage et d'un coup de vin avant de l'envoyer dans la grande salle où Catherine l'attendait, avec Saturnin et Donatienne ; les lois de l'hospitalité avaient prévalu sur son impatience. Elle sourit tristement en voyant que le ménestrel tenait sa viole à la main.
    — Il y a bien longtemps qu'une chanson n'est pas entrée ici, dit-elle doucement. Et je n'ai guère le cœur d'en entendre.
    — La musique est bonne pour l'âme, surtout quand elle est meurtrie, fit Guido en posant son instrument sur un banc. Mais, d'abord, je répondrai à vos questions.
    — Quand avez-vous vu Gauthier, et où ?
    — C'était au col d'Ibaneta, bien avant l'hospice de Roncevaux.
    J'étais tombé dans un ravin et ce Gauthier est venu à mon secours.
    Nous avons passé la nuit ensemble, dans un abri de montagne. Je lui ai dit que je rentrais dans mon pays, mais que je m'arrêterais dans tous les châteaux que je rencontrerais. Il m'a demandé si je pouvais venir jusqu'ici pour vous donner des nouvelles. Naturellement, j'ai promis de venir. Après le service qu'il m'avait rendu, je n'avais rien à lui refuser. Et puis, pour nous, un peu plus de chemin ou un peu moins, cela compte si peu... Alors, il m'a donné un message.
    — Quel message ? demanda Catherine en se penchant vers le jeune homme.
    — Il a dit : « Dites à dame Catherine que la jument blanche n'a plus guère d'avance sur moi. Demain, j'espère là rejoindre. »
    — Et... c'est tout ?
    — C'était tout... Je veux dire : il ne m'a rien confié de plus, mais il s'est passé quelque chose. Au matin, nous nous sommes séparés. Il devait prendre la route d'où je venais et j'ai continué vers Roncevaux, mais le chemin que je suivais montait et, longtemps, j'ai pu voir votre ami, noble dame. Il suivait la route tranquillement, au pas de son cheval. Et, juste au moment où il allait disparaître à mes yeux, le drame a éclaté. Il faut dire que la population de ce pays est sauvage et rude, les brigands y pullulent. Ils ne se sont pas attaqués à moi parce que, sans doute, ils m'ont jugé trop misérable gibier. Mais le grand voyageur était bien habillé, bien monté... De loin, je les ai vus surgir des rochers, l'entourer comme un essaim de guêpes. Il s'est défendu magnifiquement, mais ils avaient le nombre... Je l'ai vu tomber sous leurs coups et puis, tandis que l'un emmenait le cheval, l'autre le bagage, trois hommes ont déshabillé le corps et l'ont jeté dans l'un de ces ravins sans fond dont la seule vue produit l'effroi... Il était mort, bien certainement, ou bien la chute l'a achevé. Mais je ne peux pas jurer sa mort.
    Et, s'indigna Saturnin, vous n'êtes pas revenu sur vos pas ? Vous n'avez pas cherché à savoir si celui qui vous avait porté secours vivait encore ou s'il était réellement mort ?
    Le ménestrel hocha la tête, haussant les épaules et écartant les mains en un geste d'impuissance.
    — Les bandits devaient avoir leur repaire tout près car ils sont restés sur les lieux, attendant sans doute d'autres voyageurs...
    Qu'aurais-je pu faire, moi, faible et seul, contre ces sauvages ? Et puis le précipice était effrayant. Comment y descendre ? Dame, ajouta-t-il en se tournant vers Catherine d'un air suppliant, je vous prie en grâce de croire que s'il avait été possible de faire quelque chose pour aider votre ami, ou votre serviteur, je ne sais, je l'aurais fait, même au risque de ma vie. Guido Cigala n'est pas un lâche... il faut le croire.
    — Mais je vous crois, sire ménestrel, je vous crois, fit Catherine avec lassitude. Vous ne pouviez rien faire, je l'ai bien compris... Mais pardonnez-moi si, devant vous, je me laisse aller à la douleur. Voyez-vous, Gauthier était mon serviteur, mais sa vie m'était plus précieuse que celle du plus intime ami, et la pensée qu'il n'est plus...
    L'émotion lui coupa la parole. Les larmes embuaient ses yeux et sa gorge serrée ne pouvait plus articuler un mot. Quittant précipitamment la salle, elle courut jusqu'à sa chambre et, se laissant tomber sur son lit, se mit à sangloter. Cette fois, tout était fini, et bien fini. Elle avait tout perdu car, avec la mort de Gauthier, s'envolait aussi l'espoir de retrouver Arnaud. Guéri ou non, son époux ignorait toujours qu'elle lui demeurait fidèle et que son amour pour lui était plus profond que jamais. Il avait maintenant disparu pour elle aussi
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