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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur
Autoren: Lewis Wallace
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chacun put voir les croix vaciller, au sommet de la montagne. Mais tous les assistants ne faisaient attention qu’à celle du milieu   ; il leur semblait qu’elle dominait les autres et qu’elle élevait et secouait son fardeau, bien haut dans le ciel. Et tous ceux qui avaient insulté le Nazaréen, ceux qui avaient réclamé sa crucifixion, qui avaient fait partie de sa suite depuis la ville et qui dans leur cœur avaient désiré sa mort, – et dans la foule ils étaient dix pour un, – tous ceux-là sentaient qu’ils étaient individuellement menacés et que s’ils voulaient sauver leur vie il leur fallait fuir le plus vite possible la colère du ciel. Ils se mirent aussitôt à courir, à cheval, sur des chameaux, sur des chars, à pied   ; ils s’en allaient à toute vitesse, affolés, éperdus   ; mais le tremblement de terre, comme s’il prenait fait et cause pour l’innocent qu’ils avaient crucifié, les poursuivait, les renversait, les jetait les uns sur les autres, avec un horrible bruit souterrain qui augmentait leur effroi. Ils se frappaient la poitrine et tous étaient comme rendant l’âme de frayeur. Son sang était sur eux   ! Habitants du pays ou étrangers, prêtres ou laïques, mendiants, Sadducéens et Pharisiens, tous furent atteints dans le même bouleversement. S’ils invoquaient l’Éternel, la terre répondait pour lui en les secouant de nouveau. Et comme si le souverain sacrificateur n’avait pas été meilleur que ses frères coupables, lui aussi fut jeté sur le sol et traîné dans la poussière qui remplit bientôt les franges de sa robe, ses clochettes d’or et jusqu’à sa bouche elle-même. Lui et son peuple étaient égaux, du moins en cela que le sang du Nazaréen était sur eux tous   !
    Au moment où le soleil, perçant l’obscurité, venait éclairer la scène de la crucifixion, il ne se trouvait plus dans son voisinage immédiat que la mère du Nazaréen, le disciple qu’il aimait, les femmes de Galilée, le centurion et ses soldats, ainsi que Ben-Hur et ses compagnons, mais ils ne s’étaient pas aperçus de la fuite de la foule qui abandonnait la colline, le soin de leur propre sécurité les absorbait trop pour qu’ils fussent attentifs à autre chose.
    – Assieds-toi ici, dit Ben-Hur à Esther, en lui désignant une place auprès de son père. Maintenant ferme tes yeux et confie-toi en Dieu et en ce juste si odieusement mis à mort.
    – Mon fils, dit Simonide, d’une voix qui exprimait un respect profond, dorénavant ne parlons plus de lui autrement qu’en l’appelant le Christ.
    – Ainsi soit-il   ! répondit Ben-Hur.
    Une nouvelle secousse de tremblement de terre se fit sentir, les clameurs des brigands, dont les croix oscillaient violemment, étaient terribles à entendre. Bien qu’il pût à peine se tenir debout, Ben-Hur s’aperçut que Balthasar était étendu à terre sans mouvement. Il courut à lui et l’appela, mais en vain. Le vieillard était mort. Alors Ben-Hur se rappela qu’il avait entendu un cri qui semblait répondre à celui que le Nazaréen avait poussé en rendant le dernier soupir et, dès lors, il demeura convaincu que l’âme de l’Égyptien avait franchi, en même temps que celle de son maître, le seuil du paradis. Cette distinction suprême n’était-elle pas celle qu’eût désirée celui qui avait si fidèlement pratiqué, durant sa longue vie, ces trois vertus fondamentales   ; la foi, l’espérance et la charité   ?
    Les serviteurs de Balthasar avaient abandonné leur maître, mais lorsque tout fut fini, les deux Galiléens reportèrent le vieillard à la ville, dans sa litière. C’était un mélancolique cortège, que celui qui pénétra dans le palais des Hur, par la porte du sud, au coucher du soleil, en ce jour mémorable. À la même heure on descendait de la croix le corps du Christ.
    La dépouille mortelle de Balthasar fut portée dans la grande salle du palais. Tous les serviteurs de la maison accoururent, en pleurant, car il possédait l’amour de tous ceux qui s’étaient trouvés en contact avec lui   ; mais lorsqu’ils virent son visage, et son sourire, ils séchèrent leurs larmes et s’écrièrent   : « Tout est bien   ! Il est plus heureux ce soir qu’il ne l’était ce matin en s’en allant. »
    Ben-Hur, qui n’aurait pas voulu charger un domestique d’apprendre à Iras la mort de son père, s’en alla la chercher, afin de l’amener lui-même auprès de son
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