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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur
Autoren: Lewis Wallace
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Je veux qu’en mourant il voie que le saint édifice n’a pas souffert à cause de lui.
    Ils prirent la croix et la portèrent à l’endroit où elle devait être dressée, puis ils la plantèrent dans le trou préparé, et le corps du Nazaréen s’affaissa lourdement, retenu seulement par ses mains ensanglantées   ; toutefois aucun cri ne s’échappa de sa bouche, mais seulement cette exclamation, la plus divine de toutes celles qui frappèrent jamais les oreilles humaines   : « Père, pardonne-leur, ils ne savent ce qu’ils font. »
    La croix s’élevait maintenant au-dessus de tous les autres objets visibles, elle se détachait nettement sur le ciel   ; un cri de joie la salua, et tous ceux qui pouvaient discerner les paroles écrites sur l’écriteau, placé au-dessus de la tête du Nazaréen, se hâtaient de les déchiffrer. Aussitôt que quelques-uns eurent lu l’inscription, ils la communiquèrent autour d’eux et bientôt l’air retentit des cris mille fois répétés de   : « Roi des Juifs   ! Salut, Roi des Juifs   ! »
    Le pontife, qui comprenait mieux qu’eux la portée de cette inscription, essaya de protester contre elle, mais sans succès, et celui qui considérait de ses yeux mourants la cité de ses pères étendue à ses pieds, cette cité qui l’avait si ignominieusement rejeté, conserva jusqu’au bout son titre, affiché aux yeux de la foule.
    Le soleil approchait rapidement du zénith, les pentes arides des collines brillaient sous ses rayons, et les montagnes plus éloignées se paraient joyeusement de teintes violettes. Dans la cité, le temple, les palais, les tours et tous les objets proéminents, semblaient se hausser encore dans cette clarté sans rivale, comme s’ils devinaient combien étaient fiers d’eux tous ceux qui, du haut de la colline, tournaient leurs regards de leur côté. Tout à coup, le ciel et la terre s’obscurcirent, faiblement d’abord, comme si le jour baissait imperceptiblement, ou comme si le crépuscule, se trompant d’heure, le soir succédait au plein midi. L’obscurité allait croissant, et bientôt l’attention générale se porta sur elle. Les cris et les rires cessèrent et tous ces hommes, doutant encore de leurs sens, se regardèrent les uns les autres avec étonnement, après quoi ils jetèrent les yeux sur le soleil, sur les montagnes, qui disparaissaient dans le lointain, sur le ciel et le paysage immédiat qui se couvraient d’ombre, et sur la colline même où la tragédie se passait, puis ils se regardèrent de nouveau, pâlirent et gardèrent le silence.
    – Ce n’est qu’un brouillard ou un nuage qui passe, dit Simonide pour calmer les alarmes d’Esther, le ciel va s’éclaircir.
    Mais Ben-Hur ne pensait pas de même.
    – Ce n’est point un brouillard ou un nuage, dit-il. Les esprits qui habitent dans les airs, les Saints et les prophètes sont à l’œuvre dans une pensée de miséricorde envers eux-mêmes et envers la nature. Je te dis, ô Simonide, aussi vrai que Dieu vit, celui qui est sur la croix est le Fils de Dieu.
    Et laissant Simonide dans l’étonnement, il s’approcha de Balthasar, toujours agenouillé à quelques pas de là, puis posa une de ses mains sur l’épaule du vieillard.
    – Ô sage Égyptien, écoute-moi   ! Toi seul avais raison, le Nazaréen est véritablement le Fils de Dieu.
    Balthasar l’attira vers lui et lui dit d’une voix faible   :
    – Je l’avais vu petit enfant, dans la crèche où on l’avait déposé   ; il n’est pas étonnant que je l’aie reconnu avant toi, pourquoi donc ai-je vécu assez longtemps pour voir ce jour   ! Que ne suis-je mort avec mes frères   ! Heureux Melchior   ! Heureux, heureux Gaspard   !
    – Console-toi   ! dit Ben-Hur. Sans doute qu’eux aussi sont ici maintenant.
    L’obscurité s’était changée en de profondes ténèbres, mais cela ne détournait pas de leur occupation ceux qui se trouvaient au sommet de la butte. Les deux brigands furent cloués sur leurs croix, et celles-ci plantées en terre. Les gardes se retirèrent et le peuple se précipita dans l’espace demeuré libre jusqu’alors, et s’y répandit comme une vague immense. Tous ces hommes se poussaient et se disputaient les premières places, sans cesser d’adresser des ricanements, des injures et des outrages au Nazaréen.
    – Ah   ! ah   ! Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même, vociférait un soldat.
    – En vérité, disait un prêtre,
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