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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II
Autoren: Charles Dickens
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moyens
bornés, sa charité était grande, et, dans la distribution qu'il
faisait parmi eux de ses aumônes, il ne considérait que leurs
besoins, sans distinction de secte ou de symbole religieux. Il y a,
dans les hauts parages de la société, bien des esprits supérieurs
qui pourraient apprendre à cet égard quelque chose, même de ce
pauvre cerveau fêlé de lord qui est mort à Newgate.
    Jusqu'au dernier moment, le brave John Grueby
ne déserta pas son service. Il n'y avait pas vingt-quatre heures
que son maître était à la Tour, qu'il vint près de lui pour ne plus
le quitter jusqu'à la mort.
    Lord Gordon eut encore des soins constants et
dévoués dans la personne d'une jeune fille juive d'une grande
beauté, elle s'était attachée à lui par un sentiment demi religieux
et demi romanesque, mais dont le caractère vertueux et désintéressé
parait avoir défié le soupçon des censeurs les plus téméraires.
    Gashford, naturellement, l'avait abandonné. Il
subsista quelque temps du trafic qu'il fit des secrets de son
maître, mais tout a un terme, et, quand il eut épuisé son fonds,
son commerce ne pouvant plus lui rapporter rien, il se procura un
emploi dans le corps honorable des espions et des mouchards au
service du gouvernement. En cette qualité, comme tous les
misérables de son espèce, il traîna sa honteuse et pénible
existence, tantôt à l'étranger, tantôt en Angleterre, et endura
longtemps toutes les misères d'un pareil poste. Il y a dix ou douze
ans… tout au plus… un vieillard maigre et hâve, maladif et réduit
au dernier état de gueuserie, fut trouvé mort dans son lit, je ne
sais dans quel cabaret borgne du Bourg, où il était tout à fait
inconnu. Il avait pris du poison. On ne put avoir aucun
renseignement sur son nom : on découvrit seulement, d'après
certaines notes du carnet qu'il portait dans sa poche, qu'il avait
été secrétaire de lord Georges Gordon, à l'époque des fameuses
émeutes…
    Bien des mois après le rétablissement de
l'ordre et de la paix, quand on n'en parlait déjà plus dans la
ville ; qu'on ne disait plus, par exemple, que chaque officier
militaire entretenu aux frais de Londres pendant les derniers
troubles avait coûté pour la table et le logement quatre livres
sterling quatre shillings par jour, et chaque simple soldat deux
shillings, deux pence et un demi penny ; bien des mois après
qu'on avait oublié même ces détails intéressants et que tous les
Bouledogues-Unis avaient été jusqu'au dernier, ou tués, ou
emprisonnés ou transportés, M. Simon Tappertit, ayant été
transféré de l'hôpital à la prison, et de là devant la Cour, fut
renvoyé gracié, avec deux jambes de bois. Dépouillé des membres qui
faisaient sa grâce et son orgueil, et déchu de sa haute fortune
pour tomber dans la condition la plus humble et la plus profonde
misère, il se décida à retourner boiteux chez son ancien maître,
pour lui demander quelque soulagement. Grâce aux bons conseils et à
l'aide du serrurier, il s'établit décrotteur et ouvrit boutique en
cette qualité sous une arcade voisine des Horse-Guards. Comme c'est
un quartier central, il eut bientôt une nombreuse clientèle, et,
les jours de lever du roi, il est prouvé qu'il a eu jusqu'à vingt
officiers, à demi-solde qui faisaient queue pour se faire cirer
leurs bottes. Son commerce reçut même une telle extension que, dans
le cours des temps, il entretint jusqu'à deux apprentis, sans
compter qu'il prit pour femme la veuve d'un chiffonnier éminent,
ci-devant à Milbank.
    Il vécut avec cette dame (qui l'assistait dans
son négoce) sur le pied de la plus douce félicité domestique,
entaillée seulement de quelques uns de ces petits orages passagers
qui ne servent qu'à éclaircir l'atmosphère des ménages et à en
égayer l'horizon. Il arriva quelquefois, par exemple, dans ces
bouffées de mauvais temps, que M. Tappertit, jaloux du
maintien de ses prérogatives, s'oublia jusqu'à corriger la dame à
coups de brosse, de bottes et de souliers ; pendant que sa
ménagère (mais il faut lui rendre la justice que c'était seulement
dans des cas extrêmes) se vengeait en lui emportant ses jambes et
en le laissant exposé dans la rue aux huées des petits polissons,
qui ne prennent jamais tant de plaisir qu'à mal faire.
    Mlle Miggs, déçue dans tous ses rêves
d'établissement matrimonial ou autres, par la faute d'un monde
ingrat, qui ne méritait pas ses regrets, tourna à l'aigre
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