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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II
Autoren: Charles Dickens
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aperçu de la disparition de sir John et qu'on se fût mis à sa
recherche, son adversaire avait déjà quitté la Grande-Bretagne. Il
alla tout droit à un établissement religieux, renommé en Europe
pour la rigueur et la sévérité de sa discipline et pour la
pénitence inflexible que sa règle imposait à ceux qui venaient y
chercher un refuge contre le monde : c'est là qu'il fit les
vœux qui, à partir de ce moment, l'enlevèrent à ses parents et ses
amis, et qu'après quelques années de remords il fut enterré dans
les sombres cloîtres du couvent.
    Il se passa deux jours avant qu'on retrouvât
le corps de sir John. Aussitôt qu'on l'eut reconnu et emporté chez
lui, son estimable valet de chambre, fidèle aux principes de son
maître, disparut avec tout l'argent et les objets de prix sur
lesquels il put mettre la main, grâce à quoi il alla quelque part
faire le gentilhomme dans la perfection, pour son propre compte. Il
eut un véritable succès dans cette carrière distinguée, et il
aurait même fini par épouser quelque héritière, sans un malheureux
mandat d'arrêt qui occasionna sa fin prématurée. Il mourut d'une
fièvre contagieuse qui faisait alors de grands ravages, et qu'on
appelait communément le typhus des prisons.
    Lord Georges Gordon, après être resté
emprisonné à la Tour jusqu'au lundi 5 février de l'année suivante,
fut jugé ce jour-là à Westminster pour crime de haute trahison. Il
est vrai qu'après une enquête sérieuse et patiente, il fut déchargé
de cette accusation, faute de pouvoir prouver qu'il eût agité la
population dans des intentions déloyales et illégales. Il y avait
même encore tant de personnes à qui ces troubles n'avaient pas
servi de leçon pour modérer leur faux zèle, qu'on fit, en Écosse,
une souscription pour payer les frais de la défense.
    Pendant les sept années qui suivirent, il se
tint tranquille par comparaison, grâce à l'intercession assidue de
ses amis ; pourtant il trouva encore, de temps en temps,
l'occasion de déployer son fanatisme protestant par quelques
manifestations extravagantes qui réjouirent fort ses ennemis ;
il fut même excommunié en forme par l'archevêque de Canterbury,
pour avoir refusé de comparaître comme témoin, sur la citation
expresse de la Cour ecclésiastique. Dans l'année 1788, il fut
poussé par un nouvel accès de folie à composer et publier un
pamphlet injurieux, écrit en termes très violents contre la reine
de France. Accusé de diffamation, après avoir fait devant la cour
différentes déclarations qui n'étaient pas moins insensées, il fut
condamné, et se sauva en Hollande pour échapper à la peine
prononcée contre lui. Mais, comme les bons bourgmestres d'Amsterdam
n'étaient pas flattés d'accueillir un pareil hôte, ils le
renvoyèrent chez lui en toute hâte. Il arriva à Harwich dans le
mois de juillet, et se dirigea de là à Birmingham, où il fit, en
août, profession publique de la religion juive. Il y figura comme
israélite jusqu'au moment où il fut arrêté et ramené à Londres pour
subir sa peine. En vertu de l'arrêt porté contre lui, il fut, au
mois de décembre, jeté dans la prison de Newgate, où il passa cinq
ans et dix mois, obligé en outre de payer une forte amende, et de
fournir des garanties sérieuses de bonne conduite à l'avenir.
    Après avoir adressé, au milieu de l'été de
l'année suivante un appel à la commisération de l'Assemblée
nationale en France, appel auquel le ministre anglais refusa sa
sanction, il s'arrangea pour subir jusqu'au bout la punition qui
lui était infligée ; il laissa croître sa barbe jusqu'à sa
ceinture, et se conformant sous tous les rapports aux cérémonies de
sa nouvelle religion, il s'appliqua à l'étude de l'histoire, et,
par occasion, à l'art de la peinture, pour lequel, dans sa
jeunesse, il avait montré des dispositions. Abandonné par ses
anciens amis et traité, à tous égards, en prison, comme le plus
grand criminel, il y demeura gai et résigné, jusqu'au
1 er novembre 1793, époque où il mourut dans son
cachot : il n'avait que trente-quatre ans.
    Il y a bien des gens qui ont fait dans le
monde plus brillante figure et qui ont laissé une renommée plus
éclatante, sans avoir jamais témoigné autant de sympathie pour les
malheureux et les nécessiteux. Il ne manqua pas de pleureurs à ses
funérailles. Les prisonniers déplorèrent sa perte et
l'accompagnèrent de leurs regrets : car, avec des
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