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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II
Autoren: Charles Dickens
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une botte désespérée qui l'aurait
couché sans vie sur le gazon, s'il n'avait pas opposé à sa fureur
une parade vive et sûre.
    En frappant sir John, Haredale avait comme
épuisé sa rage, il se contentait maintenant de parer ses passes
rapides sans riposter, et lui conseillait, avec une espèce de
terreur frénétique peinte sur son visage, de ne pas avancer un pas
de plus.
    « Pas ce soir, pas ce soir,
criait-il ; au nom du ciel, pas ce soir ! »
    En le voyant abaisser son arme, décidé à ne
point riposter encore, sir John abaissa aussi la sienne.
    « Pas ce soir ! lui cria encore son
adversaire ; profitez de mon avis.
    – Vous venez de me dire (il faut que ce
soit dans un moment d'inspiration), répliqua sir John d'un ton
dégagé, quoique à présent il eût jeté le masque pour lui montrer sa
haine en face, vous venez de me dire que c'était la dernière fois.
Vous pouvez en être sûr. Est ce que vous pensiez, par hasard, que
j'avais oublié notre dernière entrevue ? Vous imaginez-vous
que je ne me souvienne pas de chacune de vos paroles, de chacun de
vos regards, pour vous en demander compte ? Qui de nous deux,
pensez-vous, a choisi son moment ? est-ce vous, est-ce
moi ? Voyez un peu l'honnête homme avec son jargon de probité,
qui, après avoir contracté avec moi un engagement pour prévenir une
union qu'il faisait semblant de ne pas trouver à son goût,
engagement tenu par moi fidèlement et à la lettre, le viole de son
côté, et saisit l'occasion de bâcler le mariage, pour se
débarrasser d'un fardeau qui lui pesait sur les bras, et jeter sur
sa maison un lustre mal acquis !
    – J'ai agi, cria M. Haredale, avec
honneur et de bonne foi. J'agis de même encore maintenant, en vous
avertissant de ne pas me forcer à recommencer ce duel avec vous ce
soir.
    – Vous parliez tout à l'heure de mon
« malheureux fils, » je crois, dit sir John avec un
sourire. Le pauvre sot ! s'être laissé duper par un pareil
tartufe, enlacer dans leurs filets par un pareil oncle et par une
pareille nièce ! vous avez bien raison de le plaindre. Mais ce
n'est plus mon fils : je vous fais mon compliment, monsieur,
de la belle prise que vous avez faite là ; elle fait honneur à
votre ruse.
    – Encore une fois, lui cria son ennemi
frappant du pied dans un transport de rage, quoique vous soyez
capable de me faire renier mon bon ange, je vous conjure de ne pas
venir ce soir au bout de mon épée. Oh ! quel malheur que vous
soyez venu ici ! Pourquoi nous sommes-nous rencontrés ?
Demain nous étions séparés pour toujours.
    – Puisque c'est comme ça, reprit sir John
sans la moindre émotion, c'est fort heureux que nous nous soyons
rencontrés ce soir. Haredale, je vous ai toujours méprisé, vous
savez, mais pourtant je vous croyais capable d'une espèce de
courage brutal. Pour l'honneur de mon jugement, dans lequel j'ai
toujours eu confiance, je suis fâché de voir que vous n'êtes qu'un
lâche. »
    Après cela, pas un mot ne fut échangé des deux
parts. Ils croisèrent le fer, malgré les ténèbres, et s'attaquèrent
l'un l'autre avec acharnement. Ils étaient bien assortis :
chacun d'eux était une fine lame.
    Au bout de quelques secondes, ils devinrent
plus animés et plus furieux, ils se serrèrent de plus près,
portèrent et reçurent des blessures légères. Ce fut immédiatement
après en avoir attrapé une au bras que maître Haredale, sentant
ruisseler son sang tout chaud, fit une attaque plus vive, et
plongea son épée jusqu'à la garde à travers le corps de son
adversaire.
    Leurs yeux se rencontrèrent tout près l'un de
l'autre, quand il retira son arme fumante. Haredale passa le bras
autour du mourant, qui le repoussa faiblement et tomba sur l'herbe.
Là, se soulevant sur ses mains, sir John le contempla un instant
avec des yeux de haine et de mépris ; mais il parut se
rappeler, même alors, que cette expression enlaidirait ses traits
après sa mort : il essaya donc de sourire, et, remuant sa
droite défaillante, comme pour cacher dans son gilet son linge
ensanglanté, il retomba en arrière ; il était mort… c'était là
le Fantôme de la nuit passée.

Chapitre 40
     
    Donnons un coup d'œil d'adieu à chacun des
acteurs de cette petite histoire que nous n'avons pas encore
congédiés dans le cours des événements, et nous aurons fini.
    Maître Haredale s'enfuit cette nuit-là même.
Avant qu'on eût pu commencer les poursuites, avant même qu'on se
fût
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