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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant
Autoren: Michel David
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suis montée une minute dans ma chambre pour aller me chercher un mouchoir, répondit Bernadette, la voix haletante. Et quand j’ai ouvert la porte, trois chauves-souris se sont jetées dans mes cheveux. Je pensais devenir folle…
    — Où est-ce qu’elles sont passées ? s’enquit sa mère.
    — Je le sais pas, m’man. Ça vole, ces cochonneries-là.
    — Comment ça se fait qu’elles sont entrées dans la maison ? Est-ce que ce serait pas parce que t’as encore laissé ta fenêtre de chambre ouverte ? fit Marie, mécontente.
    — Elles peuvent être entrées par n’importe où, se défendit la jeune femme en retrouvant progressivement son calme.
    — Bien oui ! C’est bien connu que les chauves-souris passent au travers des murs, fit sa mère, sarcastique. Là ! Tu vas laisser faire les confitures, prendre un balai et les retrouver dans la maison. Tu vas t’organiser pour les faire sortir. Il est pas question qu’elles restent là.
    — Est-ce que quelqu’un pourrait m’aider ? demanda la jeune femme, l’air misérable. J’ai peur de ça, avoua-t-elle.
    — Je vais voir si Ernest peut venir te donner un coup de main, mais j’ai pas engagé le garçon d’Elzéar Gingras pour qu’il perde son temps à chasser les chauves-souris, prit la peine de spécifier sa mère avant de sortir de la maison et de se diriger vers la remise où son fils Donat et son employé travaillaient à réparer l’essieu de la voiture à foin. J’ai besoin d’Ernest une couple de minutes, annonça-t-elle à son fils aîné en pénétrant dans la remise.
    — Vous tombez mal, m’man, fit le jeune cultivateur trapu au visage taillé à coups de serpe. On n’est pas trop de deux pour réparer cette maudite waggine-là.
    — Ça peut pas attendre, déclara sa mère d’une voix sans appel en faisant signe au maigre adolescent au visage plein de tics de la suivre. Ta sœur a laissé entrer des chauves-souris dans la maison. J’attendrai pas qu’elles me fassent des dégâts partout.
    Donat, résigné, poussa un soupir d’exaspération et fit signe à Ernest d’y aller.
    Tout le problème résidait en ce que la ferme appartenait à sa mère alors qu’il était celui qui l’exploitait. Comme ne cessait de le lui répéter chaque jour sa femme Eugénie, il fallait absolument que sa mère se donne à lui. S’il parvenait à la convaincre, tout serait clair. Il serait l’unique maître des lieux et, en échange, il prendrait soin d’elle jusqu’à la fin de ses jours. Tant et aussi longtemps que la situation demeurerait inchangée, sa mère dirigerait tout sur l’une des plus belles terres de Saint-Bernard-Abbé et il ne serait qu’un employé non rétribué. Il ne voulait pas harceler sa mère et il savait, au fond, que la démarche n’aurait des chances d’aboutir que le jour où sa sœur Bernadette et son jeune frère Hubert seraient mariés. Cependant, il acceptait de plus en plus mal son statut, lui, un marguillier, le président de la commission scolaire et l’un des organisateurs du parti conservateur dans la région.
    — Prends un bout de planche, commanda-t-il à Ernest au moment où l’adolescent s’apprêtait à suivre Marie Beauchemin. Les chauves-souris vont se tenir au plafond et tu vas en avoir besoin pour les faire descendre de là.
    Ernest entra dans la cuisine d’été sur les talons de sa patronne.
    — Va rejoindre Bedette dans le haut côté, lui ordonna celle-ci, et fermez bien la porte et la fenêtre de chaque pièce après l’avoir fouillée. Moi, je dois m’occuper des confitures sur le poêle, il manquerait plus qu’on les laisse brûler. Il sera pas dit qu’on va avoir passé la journée à ramasser et à équeuter des fraises pour rien.
    Bernadette, rassurée par la présence de l’adolescent, monta à l’étage en sa compagnie. Ils firent le tour des quatre chambres à coucher sans trouver la moindre trace des chauves-souris. Ils descendirent au rez-de-chaussée en examinant soigneusement la cage d’escalier.
    — En tout cas, elles peuvent pas être dans la chambre de ma mère. La porte était fermée, dit Bernadette. Elles peuvent juste être dans le salon ou dans la cuisine d’hiver.
    La chance finit par leur sourire. En pénétrant dans le salon, ils découvrirent les chauves-souris suspendues dans une encoignure du plafond, la tête en bas, immobiles, comme si elles s’étaient endormies.
    — Les v’là ! déclara Ernest, content de voir enfin
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