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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant
Autoren: Michel David
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remarquer.
    — Qu’est-ce qu’il y a ? lui demanda-t-il, intrigué.
    — Je sais pas si c’est une si bonne idée que ça d’aller montrer la petite à soir chez ma mère, répondit-elle dans un souffle.
    — Pourquoi pas ?
    — On aurait peut-être pu donner à ma mère et à mon frère le temps de s’habituer à l’idée, avança-t-elle d’une voix incertaine.
    — Ils ont pas à s’habituer, déclara-t-il d’une voix soudain plus dure. Constance, c’est notre fille, et ils ont rien à dire.
    Antonin rangea les linges qui avaient servi à essuyer la vaisselle et s’esquiva quand Xavier refusa son offre d’atteler Prince.
    — C’est à côté, on peut bien y aller à pied, dit-il en prenant Constance dans ses bras.
    Sa femme jeta un rapide coup d’œil à l’ordonnance de son chignon avant de le suivre avec une évidente réticence. Le couple marcha quelques arpents sur l’étroite route en terre. Après avoir dépassé le rideau d’arbres qui séparait les deux fermes, ils aperçurent la petite maison blanche de Laura Benoît, faisant face à la rivière qui coulait de l’autre côté du chemin. Cyprien Benoît et sa femme étaient assis sur la galerie aux côtés de Laura, occupée à tricoter, quand Xavier et sa femme entrèrent dans la cour.
    Si Xavier avait voulu faire une surprise aux Benoît, il pouvait se vanter d’avoir réussi au-delà de toute espérance. Dès que la maîtresse des lieux aperçut sa fille tenant un enfant dans ses bras, elle quitta précipitamment sa chaise berçante et descendit les trois marches de la galerie.
    — Bonsoir, m’man, la salua Catherine en s’avançant pour l’embrasser sur une joue.
    Xavier l’imita. Sa belle-mère se laissa embrasser. Elle semblait avoir perdu momentanément l’usage de la parole.
    — D’où est-ce qu’elle sort, cette enfant-là ? finit-elle par demander d’une voix étranglée après un long silence.
    — C’est Constance, notre fille, répondit son gendre sans la moindre hésitation.
    — C’est pas…
    — Oui, m’man, reconnut sa fille d’une toute petite voix. Xavier a décidé qu’on devait l’adopter.
    — Mais qu’est-ce que le monde va dire ? demanda Laura.
    — Le monde dira ce qu’il voudra, déclara sèchement Xavier. La petite, c’est notre fille, et ils sont mieux de s’y habituer, ajouta-t-il, l’air menaçant.
    À ce moment-là, Laura Benoît se rendit compte que Constance lui souriait et elle ne put s’empêcher de la prendre dans ses bras.
    — Mes pauvres enfants, j’espère que vous le regretterez pas, ne put-elle s’empêcher de dire en serrant l’enfant contre elle.
    Cyprien et sa femme n’avaient pas esquissé le moindre geste pour se rapprocher des visiteurs. Xavier nota le fait et ne s’en étonna pas. Il existait une antipathie naturelle entre lui et le couple qui avait tout fait pour chasser Catherine de Saint-Bernard-Abbé.
    Les visiteurs, debout au milieu de la cour de la ferme, parlèrent durant quelques minutes avec la mère de Catherine.
    — Venez donc vous asseoir sur la galerie, les invita Laura.
    — Ce sera pour une autre fois, madame Benoît, refusa Xavier. Là, je pense qu’il est temps d’aller coucher la petite. En plus, le voyage nous a pas mal fatigués. On va se coucher de bonne heure.
    Sur ces mots, le jeune couple et l’enfant quittèrent les lieux.
    Après leur sortie de la cour de la ferme, Laura retourna sur la galerie, mécontente de l’accueil que son fils et sa bru avaient réservé aux nouveaux mariés.
    Cyprien, un jeune cultivateur de vingt-six ans, semblait dépourvu de cou tant il était massif. Il avait en commun avec sa femme Marie-Rose, une petite noiraude, un air naturellement malcommode.
    — Vous auriez pu venir leur parler, leur reprocha la maîtresse de maison. Toi, Cyprien, c’est ta sœur.
    — Vous êtes pas obligée de me le rappeler, m’man, répliqua le jeune homme d’une voix cassante. Elle a jamais arrêté de nous faire honte dans la paroisse.
    — Et c’est à qui cette enfant-là ? demanda Marie-Rose à sa belle-mère.
    — Une petite fille qu’ils ont adoptée à Montréal.
    — J’espère que c’est pas la petite bâtarde qu’elle a eue ? fit Cyprien, hors de lui.
    — Ça, c’est pas de tes affaires, Cyprien Benoît, le rembarra sèchement sa mère. Puis, avise-toi pas de dire une affaire comme ça devant ton beau-frère parce que j’ai bien l’impression que tu vas le
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