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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant
Autoren: Michel David
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de la table pour parler à sa nièce par alliance.
    — Comme tu vas l’apprendre ben vite, ils ont retrouvé le notaire Valiquette.
    — Quand ça ?
    — Il y a deux semaines.
    — Qui l’a trouvé ?
    — La police de Québec.
    — Comment ça se fait qu’ils nous ont pas prévenus ?
    — On n’est pas absolument sûr que ce soit lui, mais dans le journal ils écrivent qu’on a découvert le corps d’un homme mort dans un fossé pas loin de Québec. Apparemment, il y était resté un bon bout de temps et il était méconnaissable. On lui avait volé tous ses bagages et tous ses papiers. Après avoir cherché qui il était pendant plusieurs jours sans résultat, ils ont fini par l’enterrer dans une fosse commune. Ça fait que je pourrai plus te payer ma pension. Je vais partir demain matin, conclut-il, la voix enrouée, en se levant.
    — Attendez, mon oncle, lui ordonna-t-elle, il y a pas le feu. Je vais d’abord en parler à Liam.
    Ce soir-là, la jeune mère demanda à son mari de venir faire une courte promenade avec elle sur la route, après le souper. Liam commença par refuser, alléguant la fatigue d’une dure journée de travail.
    — Il faut qu’on se parle, déclara-t-elle sur un tel ton qu’il devina que c’était important.
    — Envoye, qu’on en finisse au plus sacrant, calvaire ! jura-t-il en rangeant sa pipe après l’avoir vidée sur le talon de l’une de ses chaussures.
    — Ton oncle m’a parlé à midi, fit-elle.
    — Puis ?
    — Il m’a dit qu’il avait perdu tout son argent avec la mort de Valiquette. Il a plus une cenne. Il lui reste plus rien.
    — C’est ben de valeur pour lui, laissa tomber Liam sans manifester la moindre trace de commisération. Je suppose que ça doit faire ton affaire, ajouta-t-il. Tu lui as toujours reproché de jamais rien donner aux enfants et de se conduire comme un roi à qui tout était dû ici dedans.
    — C’est vrai, reconnut-elle en faisant demi-tour avant d’arriver chez Donat et Eugénie. En plus, j’ai jamais aimé avoir à me battre pour lui arracher sa pension chaque semaine.
    — Bon, si je comprends ben, tu veux que je le mette dehors tout de suite parce qu’il aura pas une cenne pour payer sa pension.
    — Non, pantoute. T’es le maître chez nous, mais je trouverais pas ça chrétien de jeter sur le chemin un homme de cet âge-là. Qu’est-ce que tu dirais si on le gardait avec nous autres pour rien ? Mais il faudrait lui dire qu’il devra donner un coup de main dans la mesure de ce qu’il est capable de faire, par exemple. Qu’est-ce que t’en penses ?
    Liam prit le temps de réfléchir avant de répondre à sa femme.
    — Je te trouve trop bonne, après tout ce qu’il t’a fait endurer depuis un an et demi, lui fit-il remarquer.
    — Tout a bien changé maintenant qu’il a plus une cenne, précisa-t-elle. Là, on n’entendra plus parler d’héritage.
    — Ouais, et c’est ben de valeur, fit Liam en entrant dans leur cour. Je vais lui parler pas plus tard que tout à l’heure, promit-il.
    À la fin de la soirée, Liam révéla à sa femme que son oncle s’était montré extrêmement reconnaissant de leur générosité et avait promis d’aider sur la ferme autant qu’il le pourrait. En se mettant au lit, les époux étaient satisfaits de leur décision et s’endormirent la conscience tranquille.
    Le lendemain matin, le retraité fit preuve de bonne volonté en se levant à la même heure que tous les habitants de la maison. Il participa au train et au nettoyage de l’étable. Bref, ce fut le début d’une transformation complète du comportement de celui qui se désignait auparavant comme un simple pensionnaire pompeux et fainéant.

    Cette année-là, la procession de la Fête-Dieu eut lieu dans le rang Sainte-Ursule et le reposoir fut installé chez les Ellis, pour la plus grande fierté de Bridget qui fit des prodiges avec des bouquets de lilas et de pivoines. Les marguilliers n’avaient eu aucun mal à persuader le curé Fleurant de ne pas descendre la côte abrupte. Une douce température transforma cette manifestation de piété annuelle en une promenade agréable ce dimanche-là, après la grand-messe.
    Chez les Beauchemin, on préparait maintenant fiévreusement le mariage de Bernadette qui allait avoir lieu le samedi suivant. Pour sa part, Constant avait effectué un grand ménage dans sa maison avec l’aide de son employé et il avait été décidé que le jeune couple
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