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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant
Autoren: Michel David
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ça.

    Les derniers jours du mois apportaient avec eux les belles journées de la saison. La classe de Bernadette s’était vidée de moitié, comme chaque année à cette période, parce que les parents avaient besoin de l’aide de leurs enfants. L’institutrice, malgré la fatigue accumulée par une année d’enseignement et surtout par l’obligation de compléter rapidement son trousseau, éprouvait une certaine nostalgie à la pensée qu’elle ne reviendrait plus jamais enseigner dans sa petite école située sur le bord de la rivière. Dans quelques semaines, elle allait être mariée.
    Les examens étaient maintenant terminés. Ann Connolly avait obtenu des notes remarquables, pour la plus grande fierté de Camille. En remerciement pour tout le soutien que sa jeune sœur lui avait apporté durant l’année scolaire, Camille faisait en sorte que son aînée continue à fréquenter l’école pour l’aider à s’occuper des plus jeunes élèves qui allaient demeurer en classe jusqu’à la troisième semaine de juin.
    Il n’en restait pas moins que Camille avait conscience qu’un autre combat l’attendait, celui de persuader Liam de laisser son aînée fréquenter le couvent l’année suivante. Pour le moment, elle bénissait le ciel de pouvoir compter bientôt sur l’aide de l’adolescente pour s’occuper de ses frères et de sa sœur.

    Le lundi après-midi suivant, les habitués du magasin général entouraient Paddy Connolly en train de commenter la nouvelle indiquant qu’on venait d’inaugurer le collège de Trois-Rivières et une nouvelle église à Nicolet. Durant les minutes précédentes, les hommes présents sur la large galerie du magasin ne s’étaient pas gênés pour s’en prendre aux unions ouvrières, qui venaient d’être légalisées. Ils n’en revenaient pas qu’elles osent revendiquer des journées de neuf heures de travail pour les syndiqués.
    — C’est encourager la paresse, avait conclu un nommé Lefebvre.
    Plus d’un sursauta en apercevant Tancrède Bélanger immobiliser son boghei dans la cour commune que se partageaient Évariste Bourgeois et Télesphore Dionne. C’était la première fois que le gros homme remettait les pieds à Saint-Bernard-Abbé depuis son établissement chez son fils à Saint-Zéphirin.
    L’homme âgé descendit péniblement de sa voiture et s’approcha de la galerie en soulevant sa casquette pour essuyer la sueur de son front avec un large mouchoir. Poliment, on lui demanda des nouvelles de sa santé et de celle de sa femme, même si le couple ne comptait guère d’amis dans la paroisse.
    — Dites donc, finit par dire l’ancien habitant de Saint-Bernard, est-ce qu’il y a quelqu’un parmi vous autres qui a vu le notaire Valiquette ? J’essaye de lui mettre la main dessus depuis presque une semaine. Il est jamais chez lui.
    Les gens se regardèrent et tous hochèrent la tête en signe d’ignorance.
    — C’est vrai que ça fait un maudit bout de temps qu’on l’a vu, déclara Hormidas Meilleur. Je peux même dire qu’il a trois lettres dans sa boîte. Il y en a une, en tout cas, que j’ai mise là il y a plus de deux semaines. J’ai dans l’idée qu’il est parti à Trois-Rivières ou à Montréal depuis une couple de semaines au moins.
    — C’est drôle pareil, cette affaire-là, intervint Télesphore Dionne. Il vit tout seul. Avez-vous pensé à demander à celui qui prend soin de ses deux vaches et de la maison ? C’est Wilbrod Leclerc qui fait ça depuis qu’il a loué la maison de son neveu.
    — Je vais tout de même aller voir, fit Tancrède en quittant le groupe pour remonter dans son boghei et prendre la direction du rang Saint-Paul.
    Il revint au magasin général une demi-heure plus tard où il retrouva presque les mêmes personnes.
    — J’ai parlé à Leclerc, leur apprit-il, le front barré par un pli d’inquiétude. Il m’a dit que Valiquette lui avait vendu ses deux vaches avant de partir.
    — Et pour la maison ? lui demanda Paddy.
    — Il était pas au courant de rien.
    — C’est pas normal pantoute, ça, fit Samuel Ellis. On devrait peut-être demander à notre maire d’aller jeter un coup d’œil dans la maison. Il est pas jeune pantoute, le bonhomme. On sait jamais, il est peut-être mort en dedans. Il faudrait aller voir.
    Ellis accompagna Bélanger chez Hyland et lui expliqua la situation en quelques mots.
    — T’es le maire, Thomas, lui rappela son ami. C’est à toi
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