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Au bord de la rivière T4 - Constant

Au bord de la rivière T4 - Constant

Titel: Au bord de la rivière T4 - Constant
Autoren: Michel David
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regretter.
    — Mais c’est la bâtarde ! s’exclama Marie-Rose, horrifiée. Ça, c’est le pire ! Tout un scandale ! On n’a pas fini de se faire montrer du doigt dans toute la paroisse.
    Sa belle-mère lui jeta un regard si méprisant que la jeune femme n’osa pas continuer. Cependant, dès qu’elle se retrouva seule avec Cyprien dans leur chambre à coucher, elle ne cessa de dire du mal de sa jeune belle-sœur qui avait eu le culot de ramener à Saint-Bernard-Abbé le fruit de son péché. Sa grogne était motivée en grande partie par le fait qu’elle ne parvenait pas à avoir d’enfant après quatre ans de mariage.
    — En tout cas, le Xavier Beauchemin est un beau sans-génie, déclara-t-elle avant de souffler la lampe. C’est pas demain la veille que le monde de Saint-Bernard va arrêter de rire de lui dans son dos. Aller adopter l’enfant que sa femme a eu avec un autre, il y a de quoi faire rire toute la paroisse.

    Le lendemain matin, Catherine eut du mal à réveiller Xavier quand elle entendit Antonin descendre l’escalier qui menait aux chambres à l’étage.
    — Blasphème ! j’ai jamais aussi mal dormi, se plaignit le jeune marié en passant une main dans son épaisse chevelure noire. J’ai passé la nuit à me réveiller parce que j’avais peur d’écraser la petite en me tournant dans le lit.
    — Moi aussi, je me suis réveillée souvent, lui avoua sa femme en sortant de la pièce derrière lui.
    — Aujourd’hui, Antonin et moi, on va lui faire un lit qu’on va installer dans un coin de la chambre. Je pense que t’as reçu assez de toile en cadeau de noces pour lui coudre une paillasse.
    — Je vais faire ça après le déjeuner, lui promit Catherine en se mettant en devoir d’allumer le poêle.
    À la fin de l’avant-midi, le lit était fabriqué et installé dans la chambre des maîtres. Catherine avait déjà rempli de paille un sac de toile et se chargeait maintenant de confectionner un oreiller avec les plumes des canards abattus les années passées. L’après-midi fut occupé à cueillir les fraises et à les faire cuire.
    — Ça me fait rien, les hommes, déclara Catherine en riant, mais on n’aura pas plus que quatre à cinq pots de confiture.
    — Derrière la grange, on a planté pas mal de plants ce printemps, lui apprit Antonin. Cette année, c’est sûr, ils ont rien produit, mais attends l’année prochaine, tu vas en avoir à plus savoir quoi en faire. Là, cette année, c’étaient des vieux plants qu’on avait plantés dans le jardin.
    Après le souper, Xavier eut à vaincre encore une fois la résistance de Catherine pour la décider à l’accompagner avec la petite chez sa mère, dans le rang Saint-Jean.
    — Constance est notre fille et on va la montrer, déclara-t-il sur un ton sans appel. T’as pas honte d’elle, j’espère ?
    — Non, mais j’ai peur que ta mère fasse une crise en la voyant, lui avoua-t-elle. T’as vu comment on a été reçus par mon frère et sa femme, hier soir ?
    — Eux autres, ils m’empêchent pas de dormir, déclara Xavier sans ambages. Si ma mère a envie de faire une crise, elle la fera, ajouta-t-il, mais ça changera rien. Constance est une Beauchemin à cette heure, qu’elle le veuille ou pas. À part ça, j’y vais pas seulement pour leur montrer notre fille. Je veux savoir qui a été élu aux élections.
    La veille, Saint-Bernard-Abbé avait tenu ses premières élections municipales pour se doter d’un maire et de deux échevins. Le parti des Irlandais avait présenté Thomas Hyland comme candidat à la mairie, ainsi que Samuel Ellis et Eudore Valiquette, prétendants aux postes d’échevins, pour affronter Anatole Blanchette, secondé par Donat Beauchemin et son beau-frère, Rémi Lafond. Xavier était impatient de savoir si le parti de son frère avait remporté cette élection.
    Antonin alla atteler Prince au boghei et remarqua le peu d’entrain de Catherine qui s’apprêtait à monter dans la voiture auprès de son mari.
    — Ça va ben aller, lui chuchota l’adolescent au moment où Xavier mettait le véhicule en marche.
    En cette soirée de juillet, on aurait juré que la nature cherchait à faire oublier aux gens de la région le printemps maussade qu’elle leur avait offert. La voiture longea tout le rang Sainte-Ursule en soulevant un léger nuage de poussière derrière elle. Le hasard voulut que Bridget Ellis aperçoive le jeune couple alors qu’elle était occupée à
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