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Amours, Délices Et Orgues

Amours, Délices Et Orgues

Titel: Amours, Délices Et Orgues
Autoren: Alphonse Allais
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une bonne femme, laquelle semblait bien certaine de ne lui en devoir qu’une.
    – Mais, docteur, je vous assure que vous n’êtes venu qu’une fois chez moi !
    – Parfaitement, répondit le morticole, je suis venu une fois chez vous ; mais quelques jours après, je vous ai donné une consultation dans la rue.
    – Vous appelez ça une consultation ! s’indigna la cliente. Eh bien ! vous avez du toupet ! Vous m’avez demandé comment j’allais… je vous ai répondu que j’étais tout à fait bien… Vous m’avez dit de continuer.
    – Eh bien ! mais, c’est une consultation, cela.
    – Bon ! je vais vous payer vos deux visites, mais dorénavant, quand vous me rencontrerez dans la rue, je vous défends de m’adresser la parole, et même de me saluer. Ça coûte trop cher, votre politesse !
    Un autre exemple de rapacité peu commune chez un médecin de campagne :
    Ce thérapeute avait coutume de se rendre, chaque jour, à un café de la ville, en lequel il faisait sa petite partie avec des messieurs, toujours les mêmes.
    Un de ces derniers, personnage timoré et fort soucieux de son estomac, ne manquait jamais, en commandant son absinthe, de se tourner vers le médecin.
    – Une petite absinthe, docteur, ça ne me fera pas de mal ?
    – Mais non, mais non ; une petite absinthe n’a jamais fait de mal à un honnête homme.
    Quand la partie se prolongeait et que la petite absinthe était ingurgitée, notre homme s’informait encore :
    – Un petit vermout-cassis, docteur, cela n’est pas mauvais, n’est-ce pas ?
    – Prenez-le plutôt avec du curaçao, votre vermout.
    Ou bien, c’était un verre de porto qu’il lui conseillait, ou un quinquina Dubonnet, ou n’importe quoi. Et tous les jours, entre six et sept, reproduction du même dialogue.
    Au bout d’un an, quelle ne fut point la stupeur de notre bonhomme de recevoir une note d’honoraires de son partenaire se montant à un millier de francs ! Comme il n’avait eu, avec le docteur, que des rapports de client à client du même café, il crut bonnement à une erreur matérielle.
    Et comme il cherchait à s’en expliquer, le docteur lui répondit froidement :
    – Mais non, mon cher ami, il n’y a pas la moindre erreur. Chaque fois que vous me demandez si une absinthe ne vous fera pas de mal et que je vous réponds que non, je considère cet avis comme une consultation…
    Le pauvre monsieur paya sa note ; mais, à partir de ce moment, il alla prendre son apéritif dans les cafés où l’on rencontre, de préférence, des charcutiers, d’anciens capitaines au long cours ou des chefs de fanfare, mais pas de médecins !
     
    LE LARD VIVANT
    Le porc, cet utile auxiliaire du charcutier…
    BUFFON.
    Et à cette occasion, laissez-moi vous rappeler une anecdote qu’aimait à conter un vieux mien oncle au temps jadis où, bébé frais et rose, j’encadrais mon front pur d’épaisses boucles brunes.
    Deux individus s’avisèrent une fois d’acheter un cochon en commun.
    Jusqu’à présent, cela va bien.
    Consciencieusement, ils engraissèrent leur porc, lui apportant mille détritus du ménage, du son, et même des pommes de terre.
    Tout le temps que dura cette suralimentation, la meilleure harmonie ne cessa de régner chez les braves co-propriétaires.
    Voici où les choses se gâtèrent.
    Un beau jour, l’un de ces messieurs estima que le porc se trouvait à point et que l’heure avait tinté d’occire l’animal.
    Tel n’était point l’avis de l’autre.
    On résolut d’attendre.
    Quelques jours passèrent et le premier revint à la rescousse.
    – Il est temps de tuer notre cochon.
    – Pas encore ! Je m’y connais : la bête n’est pas au mieux de sa forme. Patientons encore.
    L’homme pressé se gratta la tête et, du ton de celui qui a pris une grande résolution, prononça :
    – Écoute, mon vieux, tu feras ce que tu voudras de ta moitié de porc, mais, moi, je vais tuer la mienne.
    Et il fit comme il avait dit.
    Inutile d’ajouter qu’en tuant sa part de bête, il causa du même coup le trépas de l’autre fraction.
    … Cette histoire m’est revenue en souvenance à la lecture d’une stupéfiante circulaire qu’a bien voulu me communiquer mon ami Émile Gautier, l’habile directeur de la Science Française .
    Il s’agit du lancement d’une affaire, mirifique au dire du prospectus, d’une entreprise de Délardage de Cochons Vivants .
    Le début de la circulaire, que voici
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