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Amours, Délices Et Orgues

Amours, Délices Et Orgues

Titel: Amours, Délices Et Orgues
Autoren: Alphonse Allais
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à revenir tout de suite au tir, porter ses excuses à la petite Charlotte et lui offrir une jolie bague, pour laquelle la petite citoyenne du dix-huitième arrondissement lui sauta au cou et l’embrassa de grand cœur.
     
    SIMPLE CROQUIS
    Le jour des régates.
    Il est neuf heures et la première course est pour dix heures et demie.
    Le commissaire général de la fête, un jeune avocat doublé d’un parfait gentleman, procède au dernier coup d’œil sur l’installation.
    Avec mille recommandations précises et minutieuses, il pose un douanier par-ci, un matelot par-là : « C’est bien entendu, n’est-ce pas, mon ami ? Vous ne laissez pénétrer ici que les cartes roses. » – « Oui, monsieur. »
    Il fait signe à un vieux marin qu’on appelle le père Nul-s’y-Frotte : « Venez avec moi, mon brave ! »
    Le père Nul-s’y-Frotte s’amène de son vieux pas de roulis.
    – Vous vous tiendrez là, mon brave, et vous empêcherez tout le monde, vous entendez bien, tout le monde, sauf ces messieurs de là commission nautique, de passer sur ce quai.
    – Entendu, monsieur !
    – Vous direz aux gens de faire le tour.
    – Entendu.
    À ce moment, une famille s’avance avec la prétention de fouler le quai prohibé.
    – Impossible ! s’écrie le commissaire général des régates. Ce quai est spécialement réservé à ces messieurs de la commission nautique.
    – Mais… puisqu’il n’y a encore personne.
    – Mille regrets, mais nous sommes tenus d’avoir une discipline très stricte. Dura lex, sed lex !
    Dura lex, sed lex ! Devant cette rigide latinité, les bonnes gens ahuris n’insistent pas et font le tour.
    – Vous avez vu, mon brave, comment on s’y prend ?
    – Compris ! Vous pouvez compter sur moi !
    Resté seul, le père Nul-s’y-Frotte s’introduit dans la bouche une bonne chique et cherche une belle attitude, comme au temps où, fringant novice, il assistait au bombardement d’Alger à bord de la frégate l’ Astucieuse .
    Arrivent deux messieurs pressés.
    – On ne passe pas, messieurs !
    – Seulement pour traverser.
    – La consigne est la consigne.
    – Allons donc !
    – C’est comme gai ! Faites le tour !
    Un des messieurs exhibe de sa poche une jolie pièce de vingt sous qu’il fait miroiter aux yeux du vieil homme de mer.
    Ce dernier suppute brièvement que, dame ! vingt sous c’est un paquet de tabac et plusieurs petits verres ; il constate l’absence de tout témoin et, en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, empoche le franc tentateur.
    – Passez vite, messieurs.
    – Merci, mon vieux dur-à-cuire !
    Le père Nul-s’y-Frotte lève les bras dans un geste mou d’auto-excuse et murmure en imitation de la parole du commissaire :
    – Dur-à-cuire… sed cuire !
     
    POÈTE DÉPARTEMENTAL
    – Alors, entendu pour midi, jeudi ?
    – Entendu !
    Cette fin d’entretien se déroulait dimanche dernier aux courses de Trouville, entre mon ami Henri de Fondencomble et celui qui a l’honneur d’écrire ces lignes.
    Après mille avatars divers, ou, plus simplement, après mille avatars, car le propre d’un avatar est précisément d’être divers, après mille avatars, dis-je, mon ami Henri de Fondencomble est, à c’te heure, rédacteur en chef d’un journal estival, l’ Indépendant de Cricquebeuf , organe des intérêts de Cricquebeuf, Pennedepie et Vasouy.
    Comment Fondencomble, que rien ne semblait désigner à la noble profession de publiciste, arriva-t-il d’emblée à d’aussi hautes fonctions dans la presse départementale, je ne m’en souviens plus, bien qu’il me l’ait raconté par le menu. La chose, d’ailleurs, importe peu.
    Je n’eus garde de manquer la gracieuse invitation à déjeuner de mon vieux camarade et, jeudi dernier, vers 11 heures et demie, mon fidèle yacht, l’ Écumoire , faisait son entrée triomphale dans le port de Cricquebeuf.
    Les bureaux de l’ Indépendant sont situés sur le quai Maurice-Bertrand, juste en face le débarcadère des paquebots de Melbourne.
    La pipe aux dents, les yeux luisants de bon accueil, mon ami Henri de Fondencomble m’attendait sur le seuil de l’imprimerie du journal.
    Une petite bonne, jolie comme un cœur, nous servit du porto, et peu après nous avisa que ces messieurs étaient servis.
    Ces messieurs se mirent à table.
    – Célestine, dit Henri, si on vient me demander, tu diras que je n’y suis pas.
    – Bien,
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