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Amours, Délices Et Orgues

Amours, Délices Et Orgues

Titel: Amours, Délices Et Orgues
Autoren: Alphonse Allais
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communication).
    L’excellent abbé Z… (je fausse de plus belle) allait précisément sortir, quand je me présentai à la porte de son presbytère.
    L’abbé Z… (conservons-lui cette désignation fantaisiste) est un de ces dignes ecclésiastiques comme il en fourmille en Provence, chez lesquels le mysticisme s’est mué, comme par enchantement, en ronde jovialité.
    Le brave ecclésiastique fut visiblement satisfait du bon souvenir de l’ami Street.
    Il s’informa comment il allait et si, bientôt, on aurait l’occasion de se revoir et de trinquer ensemble sous la lumineuse et embaumée petite tonnelle.
     
    – Et votre perroquet, monsieur le curé ? Il paraît que vous avez un perroquet qui n’est pas dans une musette ?
    – Dans une musette ! Isidore dans une musette ! Qu’y ferait-il, le pauvre ?
    Isidore ! Le perroquet s’appelait Isidore !
    Tout de suite – lointaine pourtant, mais pernicieuse encore, influence de Grosclaude ! – je pensai à Isidore de Lara, Isidore de l’Ara !
    – Venez, invita l’abbé, venez avec moi.
    Et me faisant traverser son petit jardin, le digne prêtre m’amena jusqu’au perchoir d’Isidore, sis au bord d’un petit chemin qui passe derrière la cure.
    Telle une petite folle, notre volatile s’amusait à imiter les aboiements du chien, ce pendant que sur la route un épagneul de passage s’éperdait à rechercher son congénère ainsi clamant.
    À la fin, Isidore éclata d’un rire interminable ; se sentant bafoué, le pauvre chien se retira lentement.
    Isidore m’aperçut.
    Une évidente méfiance s’indiqua au rond virant de ses petits yeux, un grommellement de mauvais accueil ronchonna du plus creux de sa gorge.
    Allons, Isidore, sois bien gentil avec Monsieur qui vient exprès de Paris t’apporter le bonjour de ton ami Street. ( À moi.) Donnez-lui vos doigts à compter. ( À Isidore .) Compte les doigts de Monsieur.
    Je présentai mes mains larges ouvertes, les doigts écartés.
    Isidore compta :
    – Une, deux, trois, quatre, cinq, sept… M… ! je me trompe !
    Il reprit :
    – Une, deux, trois, quatre, cinq, sept… M… ! je me trompe !
    Et tant que je lui montrai ma main, Isidore ne se rebuta pas :
    – Une, deux, trois, quatre, cinq, sept… M… ! je me trompe.
    Ce fut moi qui me lassai le premier.
    Aussi bien, j’avais fort besoin de mes deux mains pour me tenir les côtes, tant cette petite séance de numération parlée dépassait tout ce qu’on peut rêver de comique !
    Et en-rentrant à Nice, le soir, doucement bercé par la voiture, je me surprenais à murmurer, moi aussi :
    – Une, deux, trois, quatre, cinq, sept… M… ! je me trompe !
     
    LE LION, LE LOUP ET LE CHACAL – FABLIAU BIEN MODERNE
    Il était une fois un Loup qui avait un procès de mur mitoyen avec son voisin le Chacal.
    Toute tentative de conciliation ayant échoué, on résolut de porter le litige devant la cour suprême des animaux, autrement dit le tout-puissant seigneur Lion.
    Le Lion, exact au rendez-vous, battait négligemment de la queue ses flancs redoutables, tout prêt à rendre sentence sous son chêne ordinaire, un chêne d’au moins cinquante louis.
    (Comme tout augmente, hein ! Du temps de Blanche de Castille et de son fils, un simple chêne de cinq louis suffisait amplement aux justiciables.)
    Arrivèrent les plaideurs : le Loup accompagné de son avoué le Renard, le Chacal défendu par une vieille Pie, insupportable raseuse qui, tout de suite, indisposa le seigneur Lion.
    – Assez ! s’écria brusquement ce dernier, ma religion est suffisamment éclairée.
    – Ah ! firent les deux parties anxieuses.
    – Loup, c’est toi qui as raison ! Chacal, ta cause ne tient pas debout ! Loup, je te livre ton adversaire et t’engage à le dévorer dans l’enceinte même de ce sylvestre prétoire.
    Le Loup ne se le fit pas dire deux fois ; en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, du pauvre Chacal ne restaient plus que risibles déchets.
    Discrètement, le Renard et la Pie s’étaient retirés vers leurs cabinets respectifs.
    Quand la curée fut terminée :
    – Mon cher Loup, dit le Lion, tu me feras plaisir en venant ce soir chez moi me remercier de ma sentence.
    – Entendu, Seigneur. À ce soir.
    Le Loup n’eut garde de manquer à sa parole : vers sept heures, sept heures et demie, il pénétrait dans la tanière du magistrat suprême.
    Le Lion, comme en façon de familiarité gentille, lui mit
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