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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier
Autoren: Robert Margerit
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précipitation, on n’en pouvait douter, ne se calmerait pas aisément, et ce n’étaient pas des Fouché, des Tallien, des Barère, des Billaud-Varenne, des Collot d’Herbois, des Elie Lacoste, ni même des Barras, tous médiocres, au fond, qui l’arrêteraient. Le mot de Vergniaud se vérifiait cruellement : Saturne avait dévoré les plus forts de ses fils.

ÉPILOGUE
    Les jours, les décades et les mois qui suivirent confirmèrent toutes ces craintes, et bien au-delà. Dès le 11 thermidor, le robespierrisme fut traqué bien plus implacablement que ne l’avaient été le royalisme et l’aristocratie. Ce jour-là même, soixante-dix membres de la Commune, arrêtés chez eux, furent exécutés comme hors-la-loi. Depuis sa création, le Tribunal révolutionnaire n’avait jamais vu pareille fournée. Le 12, une quinzaine encore de municipaux, saisis dans des cachettes, éternuèrent dans le sac. Coffinhal qui, déguisé en batelier, s’était réfugié dans l’île des Cygnes, fut livré cinq jours plus tard par un de ses anciens obligés et exécuté aussitôt. D’autres Robespierristes se suicidaient : d’abord la « maman Duplay », trouvée pendue dans sa cellule à Sainte-Pélagie, le matin du 11, n’ayant survécu à Robespierre qu’une nuit, puis l’administrateur de police Michel, le graveur des assignats Mauclair, Despréaux, juré au Tribunal révolutionnaire. Il se coupa la gorge en déclarant : « La liberté est perdue, je meurs pour elle. » Tous ceux qui avaient servi, approuvé ou fréquenté le tyran se voyaient frappés. Sempronius Gracchus Vilatte était en prison. David, Jagot, Héron, Herman allèrent le rejoindre, avec Joseph Lebon, le proconsul d’Arras. Éléonore Duplay, Élisabeth Le Bas furent incarcérées.
    Mais la réaction thermidorienne ne poursuivait pas seulement les Robespierristes, elle ne tendait à rien de moins qu’à l’anéantissement du jacobinisme. Le Comité de Sûreté générale avait été épuré. Legendre, Merlin de Thionville, André Dumont y remplaçaient Jagot, David, Lavicomterie. Au Comité de Salut public, siégeaient Tallien, Thuriot, Treilhard. Les deux Comités devaient être renouvelés par quart chaque mois, et les membres sortants ne pouvaient y rentrer qu’après un délai d’un mois. En fructidor, le démantèlement du gouvernement révolutionnaire, malgré toutes sortes d’affirmations hypocrites, était définitivement acquis par la création de seize comités qui se partageaient l’exercice du pouvoir exécutif et de la police. Le Comité de Salut public conservait seulement la Guerre et les Affaires étrangères.
    En même temps que le Comité de Sûreté générale, le Tribunal révolutionnaire avait été purgé, reconstitué, et l’accusateur public arrêté sur motion de Fréron s’écriant : « Tout Paris attend le supplice, justement mérité, de Fouquier-Tinville. Je demande qu’il aille cuver dans les Enfers le sang qu’il a versé ! » Fréron ne pardonnait pas à Fouquier les exécutions de Danton, de Camille Desmoulins, surtout de Lucile. Mais dans la bouche d’un homme responsable, à Marseille et à Toulon, en peu de semaines, de bien plus de morts que Fouquier-Tinville n’en avait demandé nécessairement au Tribunal en seize mois, l’apostrophe ne manquait pas de saveur. Fouquier n’en fut pas moins décrété. Son procès serait instruit selon les règles de la justice. L’abrogation de la loi du 22 prairial, le rétablissement de la procédure criminelle normale, avec toutes les garanties de la défense, étaient une des rares mesures auxquelles Claude se fût empressé de souscrire. Il ne pouvait cependant approuver l’épuration et le développement des commissions populaires de justice, dans lesquelles ne se trouvait plus rien de populaire. Y siégeaient à peu près exclusivement d’anciens Feuillants sinon des royalistes ; elles relâchaient en masse les détenus, de préférence les contre-révolutionnaires. L’une des premières, était sortie de prison la maîtresse de Tallien : la belle Thérésa que les muscadins baptisaient Notre-Dame-de-Thermidor. Babet, elle non plus, n’avait pas tardé à s’envoler de Port-Libre. Elle s’était fait rendre par Barras et Legendre son hôtel de la rue de l’Université où elle rattrapait en fêtes, avec le ménage Tallien, la veuve du général Beauharnais – guillotiné le 5 thermidor – M lle Lange, M lle Contat, maîtresse de
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