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Un caprice de Bonaparte

Un caprice de Bonaparte

Titel: Un caprice de Bonaparte
Autoren: Stefan Zweig
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retirer.)
     
    BONAPARTE.
     
    Non, non, restez ! Votre présence évitera toute intimité éventuelle. Ce n’est pas le moment.
     
    (On introduit.)
     
    BELLILOTTE.
     
    Elle est vêtue avec élégance. Elle s’approche de Fouché, ne remarque Bonaparte, effrayée, qu’ensuite et reste complètement interdite. Fouché s’installe à son bureau et fait semblant de fouiller dans ses papiers d’un air indifférent.

     
    BONAPARTE va à la rencontre de Bellilotte sans lui tendre la main.
     
    Je regrette sincèrement, madame, d’avoir aujourd’hui seulement la possibilité de vous rencontrer. Mais vous devinez sûrement l’effort immense que m’impose la reconstruction de la patrie. Depuis mon retour d’Egypte, tout mon temps a été consacré à cette tâche. J’espère que ce n’est pas autrement que vous avez interprété mon silence !
     
    BELLILOTTE craintive et se défendant :
     
    Mais... comment me serais-je permis... Comment aurais-je osé prétendre disposer de votre temps ?...
     
    BONAPARTE.
     
    J’ai une prière à vous adresser ! ( Silence ) Votre mari devient insupportable. Sa conduite est aussi exaspérante qu’insensée. Il croit me nuire en hurlant dans la rue et en salissant nos anciennes relations. Pour vous, j’ai usé jusqu’ici de ménagements à son égard ! A présent, la coupe est pleine. Au moment où la nation met toute sa confiance en moi, je ne souffrirai pas que par rancune personnelle un individu mette cette confiance en danger. ( Un silence ) J’aimerais donc qu’il apprît que sans accorder la moindre importance aux faits et gestes d’un Fourès, je saurai, en cas de besoin, m’occuper de lui avec énergie. ( Bellilotte baisse la tête sans répondre. ) Et maintenant, voici ma prière : vous imaginerez sans peine qu’il a dû m’en coûter d’interrompre une relation qui m’était chère... et qui me l’est toujours. Mais à cette heure décisive, le pays réclame des sacrifices de chacun... et les plus durs peut-être aupremier de ses citoyens. Tous nous devons vivre aujourd’hui uniquement pour la tâche commune et éviter tout ce qui pourrait lui être préjudiciable. ( Silence .) Ainsi donc, je voudrais vous demander si ce ne serait pas pour vous un trop grand sacrifice que de quitter la France pendant quelque temps ?
     
    BELLILOTTE, doucement  :
     
    Je ferai tout... tout ce que vous exigerez de moi ! ( D’une voix sourde, dans un désespoir passionné ) J’ai toujours fait tout ce qu’on m’a demandé... Dites-moi où il faut que j’aille... Commandez et je pars...
     
    BONAPARTE.
     
    Le citoyen ministre ici présent vous aidera volontiers de ses conseils. Il va sans dire que vous êtes libre de choisir le lieu de votre résidence future. En ce qui me concerne, vous savez que mes soldats vantent toujours ma mémoire. Ils savent bien que même les années ne me font pas oublier celui qui s’est montré courageux ou qui m’a rendu service. Si un jour vous avez besoin de moi pour quoi que ce soit...
     
    BELLILOTTE l’interrompant avec fougue :
     
    Non, jamais... Jamais je ne désirerai rien... non, jamais rien... je vous le jure !
     
    BONAPARTE quelque peu troublé par son douloureux émoi et par sa résignation  :
     
    Je ne voudrais surtout pas que vous croyiez... Il ne faudrait pas penser que... que... ( Il ne trouve pas les mots qui conviennent. Soudain il s’avance vers elle et pose un baiser rapide sur son front ) Adieu, Bellilotte ! ( Il salue Fouché et sort précipitamment .)
    ( Fouché range ses papiers sans se presser .)
     
    BELLILOTTE nerveuse, comme réveillée brusquement :
     
    Alors... où dois-je... qu’exigez-vous de moi... vite, donc, où... où faut-il que je me rende ?
     
    FOUCHÉ, presque avec gentillesse  :
     
    Ça ne presse pas. Nous en parlerons demain. ( Silence .) Ce qui presse, par contre, c’est une autre affaire : vous savez que votre mari a essayé de fomenter des troubles !
     
    BELLILOTTE, sursaute, craintive.
     
    Mon Dieu ! il ne va rien lui arriver, n’est-ce pas ? Tout ce qu’il a dit c’est parce qu’il était en colère... en colère contre moi ! Vous voyez bien, je fais tout ce que l’on me demande. Dites-moi, je vous en prie, assurez-moi... dites-moi qu’on ne lui fera aucun mal... qu’on le laissera tranquille ?
     
    FOUCHÉ.
     
    Personne ne lui avait rien dit. Mais vous avez pu vous-même entendre ses paroles, elles sont de celles que je ne puis tolérer. (
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