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Un bateau pour l'enfer

Un bateau pour l'enfer

Titel: Un bateau pour l'enfer
Autoren: Gilbert Sinoué
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SAINT-LOUIS ÉTAIENT EN BONNE VOIE NOUS AVONS APPRIS QUE VOTRE GOUVERNEMENT CONSIDÉRAIT CES NÉGOCIATIONS CADUQUES – STOP – SACHANT VOTRE SOUHAIT D’ARRIVER SANS DÉLAI À UNE SOLUTION JUSTE ET HUMAINE NOUS N’AVONS ÉPARGNÉ AUCUN EFFORT ICI [À NEW YORK] POUR RÉUNIR LES FONDS NÉCESSAIRES AFIN DE RÉPONDRE AUX DEMANDES DE VOTRE GOUVERNEMENT – STOP – NOUS Y SOMMES PARVENUS CE JOUR ET NOUS VENONS D’AUTORISER LA CHASE NATIONAL BANK À LA HAVANE À VOUS SOUMETTRE LA PROPOSITION SUIVANTE – STOP – NOUS VERSERONS LA CAUTION DE CINQ CENTS DOLLARS POUR CHACUN DES PASSAGERS DU SAINT-LOUIS AFIN DE LEUR PERMETTRE D’ENTRER À CUBA DANS LE RESPECT DES LOIS EN VIGUEUR CE MÊME MONTANT SERA VERSÉ POUR CHACUN DES PASSAGERS DE L’ORDUNA ET DU FLANDRE […] – STOP – LA CHASE BANK A REÇU LE VIREMENT DES FONDS ET ILS SONT À DISPOSITION – STOP – DE SURCRÔIT LE COMITÉ S’ENGAGE À GARANTIR QU’AUCUN DES RÉFUGIÉS NE  DEVIENDRA UNE CHARGE PUBLIQUE POUR LE GOUVERNEMENT CUBAIN – STOP – CONSCIENTS QUE LE SAINT-LOUIS FAIT ACTUELLEMENT ROUTE POUR L’ALLEMAGNE NOUS VOUS SUPPLIONS AVANT QU’IL SOIT TROP TARD DE LES AVERTIR P         AR RADIO QU’ILS POURRONT FAIRE DEMI-TOUR – STOP – NOUS PRIONS RESPECTUEUSEMENT VOTRE EXCELLENCE DE DONNER UNE SUITE IMMÉDIATE ET FAVORABLE À CE QUI PRÉCÈDE
    Le président cubain répondit :
    FAISANT SUITE À VOTRE TÉLÉGRAMME CONCERNANT LES RÉFUGIÉS DU SS SAINT-LOUIS VOUS N’ÊTES PAS SANS SAVOIR CHER M ROSENBERG QUE COMPTE TENU DE SES RESSOURCES ET DE LA TAILLE DE SON TERRITOIRE CUBA A ACCORDÉ PLUS QU’AUCUNE AUTRE NATION AU MONDE SON HOSPITALITÉ AUX GENS PERSÉCUTÉS – STOP – PAR CONSÉQUENT IL EST IMPOSSIBLE D’APPROUVER L’AUTORISATION D’ENTRER AUX ÉMIGRÉS DU NAVIRE – STOP – LE SUJET SAINT-LOUIS A ÉTÉ DÉFINITIVEMENT CLOS PAR LE GOUVERNEMENT – STOP – C’EST DÉPLORABLE MAIS JE NE PEUX FAIRE ROUVRIR LE DOSSIER BIEN QUE J’EUSSE AIMÉ VOUS DIRE L’INVERSE
    MES SALUTATIONS DISTINGUÉES
    Comme nous l’avons fait observer précédemment, Brù n’a jamais eu l’intention de céder. À aucun moment. Il n’avait fait qu’essayer de gagner du temps, de louvoyer, tout en sachant qu’il ne plierait jamais.
    Deux nouvelles propositions d’accueil arrivèrent coup sur coup dans les bureaux du Joint à New York. L’une émanait du Honduras ; l’autre de celui que Joseph Hyman avait traité de «  lunatic  » : le singulier Bernard Sandler.
    Le président du Honduras faisait savoir que son pays était prêt à recevoir les passagers, mais il ne spécifiait aucune condition.
    Bernard Sandler – qui bien entendu avait échoué dans sa tentative de convaincre le Congrès – signalait qu’il pouvait fournir un bateau sur lequel on transférerait les gens du Saint-Louis si l’on réunissait cinquante mille dollars. Eddie Cantor, un célèbre chanteur, acteur et humoriste, se proposa même de régler la somme [73] .
    Le Joint refusa les deux propositions et se pencha à nouveau sur l’offre de la République dominicaine. Après une étude attentive, elle fut déclinée à son tour, le pays ne disposant pas des structures d’accueil nécessaires.
    On se tourna alors vers le Canada. Immense pays, vastes étendues désertes. Pourquoi refuserait-on l’accès à neuf cent sept émigrants qui, dans leur très grande majorité, possédaient des visas d’entrée aux États-Unis ?
    Dans un bel élan commun, le Premier ministre Mackenzie King et Frederick Blair, le directeur du bureau de l’Immigration, opposèrent un refus catégorique. Frederick Blair, pasteur appartenant à la congrégation baptiste, eut même cette réplique hallucinante. À un journaliste qui lui demandait : « Combien de Juifs seriez-vous disposé à accueillir ? », il répondit : «  None is too many. » Aucun serait de trop.
    L’un de ses collaborateurs, James Gibson, qualifiera le personnage de « sainte erreur vivante ». Ce cher M. Blair avait coutume de clamer que « les Juifs [faisaient] preuve d’un exécrable égoïsme en essayant d’obtenir à tout prix des permis de séjour pour leurs proches ». Il prêchait : « Je leur rends service en leur interdisant l’accès au territoire canadien. Leur présence développerait l’antisémitisme. »
    On doit aussi à Blair ce sinistre commentaire : « J’ai suggéré récemment à trois messieurs juifs que je connais bien que ce pourrait être une très
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