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Titus

Titus

Titel: Titus
Autoren: Max Gallo
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de sang, Tibère Alexandre m’a interrompu.
     
    Nous étions allongés ; des fruits, du poisson et des viandes grillés débordant des plateaux d’argent avaient été placés sur de petites tables près de nos lits.
    Le long des parois avaient été disposées les statues des dieux, un buste de l’empereur Néron, et, autour d’un autel, les enseignes et les aigles de la XV e légion. Le sol sableux était recouvert de plusieurs tapis.
    On se serait cru non dans la tente d’un légat, entourée par des milliers de soldats eux-mêmes répartis en des centaines de tentes formant comme une cité, avec ses allées, son forum, ses murs d’enceinte, mais à l’intérieur d’un temple.
    Tous les bruits du camp – les commandements, les appels des sentinelles, les sonneries de trompettes – y parvenaient étouffés, et nos voix elles-mêmes ou les sons des cithares – car, parfois, Titus demandait à des esclaves de jouer et de danser – étaient comme absorbés par la laine des tapis et l’épaisseur de la toile de tente.
     
    Et cependant, Tibère parlait avec violence. Il devinait, disait-il, que j’étais l’un de ces Romains que les Juifs attiraient et fascinaient. Il m’accusait de complaisance à leur endroit.
    — Ce sont des rats ! Peut-être, en effet, comme on le dit, une race issue de lépreux.
    Titus s’esclaffait :
    — Mais tu en es, cher Tibère !
    Après un instant d’hésitation et de trouble, le préfet reprenait d’une voix encore plus aiguë :
    — J’ai placé un cordon de légionnaires autour de la synagogue pour la défendre contre les pillards qui savent qu’elle contient soixante et onze sièges d’or pur et des dizaines de coffres remplis de pièces d’or et d’argent. Car les Juifs ne l’auraient pas défendue, tout comme ils n’ont pas défendu leurs maisons ou leurs proches. Ils ont fui. Et maintenant, ils prient devant les décombres et le sang de leurs morts !
    J’ai pensé à Léda.
    — Ils vont se battre, et durement, ai-je dit. Ils ont déjà remporté des victoires contre le procurateur Florus et le gouverneur Gallus. Je crois qu’ils ne cesseront le combat que lorsqu’ils seront tous morts. Et comme nous ne pourrons pas tuer tous les Juifs, leur religion renaîtra, et leur peuple se reconstituera.
    Titus s’est levé, nous invitant ainsi à quitter la tente dans laquelle se glissaient les deux éphèbes aux lèvres peintes en noir, aux yeux entourés de cernes bleus.
    — Nous sommes romains, a-t-il poursuivi, nous sommes nés les armes à la main. Les autres peuples sont destinés à nous obéir. Si les Juifs se soumettent, pourquoi ne pas les accepter ? Il y a place pour tous les peuples dans l’Empire, s’ils respectent nos lois, notre empereur et nos dieux.
    — Ils resteront fidèles à leur dieu, Titus, ai-je répondu. J’ai entendu chanter, alors que leurs corps crucifiés brûlaient, les Juifs disciples de Christos. Le glaive ne peut rien contre ceux qui croient à l’immortalité de l’âme. Mon maître Sénèque disait : « Qui sait mourir ne sait plus être esclave. » Les Juifs savent mourir.
    — Crois-tu, Serenus ? a fait Titus. Nous le saurons bientôt.
     
    Flavius Vespasien nous attendait à Ptolémaïs pour entamer la guerre.
    Nous nous sommes mis en route pour le rejoindre dès le lendemain matin. Titus avait fait rassembler la légion sur le forum du camp dont toutes les tentes avaient été pliées, les fossés comblés, et qu’on s’apprêtait à incendier, comme il était de règle, afin que l’emplacement ne pût plus être utilisé.
    Je me tenais près de Titus, face aux cohortes alignées. Le tribun Placidus, debout à la droite de Titus, avait à trois reprises demandé aux soldats s’ils étaient prêts pour la guerre. Ceux-ci avaient répondu d’une seule voix, levant le bras droit, répétant leur cri, si fort que mon corps en avait tressailli.
    Que pourraient ces jeunes Juifs qui avaient l’âge de Léda face à l’armée de Rome, qui m’effrayait et dont j’étais pourtant fier ?
     
    Je regardais ces légionnaires avancer du même pas. Ils étaient casqués, cuirassés, leurs deux glaives aux côtés, le sac sur le dos, et ils portaient boucliers et javelots dans la chaleur de ce désert qui sépare l’Égypte de la province de Judée. Il nous faudrait le traverser, longer la côte de la Samarie, puis entrer en Galilée et atteindre Ptolémaïs, la porte de Phénicie.
    Chaque soldat
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