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Sur ordre royal

Sur ordre royal

Titel: Sur ordre royal
Autoren: Margaret Moore
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poisson pourri, Hugh obéit tandis que Madoc se tenait à côté, son épée prête. Lorsqu’il eut fini, Hugh poussa les deux hommes pour les faire asseoir par terre.
    Madoc rengaina son épée et s’accroupit, nez à nez avec eux.
    Le voleur lécha de nouveau ses lèvres sèches et parla sans attendre les questions de Madoc.
    — Il nous a promis une fortune, sire. L’éclopé, je veux dire. Et Rhodri aussi. Ils disaient que si nous nous joignions à eux, nous serions riches, mais nous n’avons jamais vu une pièce. Ils gardaient tout pour eux, et si l’un d’entre nous se plaignait, ou parlait de partir et d’aller son propre chemin, l’éclopé disait qu’il vous enverrait après nous, vous ou votre frère, et que nous serions pendus. Ou qu’ils nous tueraient. Nous étions piégés par ces répugnants scélérats, c’est la pure vérité. C’est eux qui tramaient les vols de moutons, depuis des années.
    — Tu ferais aussi bien de garder ton souffle, Guto, gronda Ivor. Rien de ce que tu diras ne fera de différence. Nous sommes quasiment morts, déjà.
    L’ignorant, Guto se mit à genoux pour supplier Madoc.
    — C’est la vérité, sire. Je voulais partir, mais je ne le pouvais pas.
    — Vous serez jugé conformément à la loi, déclara le seigneur de Llanpowell.
    — La loi normande, maugréa Ivor.
    — D’une façon ou d’une autre, vous serez pendu, vous, dit Madoc à Ivor en se levant, et en s’efforçant de contrôler sa fureur.
    — Pendant que vous passerez vos nuits avec cette traînée de Normande que John vous a donnée pour services rendus, persifla l’ancien intendant.
    Le voleur se mit à gémir tandis qu’Ivor blêmissait, car l’expression de Madoc aurait terrifié n’importe quel homme.
    — Ne parlez plus jamais de mon épouse ! ordonna-t-il. Vous n’êtes même pas digne de baiser l’ourlet de sa cotte.
    Ivor lutta pour se lever.
    — N’importe quel Gallois vaut dix Normands ! lança-t-il. Quant à elle…
    Il cracha par terre.
    — Voilà pour elle.
    Madoc saisit la poignée de son épée. Il ne s’était jamais senti plus outragé, plus enclin à tuer un homme, mais même dans son courroux, il comprenait qu’Ivor cherchait justement à le mettre hors de lui.
    — Vous voulez que je vous attaque, n’est-ce pas, Ivor ? demanda-t-il en comprenant ce que son ami d’antan essayait de faire. Vous voulez une mort rapide, c’est ça ?
    Même si sa main le démangeait de lui donner ce qu’il désirait, il secoua la tête.
    — Ce serait trop facile.
    — Espèce de butor à la tête tournée par l’amour ! cria Ivor. Pion des Normands ! Pensez-vous que je vais vous laisser faire un spectacle de moi ? Que j’accepterai que des gens me lancent des quolibets et des moqueries quand j’irai à ma mort ? J’ai eu droit à assez de railleries quand nous étions enfants et que je valais mieux que vous deux !
    Devant la fureur amère d’Ivor, Madoc reprit son calme, mais il restait déterminé à traduire son ancien homme de confiance en justice.
    — On se moquait de moi aussi, Ivor.
    — Oh, oui, le fils du seigneur, que l’on taquinait gentiment parce qu’il ne disait rien ou marmonnait quand il parlait, rétorqua Ivor. Ce n’était rien par rapport aux surnoms que l’on me donnait.
    — On vous a donné une position de confiance et de responsabilités.
    — J’étais votre maudit clerc  ! hurla Ivor, de l’écume au coin des lèvres. C’était tout ce que j’étais et aurais jamais été, grâce aux Normands ! Et néanmoins, vous vous attendez à ma reconnaissance ! Pour lécher vos bottes, vous baiser les pieds et vous rendre grâce des miettes que vous me donniez, jusqu’à ce que vous me placiez sous le pouvoir d’une ribaude normande ! Je ne vous laisserai plus jamais me tourner en ridicule, que ce soit devant un tribunal ou ailleurs !
    Alors, Ivor se mit à courir. Il courut comme un possédé, la tête basse, les mains liées — fonçant droit sur le tronc d’un chêne massif. Il y eut un terrible, odieuxcraquement quand sa tête le heurta, puis il tomba de côté, se tordant sur le sol.
    — Ivor !
    Madoc courut à lui et le fit rouler sur le dos. La tête d’Ivor se balança comme celle d’une poupée cassée et ses yeux fixèrent le ciel sans le voir. Du sang coulait de son nez et d’une entaille qu’il avait au front.
    — Oh, Ivor, murmura Madoc en étreignant son ami et en le serrant contre lui.
    Parce que
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