Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Sur le quai

Titel: Sur le quai
Autoren: Alain Pecunia
Vom Netzwerk:
Caillard avait besoin d’une
bouée à laquelle se raccrocher.
    Le policier jeta la bouée.
    – Il faut qu’il disparaisse. Ce serait mieux pour tout le
monde. Vous ne croyez pas ?
    La réaction de Caillard ne se fit pas attendre.
    Il hocha la tête. Comme de contentement.
    Il en était écœurant, estima le commissaire qui, pourtant, en
avait vu d’autres.
    Il n’avait pas dit : « Oh oui ! » comme un gosse
auquel on propose une sortie agréable. Mais c’était tout comme. Il
n’y avait qu’à voir ce sourire qui s’épanouissait sur sa face aux
traits un peu mous.
    « Comme toujours, se dit le policier, il n’y a que le
premier pas qui coûte. » La suite ne poserait pas trop de
problèmes.
    Alexandre Caillard se rembrunit.
    – Mais comment ? demanda-t-il, une pointe d’inquiétude
dans la voix.
    Le commissaire sourit largement.
    – N’ayez crainte. Vous n’aurez qu’un petit rôle. Personne
ne pourra vous reprocher quoi que ce soit. Et puis, seul vous et
moi serons au courant…
    Alexandre Caillard n’avait pas l’intention de lâcher sa
bouée.
    Il hocha la tête.
    – Le plus tôt sera le mieux, reprit le policier. Dès qu’il
sera à Paris et prendra contact avec vous, appelez-moi à ce
numéro.
    Il lui tendit une carte de visite au nom d’une société espagnole
d’import-export.
    – Ne lui laissons pas le temps de remuer le passé,
ajouta-t-il en lui tapotant le bras.
     
     
     
     
     
     
    4
     
     
     
     
     
    C’était le 26 juin 66.
    Alexandre Caillard traîna un moment sur les quais, allant d’un
bouquiniste à l’autre. Retardant le moment de rejoindre sa chambre
de bonne de l’avenue Gambetta, dans l’immeuble où habitaient ses
parents, un peu au-dessus du métro Pelleport.
    Depuis le début de l’année, Dany vivait avec lui.
    Elle avait un travail de secrétaire dans une société d’assurance
et sa paie était suffisante pour le dispenser de trouver des petits
boulots pour ses faux frais, l’ordinaire étant assuré par ses
parents.
    Évidemment, Dany, qui avait deux ans de plus que lui, ne
songeait que mariage et était parvenue à se glisser dans les bonnes
grâces des parents Caillard.
    Il s’était retrouvé piégé par la commodité et la facilité, mais
Alexandre Caillard n’envisageait pas le mariage pour autant.
    Dès son droit terminé, il la larguerait.
    D’ailleurs, depuis un an, il faisait tout pour ne pas se la
coller sur le dos à vie.
    Puisqu’elle refusait de prendre la pilule, il ne lui faisait
jamais l’amour sans mettre une capote. Sauf pour les pipes ou pour
la prendre par-derrière, bien sûr.
    Quand il rentra enfin vers dix-neuf heures trente, il la trouva
recroquevillée sur le canapé-lit, en larmes.
    Ce n’était pas son genre.
    Il se demandait d’ailleurs ce qui pouvait l’émouvoir à part
l’idée du mariage et d’avoir des gosses.
    – Jean va rentrer, finit-elle par hoqueter.
    Alexandre Caillard fut subitement inquiet.
    – Comment le sais-tu ? demanda-t-il l’air
naturellement étonné.
    – La radio… RTL…
    – Quand ?
    – Tout à l’heure, au flash, dit-elle en reniflant.
    – Non, s’énerva-t-il malgré lui. Quand rentre-t-il ?
    Elle haussa les épaules.
    – D’un jour à l’autre, sûrement…
    Danielle se remit à pleurer de plus belle.
    Alexandre Caillard s’assit sur le lit.
    – C’est bien qu’il soit libéré…, commença-t-il.
    – Mais qu’est-ce que je vais pouvoir lui dire ?
sanglota-t-elle.
    Il la regarda, étonné.
    – Ben, que nous vivons ensemble et que nous nous aimons, ma
chérie. Il n’y a plus rien entre lui et toi. D’ailleurs, tu ne lui
as jamais écrit.
    – Tu comprends pas. Je l’ai aimé et je vis avec son meilleur
ami… Qu’est-ce qu’il va penser de moi ? Je l’ai quand
même laissé tomber !
    Alexandre Caillard fut un instant désarçonné.
    – Mais nous nous aimons et nous allons fonder une famille.
Je le lui expliquerai. Il comprendra.
    – Oh oui ! mon Minou. Tu lui expliqueras, hein ?
    – Bien sûr.
    – Mais quand même, je vais être gênée quand il viendra te voir
ici… Qu’est-ce qu’il va penser ?
    Alexandre Caillard lui caressait les cheveux et répétait :
« Ne t’inquiète pas », tout en pensant que le flic
espagnol avait raison, que ce serait mieux pour tout le monde. Et
le plus vite possible.
     
     
     
     
     
     
    5
     
     
     
     
     
    Jean Lestrade revint à Paris le 3 juillet.
    Le 4, il téléphona chez les
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher