Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Sur le quai

Titel: Sur le quai
Autoren: Alain Pecunia
Vom Netzwerk:
compte que son ami
restait indifférent à son évocation de Dany.
    D’habitude, il aurait été le premier à en rire avec lui.
    – Putain, je plains le mec sur lequel elle mettra
définitivement le grappin ! conclut-il dans une ultime
tentative pour dérider Alexandre Caillard qu’il sentait de plus en
plus crispé.
    Caillard était en train de se dire qu’il n’avait vraiment rien à
regretter. Qu’il haïssait Lestrade à un point tel qu’il avait hâte
que tout soit fini le plus rapidement possible. Mais il n’osait pas
jeter de regard alentour pour repérer le ou les envoyés du
commissaire.
    Il avait simplement fait comme le commissaire le lui avait
recommandé. Se tenir le plus près possible du bord du quai.
    – Putain, disait Lestrade, tel que je te connais, je
croyais que tu te la serais faite…
    Alexandre Caillard avait fermé les yeux dès l’instant où il
avait entendu la rame surgir du tunnel.
    Un homme de taille moyenne et râblé, la trentaine, qui attendait
la rame et se tenait un peu en retrait de Lestrade et de Caillard,
s’était approché d’eux quelques secondes plus tôt.
    Il se mit juste derrière Lestrade et le poussa brusquement.
    Alexandre Caillard rouvrit les yeux en se reculant
instinctivement au moment même où la cabine de la voiture de tête
percutait Lestrade.
    Le temps que le machiniste réagisse, Jean Lestrade fut traîné
sur toute la longueur du quai.
    Il y avait suffisamment de monde dans la station pour que la
pagaille soit complète.
    Alexandre Caillard vomit sans avoir à se forcer et crut qu’il
allait tourner de l’œil.
    L’inconnu le prit par le bras en lui murmurant :
    – C’est fini. Tout va bien.
    Puis il l’entraîna vers la sortie en lui tenant toujours
fermement le bras.
    Personne ne leur avait prêté attention.
    Les usagers s’étaient agglutinés sur le quai à l’avant de la
cabine. Là où le corps de Jean Lestrade se donnait en spectacle sur
les rails.
    Enfin, ce qu’il en restait.
    Le machiniste, en état de choc, sanglotait dans sa cabine.

     
     
     
     
     
    6
     
     
     
     
     
    En sortant de la station, l’inconnu, qui n’avait pas desserré
son étreinte sur son bras gauche, entraîna Alexandre Caillard vers
une 403 grise stationnée une cinquantaine de mètres plus haut sur
le boulevard.
    – Nous allons vous déposer près de chez vous, dit-il en lui
ouvrant la portière arrière.
    Lui-même s’installa à côté de l’homme qui se tenait au volant et
qui semblait être sa copie conforme.
    Puis il se tourna à demi vers Alexandre Caillard.
    – Nous attendons quelqu’un et nous y allons. Il ne va pas
tarder, lui dit-il en guise d’explication. Ça va mieux ?
    Caillard hocha la tête en signe d’assentiment. Mais il se
sentait bizarre, comme ailleurs. Dans un mauvais rêve.
    – Tiens, le voilà, justement, dit le chauffeur en faisant
démarrer le moteur de la 403.
    Alexandre Caillard tourna la tête vers l’homme d’une vingtaine
d’années qui venait d’ouvrir la portière opposée et prenait place à
son côté, derrière le chauffeur.
    – Enchanté de faire votre connaissance, dit-il en lui
tendant la main.
    Alexandre Caillard la serra machinalement.
    – Tout est OK, dit le nouveau venu en s’adressant au
chauffeur et à l’inconnu du quai.
    Puis il se tourna vers Caillard tandis que la 403 s’insérait
dans la circulation.
    – J’étais en bas pour superviser, expliqua-t-il. Pour
empêcher les problèmes, si vous voulez. Bon, tout s’est
parfaitement passé et nous vous ramenons chez vous.
    Alexandre Caillard hocha la tête.
    Le nouveau venu tentait de saisir son regard et de capter son
attention.
    – Dorénavant, reprit-il, vous n’entendrez plus parler du
commissaire Perez. Je serai votre contact. Pour l’instant, profitez
de vos vacances et oubliez tout ça. Nous nous reverrons en
octobre.
    Caillard hochait la tête machinalement.
    Il ne comprenait pas tout ce que lui disait le nouveau venu.
    Dans son esprit, l’élimination de Jean Lestrade était un point
final. Une façon de se débarrasser de son passé et de tourner la
page. Jamais il n’avait envisagé quoi que ce soit d’autre.
    Pourquoi un contact ? Pour quoi faire ?
    Qui étaient ces trois inconnus.
    – Vous êtes français ? demanda-t-il timidement.
    Le chauffeur et l’inconnu du quai rirent gaiement.
    Le nouveau venu souriait franchement. Mais son sourire exprimait
la tranquille assurance du félin.
    – Ne vous
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher