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Stefan Zweig

Stefan Zweig

Titel: Stefan Zweig
Autoren: Dominique Bona
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échecs ou au billard, passe sa vie à lire ou à discuter. On le voit beaucoup dans les cafés.
     
    Fils d’un industriel qui a fait fortune dans le textile en Bohême, il peut s’offrir le luxe de ne pas songer à travailler. Tandis que son frère aîné, Alfred, vingt et un ans, se prépare à succéder à leur père à la tête de l’entreprise familiale, il est libre d’envisager un avenir sans carrière. A l’aube de ce xx e  siècle qu’il aborde d’un cœur enthousiaste, il a tout le temps devant lui, pour étudier, pour rêver, pour écrire – et jouir à sa manière d’une existence libre et heureuse. A la fois dorée et bohème.
     
    Etudiant en philosophie à l’université de Vienne, où il n’est pas des plus assidus, il s’exprime dans la langue des Lumières avec la même élégance qui transparaît dans ses costumes et dans ses manières. Depuis 1784, l’allemand est la langue officielle – et le ciment – de l’Autriche, jadis partie du Saint Empire romain germanique et dont le drapeau jaune porte l’aigle noire des Habsbourg. Mais il n’est qu’une des langues de ce pays aussi éclaté qu’un puzzle, où le serbe, le croate, le magyar, le yiddish, le tchèque et quelques autres idiomes apportent leurs couleurs. Par tradition monarchique, catholique et romain, l’Etat autrichien, véritable conglomérat de races et de cultures, évoque un arbre qui aurait été greffé de branches issues de sèves différentes. Le nom de famille du jeune homme, Zweig, signifie « petite branche » ou « rameau ».
     
    A la frontière où l’Europe hésite entre l’Orient et l’Occident, l’autorité des Habsbourg maintient une unité, prodige ou tour de force, parmi les multiples nationalités, souvent antagonistes, qui cohabitent sur son territoire – les Serbes, les Slovaques, les Tchèques, les Slovènes, les Ruthènes, les Hongrois, les Juifs, et les Allemands. Cette mosaïque de peuples donne à l’Autriche sa particularité : la variété fait partie du décor. Dans les rues de sa capitale, on peut non seulement entendre parler toutes sortes de langues, mais voir des gens dans les costumes de toutes les provinces, les femmes en dirndle 2 , avec un chapeau à plume de faisan, sous une capeline ou sous un voile musulman, les hommes en pantalon court du Tyrol, en caftan, en frac ou portant sur l’épaule, à la militaire, la séduisante cape des officiers hongrois… Vienne est un monde chatoyant. Le jeune homme aime cette fantaisie qui imprègne l’air de la capitale. Il a grandi dans son atmosphère cosmopolite, hétérogène. Elle l’a profondément marqué.
     
    Descendant de Juifs de Moravie par son père, de Juifs d’Allemagne par sa mère, Stefan Zweig appartient à l’une de ces nombreuses minorités qui constituent l’empire. Sur deux millions d’habitants à Vienne en ce début de siècle, moins de deux cent mille sont juifs. Citoyen autrichien à part entière – en 1849, date de leur émancipation, tous les Juifs de l’empire ont acquis l’égalité civique et politique –, il n’a connu aucun shtetl , aucun ghetto. Sa famille a voulu réussir son intégration et tenu à lui donner une éducation laïque. A l’exemple de ses parents, il ne parle pas l’hébreu, ne fréquente pas la synagogue, ne cultive pas ses racines… et n’aime pas s’entendre rappeler qu’il est juif. Tandis que dans la Judengasse, des hommes en papillotes, portant yarmulke et caftan, récemment arrivés des provinces orientales, vivent en communauté et parlent yiddish, comme ses plus lointains ancêtres, lui-même, occidentalisé à l’extrême, comme nombre de Juifs autrichiens, se veut Viennois d’abord, Viennois avant tout. Membre d’une minorité que François-Joseph nomme affectueusement son Staatsvolk , son peuple d’Etat, parce que de toutes, c’est celle qui a su le mieux s’intégrer, il se réjouit d’être autrichien.
     
    Car il a de la chance, croit-il. Sa bonne étoile l’a fait naître dans une ère de paix et de prospérité. Il habite les beaux quartiers : 14 Schottenring, puis 17 Rathausstrasse, il n’a connu enfant que l’atmosphère cossue des appartements de ses parents, situés dans les immeubles majestueux, au style impérial, du Ring. L’Autriche-Hongrie est pour les Zweig et les Brettauer – la famille de sa mère – un pays où l’avenir semble assuré. Ils y vivent en confiance. Dans une Europe qui, pas très loin à l’est, pratique
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