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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel
Autoren: Arthur Conan Doyle
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l’océan
en fureur battant une plage déserte. La masse avança et recula,
descendit dans la vallée et remonta, chaque fois qu’un des camps
resserrait les rangs pour reprendre l’assaut. Enlacées dans une
mortelle étreinte, la grande Angleterre et la vaillante France,
avec leurs cœurs d’acier et leurs âmes de feu, luttaient pour
conquérir la suprématie.
    Sir Walter Woodland, monté sur son grand
cheval noir, avait plongé dans la mêlée et se dirigeait vers la
bannière bleu et argent du roi Jean. Chevauchant sur ses talons,
venaient en un bloc solide le prince, Chandos, Nigel, Lord Reginald
Cobham, Audley avec ses quatre fameux écuyers et une vingtaine
d’autres appartenant à la fleur de la chevalerie anglaise et
gasconne. Ils avaient beau tenir les coudes serrés et répondre à
l’opposition par une pluie de coups et par le poids de leurs
puissantes montures, ils ne progressaient que très lentement,
chaque nouvelle vague française venant se briser contre eux et ne
s’ouvrant que pour se refermer dans leur dos. Par moments ils
étaient repoussés par la pression adverse, à d’autres instants ils
avançaient de quelques pas, à d’autres encore ils avaient tout
juste la force de maintenir leur position ; cependant la
bannière bleue aux lys d’argent qui flottait au-dessus de la masse
se rapprochait de minute en minute. Une douzaine de chevaliers
français endiablés se frayèrent un chemin au travers de leurs rangs
et se cramponnèrent à l’étendard de Sir Walter Woodland, mais
Chandos et Nigel le gardaient d’un côté, et Audley avec ses écuyers
de l’autre, si bien que pas un homme ne put y porter la main et
vivre.
    Mais il y eut alors un grondement lointain et
un grand cri s’éleva, venant de derrière : « Saint
Georges pour la Guyenne ! » Le captal de Buch avait
chargé. « Saint Georges pour l’Angleterre ! »
répondit-on du centre. Les rangs s’ouvrirent devant eux. Un petit
chevalier au listel d’or se jeta sur le prince dont la masse
d’armes le foudroya. C’était le duc d’Athènes, connétable de
France, mais personne n’eut le temps de le remarquer et le combat
se poursuivit par-dessus son cadavre. Les rangs français étaient
certes ceux qui se dégarnissaient le plus. Nombreux étaient ceux
qui tournaient les talons, après ce choc prodigieux qui avait
ébranlé leur courage. Le petit coin anglais enfoncé dans leurs
rangs avançait toujours, avec le prince, Chandos, Audley et
Nigel.
    Un immense guerrier vêtu de noir et portant un
étendard d’or apparut soudain dans une ouverture des rangs. Il jeta
son précieux fardeau à un écuyer qui l’emporta. Comme une meute de
chiens lancés sur les talons d’un cerf, les Anglais se
précipitèrent en hurlant derrière l’oriflamme. Mais le guerrier en
noir se jeta sur leur chemin.
    – Chargny ! Chargny à la
rescousse ! gronda-t-il d’une voix de tonnerre.
    Sir Reginald Cobham s’écroula devant sa hache,
de même que le Gascon Clisson. Nigel fut abattu sur la croupe de
son cheval mais, au même moment, la fine lame de Chandos transperça
le camail du Français et lui déchira la gorge. Ainsi mourut
Geoffroy de Chargny, mais l’oriflamme était sauve.
    Quoique étourdi par le choc, Nigel avait pu se
maintenir en selle et Pommers, au pelage maculé de sang, l’emporta
de l’avant avec les autres. Les cavaliers français étaient en
pleine déroute, mais un groupe de chevaliers tenait bon, tel un
roc, abattant tout ce qui, ami ou ennemi, essayait de briser leurs
rangs. L’oriflamme d’or avait disparu, de même que la bannière
bleue aux lys d’argent, mais elles avaient été remplacées par des
hommes désespérés, décidés à se battre jusqu’à la mort. L’honneur
pouvait se récolter à pleines brassées dans leurs rangs. Le prince
et ses suivants se précipitèrent sur eux, tandis que les cavaliers
anglais passaient en trombe pour capturer les fuyards et s’assurer
de leur rançon. Mais des esprits plus nobles – tels qu’Audley,
Chandos et les autres – eussent estimé déshonorant de chercher à se
faire de l’argent, alors que tant de travail et d’honneur à gagner
les attendaient. Furieuse fut leur attaque, et désespérée la
défense. Les hommes tombaient de fatigue de leur selle.
    Nigel, occupant toujours sa place à côté de
Chandos, fut chaudement pris à partie par un petit guerrier trapu
monté sur un puissant cheval blanc, mais Pommers se cabra et, de
ses pattes
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