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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal
Autoren: Christopher John Sansom
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calme.
    Elle hocha la tête et se leva. « Bonne nuit, monsieur », dit-elle, avant de quitter la pièce. Je regardai Barak. Il sortit mon poignard de dessous son pourpoint et le posa sur la table.
    « Je l’ai trouvé dehors, près de la mare.
    — Il a dû tomber de ma ceinture.
    — La boue tout autour du corps était labourée, comme s’il y avait eu une bagarre. » Il a compris, pensai-je. Il a deviné qu’il ne s’agissait pas d’un accident. « Il avait une expression affreuse sur le visage, une expression d’horrible désespoir. »
    Je fus content de ne pas l’avoir remarquée. Je fixai Barak droit dans les yeux. « Dès demain, à la première heure, il faudra aviser le coroner de son décès. Il n’aura aucun doute sur la cause de la mort : la noyade. »
    Sans me quitter des yeux, il prit une profonde inspiration et hocha la tête lentement. L’affaire était close.
    « Tamasin m’a dit que tu avais retrouvé son père ?
    — Oui. C’est un cuisinier. Quand je suis allé le voir, il m’a invectivé, m’a déclaré qu’il nierait tout. Il pense que Tamasin en veut à son argent. » Il fit un sourire narquois. « C’est vraiment un homme hautement qualifié.
    — Pauvre Tamasin !
    — Oui. Mais j’ai décidé de lui dire ce qu’il en était. Il vaut mieux connaître la vérité, n’est-ce pas ? »
    Je jetai un coup d’œil au poignard. « Peut-être.
    — Elle va surmonter l’épreuve. Elle est solide. C’est l’un des traits que j’admire chez elle.
    — Que d’ennuis causent le lignage et l’ambition sociale, Seigneur Dieu ! » Je partis d’un rire amer, avant d’être secoué de violents frissons.
    Barak m’observa avec attention. « Vous devriez aller vous coucher. Vous êtes dans un triste état !
    — D’accord. Aide-moi à me lever. »
    Comme il se dirigeait vers moi, je saisis le tisonnier pour attiser le feu où un dernier fragment de papier ne s’était pas consumé. Les flammes s’en saisirent et le nom d’Edward Blaybourne disparut à jamais.

Épilogue
Février 1542, trois mois plus tard
    DE LA FENÊTRE DE MA CHAMBRE, DANS LA PETITE AUBERGE, je regardai le soleil se lever. Une épaisse carapace de glace recouvrait la campagne depuis une semaine et l’apparition de l’astre rouge sang fit rosir puis blanchir le paysage. Le givre soulignait les contours de l’herbe, des arbres et du toit de la petite église de l’autre côté de la rue.
    La reine Catherine avait-elle regardé l’aube glaciale depuis la Tour trois jours plus tôt, le matin de sa décollation ? Thomas Culpeper et Francis Dereham avaient été exécutés dès le mois de décembre, mais des questions juridiques avaient permis à la reine de leur survivre de deux mois. Le bruit courait dans Londres que, défaillante de peur, elle n’avait pu gravir toute seule les marches de l’échafaud et qu’il avait fallu quasiment la porter. Pauvre petite créature, elle avait dû avoir si froid sur la pelouse de Tower Green, la tête et le cou nus, la nuque dégagée pour la hache du bourreau. Lady Rochford l’avait suivie sur le billot. Puisqu’elle était devenue folle après son arrestation, le roi avait signé une loi permettant l’exécution des déments. Selon les compositeurs de ballades, Jane Rochford avait fini par se calmer et, se tenant courageusement devant le billot d’où dégouttait encore le sang de la reine, avait fait une déclaration dans laquelle elle confessait une vie entière de fautes et de péchés, interminable litanie qui avait fait bâiller d’ennui la foule des spectateurs. Je la revoyais à York, à la fois arrogante et effrayée. Pauvre femme ! pensai-je. Qu’est-ce qui la poussait à dérouler cet infini tissu de mensonges dans lequel il était inévitable qu’elle se prît, elle aussi ? J’espérais qu’elle et la reine avaient enfin trouvé la paix.
    Barak et moi quittâmes Londres le lendemain de l’exécution. S’il faisait froid durant notre voyage à cheval dans le Kent, les routes étaient sèches, grâce à la gelée, et nous atteignîmes Ashford le soir même. Nous avions passé le jour suivant à fureter dans diverses archives, et j’avais eu la joie de découvrir des attestations prouvant que les parents du sergent Leacon avaient légalement reçu leur terre en franc-alleu. Soupçonnant le propriétaire d’avoir falsifié quelque document, il me tardait de rencontrer son avocat le lendemain, à Ashford, en compagnie du
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