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Robin

Robin

Titel: Robin
Autoren: Stephen R. Lawhead
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un fourré d’aubépines.
    Avec le vent dans le dos et un peu
de chance, il atteindrait Caer Cadarn bien avant le départ de son père pour
Lundein.
    Un beau jour se levait et la piste
était sèche, aussi poussa-t-il sans réserve sa monture – descendant en
trombe les larges coteaux, traversant les ruisseaux avec force éclaboussures,
survolant les pistes raides et défoncées. La chance n’était pourtant pas de son
côté, car à peine eut-il aperçu au loin le pâle miroitement du bois détrempé de
la palissade du caer que son cheval se mit à boiter. L’infortunée monture fit
brusquement halte et refusa de poursuivre plus avant.
    Nulle câlinerie ne semblait devoir
convaincre l’animal de bouger. Une fois à terre, Bran entreprit d’examiner la
jambe antérieure gauche. Le fer s’était arraché – le cheval l’avait sans
doute perdu dans le lit de la dernière rivière qu’ils avaient traversée –
et le sabot était fendu. Du sang s’écoulait du fanon. Bran relâcha la jambe en
soupirant et, après avoir récupéré les rênes, commença à mener sa monture
boitillante le long de la piste.
    Son père devait l’attendre, fou de
colère. Mais après tout, songea Bran, avait-il jamais vu Brychan autrement qu’en colère ?
    Depuis de nombreuses années –
à vrai dire, aussi loin que remontaient les souvenirs de Bran –, son père
avait nourri une rage perpétuelle qui bouillonnait constamment à proximité de
la surface, prête à déborder à la moindre provocation. Et que Dieu vînt en aide
à quiconque se trouvait à proximité. Il jetait les objets contre les
murs ; donnait des coups de pied aux chiens comme aux serviteurs ;
chaque personne à portée de ses cris héritait d’un vif coup de fouet verbal
assené par la langue de leur acrimonieux seigneur.
    Arrivé au caer bien après l’heure
prévue, Bran passa furtivement sous les portes grandes ouvertes. À l’instar
d’un forgeron ouvrant le fourneau de sa forge, il se prépara à la chaleur de
l’explosion de colère dont son père ne manquerait pas de le gratifier. Mais la
cour était vide à l’exception de Gwrgi, le staghound à moitié aveugle du
seigneur, qui vint aussitôt mettre son museau mouillé dans la paume de Bran.
« Tout le monde est parti ? » Le jeune homme regardait en vain
autour de lui. Le vieux chien entreprit de lui lécher le dos de la main.
    C’est alors que l’intendant de son
père sortit de la grande salle. Homme austère et réprobateur, il surveillait
chaque allée et venue dans le caer tel un nuage moite, et ne trouvait son
bonheur qu’en rendant autrui aussi malheureux que lui-même. « C’est trop
tard. » Ses lèvres fines arboraient un air de fétide satisfaction.
    « De toute évidence, Maelgwnt,
dit Bran. Depuis combien de temps sont-ils partis ?
    — Vous n’arriverez pas à les
rattraper si c’est ce que vous avez en tête, répondit l’intendant. Parfois j’en
arrive à me demander si vous avez quelque chose en tête.
    — Trouvez-moi un cheval,
ordonna Bran.
    — Pourquoi ? répliqua
Maelgwnt en jetant un œil à la monture attachée à proximité des portes. En
auriez-vous esquinté encore un ?
    — Contentez-vous de me donner
un cheval. Je n’ai pas de temps à perdre en palabres.
    — Bien sûr, sire, tout de
suite, grimaça l’intendant. Dès que vous m’aurez dit où en trouver un.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Il n’y en a plus un
seul. »
    Grognant d’impatience, Bran courut
jusqu’à l’écurie située au bout de la longue cour rectangulaire. Il y trouva un
des palefreniers occupé à nettoyer les écuries. « Vite, Cefn, j’ai besoin
d’une monture.
    — Seigneur Bran, lui répondit
le jeune serviteur, je suis désolé. Il n’en reste aucun.
    — Ils les ont tous pris ?
    — La garde entière a été
réquisitionnée, expliqua le valet d’écurie. Ils avaient besoin de tous les
chevaux à l’exception des juments. »
    Bran savait de quels chevaux il
s’agissait. Au début du printemps, quatre poulinières avaient mis bas cinq
poulains désormais sevrés mais qu’on n’avait pas encore séparés de leurs mères.
    « Apporte-moi la noire,
ordonna Bran. Elle fera l’affaire.
    — Qu’est-il arrivé à Hathr,
s’enquit le palefrenier ?
    — Hathr a déferré et s’est
brisé un sabot. Il va avoir besoin de soins pendant quelques jours, et je dois
rejoindre mon père avant la tombée de la nuit.
    — Lord Brychan a bien
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