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Robin

Robin

Titel: Robin
Autoren: Stephen R. Lawhead
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trois, au minimum. De bonnes terres arables,
pour la plupart situées dans les plaines, utilisables pour toute une variété de
récoltes, et pour le reste de vieilles forêts qui, outre le bois d’œuvre, nous
fourniront un beau lieu de chasse…» Le baron s’interrompit. « Qu’en
penses-tu, Remey ? Est-ce suffisant ?
    — Je le crois. Lord Geoffrey
est venu ici il y a deux ans, il a parfaitement conscience de la qualité des
terres galloises. Il nous enverra l’aide demandée, cela ne fait aucun doute.
    — Je suis d’accord. » Se
penchant à nouveau sur le parchemin, Bernard conclut sa lettre, la signa de son
nom et le scella. Puis il pressa son lourd anneau d’or dans la flaque molle de
cire brune qui s’écoulait du petit bâton que Remey tenait dans ses mains.
« Voilà », fit-il en mettant le parchemin de côté. Maintenant,
apporte-moi ce plateau et sers-moi à boire. Ensuite, va me chercher Ormand.
    — Bien sûr, sire. » Le
chambellan ordonna d’un geste aux deux aides cuisiniers de poser les plateaux
de nourriture devant le baron. Lui-même alla remplir de vin la coupe d’argent.
« Je crois avoir vu le jeune Ormand dans la grande salle il y a peu.
    — Parfait. » D’un coup de
couteau, Bernard s’empara d’une des tourtes croustillantes qui ornaient le
plateau. « Dis-lui de se préparer à partir dès l’aube. Cette lettre doit
arriver à Beauvais avant la fin du mois. »
    Le baron mordit dans la tourte
froide et se mit à mâcher pensivement. Il en mangea encore un peu, reprit une
longue gorgée de vin, s’essuya la bouche et reprit : « Maintenant, va
prévenir ma femme que je suis revenu.
    — J’en ai déjà informé la
servante de ma dame, sire, répondit Remey en se dirigeant vers la porte. Je
vais avertir Ormand que vous souhaitez le voir. »
    Le baron Neufmarché se retrouva
seul pour manger en paix son repas. À mesure que la nourriture et le vin
apaisaient son esprit agité, il commença à voir d’un œil plus favorable les
conquêtes à venir. Peut-être me suis-je montré trop empressé, pensa-t-il.
Peut-être, dans son accès d’humeur, avait-il laissé sa colère embrumer sa
perspicacité. Certes, il avait sans doute perdu l’Elfael, mais c’était le
Buellt, l’enjeu véritable, et bientôt il lui appartiendrait. Au-delà s’étendait
le cœur fertile du Dyfed et du Ceredigion. De bonnes terres – en grande
partie sauvages, inexploitées – qui n’attendaient qu’un homme visionnaire
ayant assez d’audace et de détermination pour les faire prospérer. Bernard de
Neufmarché, baron des comtés de Gloucester et d’Hereford, s’imaginait être
celui-ci.
    Oui, plus il y réfléchissait, et
plus il savait qu’il avait raison ; en dépit du comportement scandaleux du
roi, les choses allaient pour le mieux en fin de compte. Avec un peu de chance,
l’Elfael, ce minuscule et quelconque commot au centre des collines galloises,
allait enfermer ses envahisseurs imprudents dans un piège long de plusieurs
années. En fait, avec quelques subterfuges mis en œuvre au bon moment, le baron
pourrait même faire du petit Elfael l’instrument de la chute de la cupide
famille de Braose.
    Le baron se prélassait dans la
chaleur de son contentement quand il entendit la clenche de la porte cliqueter.
S’il en croyait la petite toux par laquelle son visiteur s’annonçait, sa femme
venait de le rejoindre. Ses plaisantes pensées s’estompèrent aussitôt.
    « Vous êtes revenu plus tôt
que prévu, mon seigneur », articula-t-elle d’une voix ténue.
    Bernard prit son temps pour lui
répondre. Après avoir repoussé sa coupe, il tourna la tête et considéra son
épouse. Le visage blafard, celle-ci ressemblait encore davantage à un spectre
que la dernière fois qu’il l’avait vue, à peine quelques jours plus tôt. Ses
grands yeux cernés juraient sur la peau livide de son maigre visage ; sa
longue chevelure terne et raide lui donnait un air encore plus fragile et
délicat.
    « Vous avez bonne mine, ma
dame », mentit-il dans un sourire. Il se leva en hâte et lui proposa son
fauteuil.
    « Merci, mon seigneur. Mais
restez assis, vous êtes en train de manger. Je ne voulais pas vous déranger,
juste saluer votre retour. » Sa taille commença doucement à pivoter en
direction de la porte.
    « Agnès, restez. » Un
tremblement parcourut le corps de son épouse.
    « J’ai déjà dîné et je
m’apprêtais à aller faire mes prières,
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