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Robin

Robin

Titel: Robin
Autoren: Stephen R. Lawhead
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l’informa-t-elle. Mais soit, je vais
m’asseoir avec vous un instant, si tel est votre bon plaisir. »
    Bernard quitta son fauteuil et le
présenta à son épouse. « Dès lors que cela ne vous dérange pas.
    — Aucunement, insista-t-elle.
J’ai toujours plaisir à vous voir. »
    Il la fit asseoir puis alla prendre
une autre chaise. « Du vin ? lui demanda-t-il en soulevant la cruche.
    — Je ne préfère pas,
merci. » La tête et les épaules droites, son svelte dos raide comme la
hampe d’une lance, elle se jucha délicatement au bord de son fauteuil, comme
persuadée qu’il allait s’envoler tellement elle était légère.
    « Si vous changez d’avis…» Le
baron remplit sa coupe et alla se rasseoir. Sa femme était souffrante, à n’en
point douter – l’évidence s’imposait à lui. Quand bien même, il ne pouvait
s’empêcher de penser que sa maladie résultait en partie de sa réticence
perverse à s’adapter un tant soit peu aux exigences du climat pour le moins
inhospitalier de sa nouvelle résidence. Elle refusait de s’habiller plus chaudement
ou de manger davantage – comme les circonstances l’auraient voulu. Aussi
passait-elle d’une vague maladie à une autre, souffrant régulièrement de
diverses natures de fièvres et d’affections mystérieuses, avec la patience
résignée d’un saint agonisant.
    « Remey m’a dit que vous aviez
fait mander Ormand.
    — Oui, je l’envoie à Beauvais
porter une lettre au duc, répondit-il en faisant tournoyer le vin dans sa
coupe. La conquête du pays de Galles a commencé, et je compte bien y prendre
part. Je lui demande de m’envoyer des hommes de troupe et tous les chevaliers
dont il peut se passer.
    — Une lettre ? Pour votre
père ? » Ses yeux s’illuminèrent pour la première fois depuis son
entrée dans la pièce. « Ne dérangez pas Ormand pour cela – je vais
m’en occuper.
    — Non, c’est un voyage trop
ardu pour vous. Hors de question.
    — Absurde, répliqua-t-elle. Un
tel voyage me ferait le plus grand bien. Il n’y a pas meilleur élixir pour me
rétablir que l’air marin et un temps plus chaud.
    — J’ai besoin de vous ici,
répliqua le baron. Une campagne va avoir lieu ce printemps, et il y a beaucoup
à faire d’ici là. » Portant sa coupe d’argent à ses lèvres, il
conclut : « Hors de question. Vous m’en voyez désolé. »
    Dame Agnès demeura silencieuse
quelques instants, les yeux fixés sur ses mains posées sur ses genoux.
« C’est une campagne importante à vos yeux, n’est-ce pas ?
pensa-t-elle à haute voix.
    — Importante ? Quelle
question, femme ! Bien sûr qu’elle est de la plus haute importance. Une
issue victorieuse nous permettrait d’étendre nos possessions jusqu’au cœur même
du pays de Galles, s’exalta le baron. Notre domaine serait multiplié par trois…
cinq, même, tout comme nos recettes ! Est-ce assez important à vos
yeux ? ricana-t-il.
    — Dans ce cas, suggéra Agnès
d’un ton dégagé, il me paraît tout aussi important d’obtenir les troupes
nécessaires pour vous assurer cette victoire.
    — Bien sûr, répondit Bernard
avec irritation. Cela va sans dire, d’où ma lettre. »
    Sa femme haussa ses frêles épaules
avec une indifférence étudiée. « Si vous le dites. »
    Il laissa le sujet de côté un
moment, mais quelque chose dans le ton d’Agnès laissait entendre qu’elle en
savait davantage.
    « Pourquoi cette
remarque ? reprit-il, sa suspicion finissant par l’emporter.
    — Oh, dit-elle en fixant les
flammes, pour rien.
    — Allons, ma chère.
Expliquez-vous. Vous avez quelque chose en tête, j’en jurerais. Et je veux
l’entendre.
    — Vous cherchez à me flatter,
mon mari, répliqua-t-elle. J’en suis fort aise.
    — Mais pas du tout !
dit-il d’un ton où pointait la colère. Je veux connaître votre sentiment
sur la question.
    — N’élevez pas le ton contre
moi, sire ! s’exclama-t-elle. Ce n’est pas convenable.
    — Très bien ! » Sa
voix résonna dans la salle. Il la foudroya du regard et repartit à l’assaut.
« Quelle folie de se quereller ainsi. Rappelez-vous que je rentre d’un
long voyage. L’épuisement me rend un peu cinglant, voilà tout. De grâce,
finissons-en avec ces sottises. » Il tenta de l’amadouer avec un sourire.
« À présent, ma chère, dites-moi ce que vous avez en tête.
    — Puisque vous me le demandez,
il me semble que si cette campagne est aussi
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