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Robin

Robin

Titel: Robin
Autoren: Stephen R. Lawhead
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comme toujours un peu de travers et faussement timide, il faisait
immanquablement palpiter le cœur des femmes jeunes et vieilles au premier
regard qu’elles portaient sur lui.
    Gratifié de surcroît d’un esprit
souple et d’un charme décomplexé, le prince de l’Elfael était de loin le
célibataire le plus ardemment convoité parmi les damoiselles à marier de la
région. Le fait qu’il doive un jour hériter de la couronne ne leur avait pas
non plus échappé. Plus d’une jeune lady languie d’amour soupirait dans son
sommeil en rêvant d’être celle qui gagnerait le cœur de Bran ap Brychan –
pour autant de pères résolus à clouer ce bon à rien sur le jambage le plus
proche si d’aventure ils le surprenaient à moins d’un mille romain du lit de
leur fille.
    Et pourtant, ses manières
charmantes étaient toujours empreintes d’une sorte de légèreté, ses
affirmations les plus solennelles d’une certaine inconstance, son ardeur d’un
manque de fidélité. D’un caractère aussi badin que capricieux, il l’exprimait
le plus souvent par un refus narquois de prendre la vie vraiment au sérieux.
Bran voletait d’une chose à l’autre au gré du vent, ne restant jamais assez
longtemps au même endroit pour subir les inévitables conséquences de ses
aventures et de ses frasques.
    Agile et découplé, d’ordinaire vêtu
des nuances les plus sombres, qui lui donnaient une apparence
d’austérité – une impression totalement démentie par les reflets de malice
qui habitaient son regard sombre et franc comme par ses sourires imprévisibles,
toujours provocateurs –, il profitait au mieux du surplus d’indulgence que
sa haute position lui autorisait. Le rejeton coureur du roi Brychan était sans
vergogne.
    « Un baiser, mon amour, et je
m’envole », chuchota Bran en se pressant contre elle encore un peu plus.
    À la fois effrayée et excitée par
le danger que Bran entraînait toujours dans son sillage, Mérian ferma les yeux
et effleura de ses lèvres la joue du jeune homme. « Voilà ! fit-elle
avec fermeté tout en le repoussant. Disparais maintenant.
    — Ah, Mérian. » Il posa
sa tête contre sa poitrine brûlante. « Comment puis-je partir, quand
partir revient à laisser ici mon cœur ?
    — Tu me l’as
promis ! » siffla-t-elle d’exaspération avant de le chasser derechef
de ses bras raides.
    Un bruit de pas traînants leur
parvint alors de derrière la porte de la cuisine.
    « Dépêche-toi ! »
Prise de panique, elle le tira par la manche et le releva de force.
« C’est peut-être mon père.
    — Laisse-le venir. Il ne me
fait pas peur. Nous allons régler ça une bonne fois pour toutes.
    — Bran, non !
supplia-t-elle. Si vraiment tu as quelque sentiment à mon égard, ne laisse
personne te trouver ici.
    — Très bien. Je file. »
    Il se pencha sur elle et lui vola
un long baiser, puis bondit jusqu’au châssis de la fenêtre, ouvrit le volet et
se prépara à sauter. « À ce soir, mon amour », dit-il par-dessus son
épaule avant de se jeter dans la cour.
    Après s’être précipitée à la
fenêtre pour refermer le lourd volet de bois, Mérian revint sur ses pas et
commença à s’affairer. Elle tisonnait les braises dans le foyer quand le
cuisinier à moitié endormi entra dans la grande pièce sombre en traînant les
pieds.
    Bran prit appui sur l’angle de la
maison pour écouter, le sourire aux lèvres, les voix qui sortaient de la salle
au-dessus de lui – les questions marmottées du cuisinier et les
explications données par Mérian pour justifier sa présence à l’aube dans la cuisine.
Certes, il n’avait pas encore réussi à gagner la couche de Mérian ; la
ravissante fille du roi Cadwgan s’avérait être une proie à la hauteur de ses
ruses. Quand bien même, il se faisait fort de parvenir à ses fins avant le
terme de l’été.
    À dire vrai, partout apparaissaient
les signes annonçant la fin de la belle saison. Déjà les verts délicats et les
jaunes de l’été laissaient place aux couleurs mornes de l’automne. Bientôt,
bien trop tôt, les beaux jours seraient vaincus par le gris sans fin des
nuages, par les brumes, la pluie glaciale et les vents cinglants.
    Il s’en préoccuperait le moment
venu ; pour l’heure il devait partir. Tirant sa capuche sur sa tête, Bran
s’élança à travers la cour, escalada le mur dans sa partie la moins haute et
courut jusqu’à son cheval, qu’il avait attaché derrière
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