Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad
Autoren: Maurice Denuzière
Vom Netzwerk:
inspiré de rapatrier son monde à Soledad avant le 15 août, dit Uncle Dave en prenant congé.
     
    Le médecin logeait sous le toit de lady Lamia pour être à même d'intervenir au cas où la jeune mère nécessiterait des soins. Charles et le major Carver étaient hébergés dans la résidence d'été de lord Simon, construite sur Buena Vista, à quelques centaines de mètres de la demeure de Fish Lady.
     
    En cheminant côte à côte dans la nuit claire, Carver désigna dans un champ d'étoiles une constellation fameuse sous les tropiques, la Croix du Sud, dont les pointes sont marquées par quatre étoiles brillantes qui, cette nuit-là, se détachaient sur la Voie lactée.
     
    – C'est de bon augure pour le destin de votre enfant, Charles. La Croix du Sud est protectrice de ceux qui viennent au monde quand elle est visible de nos îles, dit le major.
     
    À peine arrivés dans la maison, les deux hommes convinrent qu'ils n'avaient pas sommeil et qu'il serait bon de trouver quelque chose à boire. Le major s'en fut à l'office tirer du sommeil le domestique noir qui assurait, avec sa femme, la garde de la maison. L'homme trouva du whisky et les deux amis s'assirent dans le salon pour allumer un nouveau cigare.
     
    – Simple et belle maison de bois, dit Charles, qui pénétrait pour la première fois dans cette résidence de Cornfield.
     
    – Belle et très ancienne, mais menacée de ruine, mon ami. Les termites s'y sont mis et je ne suis pas certain qu'elle résistera au prochain ouragan.
     
    – Elle a dû résister à bien d'autres.
     
    – Parce que les termites n'avaient pas achevé leur lent grignotement. Regardez cette poudre de bois au long des plinthes. C'est le signe que les murs sont devenus aussi minces que du papier journal. Si vous donniez un coup de poing dans cette cloison, votre main passerait au travers. J'ai prévenu Simon. Il attend qu'un ouragan achève le travail de démolition pour faire reconstruire par l'honorable Malcolm Cuthbert Murray une demeure de pierre, solide et confortable, expliqua le major.
     
    Charles devina que Carver avait, pour prolonger la soirée, une autre raison que celle de l'instruire des méfaits des termites. Après avoir servi l'alcool, le major en vint à des considérations plus intimes. Sa mémoire infaillible de vieil officier le conduisit à évoquer la confidence faite trois ans plus tôt à l'ingénieur.
     
    – Grâce à vous, Charles, celle qui refusa autrefois ma main paraît bien aise aujourd'hui d'accepter mon bras. Vous me donnez là une joie tardive mais bien réelle. Elle est encore belle, n'est-ce pas, même sous ses cheveux gris, toujours aussi incoiffables ? dit Edward en s'efforçant de contenir une exaltation que son interlocuteur eût jugé déplacée.
     
    – En effet, les ans ne semblent pas avoir prise sur cette femme. Cela vient peut-être de la vie à la fois saine et rustique qu'elle mène à Soledad, du fait aussi que son corps mince conserve forme, muscles et souplesse parce qu'elle nage chaque jour, quel que soit le temps, pour jouer avec les dauphins, cueillir des conques, parfois harponner un requin qui menace ses pêcheurs d'éponges, observa Charles, résolument complice.
     
    – Jeune fille, elle était, croyez-moi, plus plantureuse qu'aujourd'hui et portait une tête de plus que moi. Quand, autrefois, à Londres, nous nous rencontrions dans les réceptions suivies d'un bal, je n'osais pas, à cause de notre différence de taille, l'inviter à danser. Surtout depuis qu'un diplomate français, dont les attentions insistantes agaçaient fort Lamia, avait lancé en nous voyant entrer côte à côte dans un salon : « Voilà Hécate et son chien », confessa Edward sans acrimonie.
     
    – Vous auriez dû gifler cet impertinent et le provoquer en duel, dit Charles.
     
    – Certes, j'aurais pu, peut-être même dû ! Mais je n'eus envie que de disparaître, par crainte d'un scandale qui eût éclaboussé Lamia de qui la beauté et la prestance ne pouvaient, c'était bien visible, s'accommoder d'un cavalier de mon acabit. Que voulez-vous, pas plus qu'aujourd'hui, alors que j'ai perdu depuis longtemps toute graisse superflue, mon physique ne pouvait plaider en ma faveur. Lord Simon vous dira que ma petite taille m'a plus d'une fois sauvé la vie quand, au 10 e  de hussards, nous combattions les armées de votre Boney 4 .
     
    – N'était-ce pas plutôt le militaire qui, en vous, déplaisait à lady
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher