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Retour à l'Ouest

Retour à l'Ouest

Titel: Retour à l'Ouest
Autoren: Victor Serge
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guidés durant leur séjour à Moscou dans les
premières années de l’Internationale communiste. Tristement, Serge fera leur
portrait nécrologique dans les pages de
La Wallonie
[19] .
Il était particulièrement proche de Nin, qui avait partagé avec lui de longues
années de demi-captivité en URSS en tant qu’opposant de gauche. Nin avait été
expulsé d’URSS en 1931 vers l’Espagne où, avec Maurín, il fonda le POUM (parti
ouvrier d’unification marxiste). Tout au début de la guerre civile, Nin avait
invité Serge à le rejoindre à Barcelone comme conseiller [20] . Ne pouvant pas
voyager – les Russes ayant confisqué son passeport –, Serge envoya ses avis et
recommandations sous forme de lettre ouverte adressée à Andrés Nin que publia
en traduction espagnole
La Batalla
,
l’organe du POUM [21] .
Tirant les leçons de la révolution russe, Serge – en accord avec Trotski avec
qui il collaborait étroitement à l’époque – recommanda au POUM, compromis dans
le Front populaire, de passer une alliance avec les anarchistes et de se
comporter en véritable parti révolutionnaire : « Seule la classe ouvrière
peut vaincre le fascisme. […] Hésiter aujourd’hui à ce stade risquerait de tout
compromettre, parce que l’on ne peut demander à la classe ouvrière de se faire
tuer uniquement pour la défense de la république [bourgeoise] de messieurs
Alcalá Zamora et Azaña. » Malheureusement, le POUM et les chefs
anarchistes espagnols, sans pour autant s’unir, continuèrent leur collaboration
avec le gouvernement bourgeois-stalinien du Front populaire avec le résultat
tragique que l’on sait. Néanmoins, Serge persista à défendre
inconditionnellement ses amis du POUM, qui se battaient sur les fronts de la
guerre civile alors que les agents staliniens leur tiraient littéralement dans
le dos – solidarité peut-être sentimentale qui lui attira le mépris des
trotskistes, plus intransigeants sur cette collaboration.
    En août 1936 – un mois à peine après le commencement de la
révolution espagnole –, Staline lança sa campagne d’extermination contre les
derniers révolutionnaires survivant en Russie avec le procès Zinoviev. Soucieux
de ne pas troubler l’alliance soviétique contre Hitler, presque tout l’Occident
– de l’ambassadeur américain à Moscou à la Ligue des droits de l’homme en
passant par la presse du Front populaire – voulut bien croire à ce procès d’imposture
crûment orchestré dont Serge démontait le mécanisme dans
La Wallonie.
Avec André Breton et d’autres,
il fonde un « Comité pour l’enquête sur les procès de Moscou et pour la
défense de la liberté d’opinion dans la révolution ». Serge insiste sur ce
long titre dès l’été 1936, convaincu « que nous aurions à défendre aussi, au
sein de la révolution espagnole, des hommes dont le totalitarisme russe
tenterait de se défaire à Madrid et Barcelone par les mêmes moyens de l’imposture
et de l’assassinat [22]  ».
    Effectivement, quelques mois plus tard, le POUM, qui avait
ses propres milices au front, s’est trouvé exclu de la Junte de défense sous l’influence
de l’ambassade russe qui contrôlait la livraison des armements pour affaiblir
ses adversaires anarchistes et marxistes.
La
Batalla
est censurée alors qu’à Barcelone le journal communiste
Treball
dénonce catégoriquement les
militants du POUM comme des « agents de Franco-Hitler-Mussolini » – en
arguant qu’ils sont « trotskistes », donc agents de la Gestapo « comme
il a été prouvé au procès de Moscou ». Le 10 décembre 1936, Serge dénonce
les « crimes en Russie » et les « intrigues en Espagne »
dans
La Révolution prolétarienne,
la
petite revue syndicaliste révolutionnaire qui s’était si ardemment battue pour
sa liberté [23] .
Il conclut ainsi son article : « Si les manœuvres staliniennes
réussissaient (et il faudrait pour cela que les camarades de la CNT et de la
FAI se laissassent noyauter ou rouler – et ils le payeraient cher par la suite),
les étapes suivantes de l’opération seraient assez prévisibles… » Déjà
Serge prévoit les calomnies, les assassinats, les arrestations, la mise hors la
loi des partis ouvriers dissidents, les procès de « trahison », la
démoralisation des travailleurs, la défaite, enfin, des forces antifascistes.
    En mars 1937 une rencontre de hasard apprit à Serge que
Moscou préparait à Barcelone « la
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