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Retour à l'Ouest

Retour à l'Ouest

Titel: Retour à l'Ouest
Autoren: Victor Serge
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talents de journaliste populaire et de pédagogue marxiste pour
expliquer l’incompréhensible à un public ouvrier : l’imposture des procès
de Moscou, le boycott de l’Espagne républicaine par les démocraties, le pacte
germano-soviétique, ou encore les propagandes mensongères des puissances
impérialistes, russe y compris. Il replace toujours l’actualité dans le contexte
historique et géographique de chaque pays et, à l’occasion de tel ou tel
anniversaire, il présente des sortes de petits exposés sur la Révolution
française, la Commune de Paris, la révolution russe et d’autres épisodes de l’histoire
révolutionnaire en soulignant les parallèles possibles avec des faits présents
à l’esprit de ses contemporains. Il raconte aussi les hommes et leurs idées, et
consacre régulièrement des chroniques à des livres importants ou brosse des
portraits biographiques. Hélas, il s’agit trop souvent de nécrologies de
révolutionnaires qu’il avait connus et pour qui il témoigne en rendant hommage
au sacrifice des meilleurs d’entre eux.
    L’ensemble de ces chroniques pourrait être divisé en huit
rubriques générales : l’URSS (avec une soixantaine d’articles), le
fascisme et les menaces de guerre (également une soixantaine), l’Espagne (une
trentaine), la France (à peine une douzaine), la Chine (huit), l’antisémitisme
(cinq), les livres et les idées (une trentaine), et les portraits (une trentaine
aussi) [17] .
Selon la coutume journalistique, Serge fait un article de fin d’année qui
présente un «  Tour d’horizon  »
des douze mois écoulés. L’évolution de sa tonalité, de 1936 à 1939, justifie à
elle seule le titre de cette préface : « De l’euphorie du Front
populaire à la Défaite de l’An quarante. » La présentation de ce recueil
est chronologique et, naturellement, Serge saute d’un sujet à l’autre de semaine
en semaine. Voici donc un « catalogue raisonné » destiné à donner
quelques repères thématiques à travers cette lecture chronologique. Il a aussi
l’avantage de faire connaître sur un thème donné le titre des chroniques non
retenues pour ce volume et que les curieux découvriront sur le site des éditions
Agone [18] .

Le Front populaire et la guerre d’Espagne
    Dès son «  Retour à
l’Occident  » Serge sent un «  Retour à la
puissance  » dans la classe ouvrière franco-belge, qui « sort
manifestement de la longue période de dépression » suite à la grande
saignée de 1914-1918 et aux troubles d’après guerre. Pour Serge, après chaque
défaite historique (1830, 1851, 1871) il faut généralement vingt ans – soit la
montée d’une nouvelle génération – pour que la classe des travailleurs « récupère
ses forces physiologiques » et prenne « une nette conscience de sa
force ». Dix-huit ans après l’armistice de 1918, sa confiance est
confirmée par les grandes grèves avec occupations d’usine de «  Juin 36  » ; puis, quelques semaines plus tard, par
la mobilisation des classes travailleuses espagnoles qui se sont organisées en
milices pour stopper l’avancée des forces armées professionnelles commandées
par les généraux rebelles du 18 juillet – alors que le gouvernement républicain
de Front populaire tergiversait encore pour s’opposer au
pronunciamiento.
    Serge connaissait l’Espagne pour avoir travaillé à Barcelone
en 1917 comme typographe et participé aux côtés du légendaire syndicaliste Salvador
Seguí à une insurrection ouvrière ratée. Il raconta cette aventure dans son
roman
Naissance de notre force,
composé
à Leningrad en 1929-1930. Il y écrit prophétiquement : « Demain est
grand. Nous n’aurons pas mûri en vain cette conquête. Cette ville sera prise, sinon
par nos mains du moins par des mains pareilles aux nôtres mais plus fortes… dans
dix ans, dans vingt ans, cela n’a vraiment pas d’importance. » C’est
précisément ce qui est arrivé en juillet-août 1936 quand les travailleurs des
transports et de tous les autres secteurs collectivisent les moyens de
production et prennent en charge la défense de leur cité. George Orwell, débarquant
à Barcelone à la fin de décembre 1936, s’est tout de suite senti dans une ville
« où les travailleurs sont en selle. »
    De plus, Serge connaissait depuis 1919-1921 les grands
militants anarcho-syndicalistes espagnols tels qu’Andrés Nin, Joaquín Maurín et
Angel Pestana pour les avoir
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