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Quelque chose en nous de Michel Berger

Quelque chose en nous de Michel Berger

Titel: Quelque chose en nous de Michel Berger
Autoren: Yves Bigot
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collet monté, retenue, contrôlée jusque dans son libéralisme, de la grande bourgeoisie francilienne hautaine et coupée du monde des émotions par sa propre volonté d’élitisme éthéré.
    Et Michel, comme tant d’entre nous, comme tant de musiciens français corsetés par notre exception culturelle qui du coup se retourne contre nous dans ce domaine précis, en aura souffert, toute sa vie, toute sa carrière, malgré ses efforts pour en briser le carcan, le paradigme, le corps – pas uniquement social. Tout au contraire, j’avais soigneusement, et peut-être coupablement, du point de vue purement journalistique, éludé de reproduire le commentaire brut de décoffrage que m’avait lancé son ami (là, il n’y a pas de doute) Daniel Balavoine à propos de son succès mitigé de 1983, « Voyou, voyou » : « Malgré tout son talent, ce pauvre Michel, avec son accent de Neuilly, n’arrivera jamais à convaincre quiconque qu’il a observé des voyous autrement que sur son écran de télé. » C’était brutal, maison pouvait tout se dire entre nous parce que nous nous respections, nous nous appréciions, nous nous soutenions, et Daniel, comme moi, mettions sans hésitation le doigt sur la problématique qui taraudait Michel, certains que nous étions par ailleurs de son affection et lui de la nôtre mais, surtout, de son immense talent de compositeur, d’auteur, de musicien, de réalisateur, de producteur, de scénographe, de dénicheur et de révélateur de talents – unique en France.

    On ne saura jamais vraiment – et eux non plus, sans doute – comment est précisément né le style Berger, conçu – véritable progéniture d’enfants du rock pour le coup – à quatre mains sur le piano de l’appartement de l’avenue de New-York, sur les quais de la Seine, au-dessus du tabac juste avant le pont de Bir-Hakeim, que Michel partagea avec Véronique Sanson à l’aube frémissante et fertile des années soixante-dix. En revanche, on en connaît les ingrédients (Beatles, Ray Charles, Donovan, Cat Stevens, Dionne Warwick, Caetano Veloso, Sergio Mendes, Bobbie Gentry, Carole King, James Taylor, Elton John/Bernie Taupin/Paul Buckmaster, Procol Harum, Bee Gees, etc.) et l’usage qu’ils en firent, ensemble et séparément.
    Mais si Véronique est restée une artiste d’exception, excessive, singulière et îlienne, Michel lui, peut-être en raison de sa fragilité constituante, en a fait une mission, une émission. Le style Berger, tel qu’exprimé à travers Véronique et Michel, mais aussi France Gall, Françoise Hardy, Johnny Hallyday et d’autres interprètes plus occasionnels, d’Elton John à Cyndi Lauper, de Daniel Balavoine à Céline Dion et jusqu’à Willy DeVille, Cliff Richard, Kim Wilde, Tom Jones, Bill Withers, Rosanne Cash, les Enfoirés et les aspirants dela « Star Academy » cuvée Nolwenn Leroy, constitue en fait l’épine dorsale de la chanson française à consonance plus ou moins rock des années soixante-dix et quatre-vingt.
    Mieux que ça : avec Gainsbourg d’une part et les enfants croisés de Dylan et de Brassens que sont nos fameux auteurs-compositeurs-interprètes, d’Yves Simon à Francis Cabrel, de Renaud à Jean-Patrick Capdevielle, précédant le règne de Goldman, le style Berger représente ce que la chanson française aura proposé de plus personnel et consistant, satisfaisant, structurant, de ce côté-ci des originaux que sont dans ces années-là, post « Salut les copains », Manset et Bashung.
    Autrement dit, sans lui, l’histoire eût été tout autre. Il en procède donc.

    J’avais toujours, jusqu’à présent, refusé d’écrire autre chose que des articles sur un artiste français. Pour ne pas influer, d’une manière ou d’une autre, sur les relations professionnelles que j’entretiens avec eux, à la télévision, à la radio, dans la presse écrite, dans l’industrie du disque ou les commissions dans lesquelles j’ai pu siéger.
    Si je le fais aujourd’hui pour Michel Berger, c’est déjà parce que mon éditrice, Stéphanie Chevrier, a su m’en persuader, mais surtout par fidélité à l’esprit de Michel Berger, et parce qu’il avait initié et entretenu notre relation, sans jamais y chercher le moindre avantage, dans l’unique but de faire avancer la cause de la musique pour la musique et les droits des artistes et de la filière, dans un pays qui ne s’était jusque-là pas préoccupé de la qualité de l’une ni des
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