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Quelque chose en nous de Michel Berger

Quelque chose en nous de Michel Berger

Titel: Quelque chose en nous de Michel Berger
Autoren: Yves Bigot
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sera interdite de se produire nue, Pan . Né en novembre 1878, il épouse en 1909 Suzanne Gugenheim, alsacienne et lorraine de Toul à l’incroyable taille de guêpe, pianiste qui se distingue comme infirmière bénévole, notamment pendant la guerre de 1914-18. C’est cette grand-mère qui enseignera le piano à Michel, son chouchou, dont elle caresse la main tous les soirs pour l’apaiser, ce qui fait ricaner ses aînés. Pianiste elle aussi, leur fille Annette réside un temps au 83, rue de Monceau, doté d’un porche avec une splendide porte presque cochère, au-dessus de l’appartement de Francis Poulenc. Elle jouera avec lui son Concerto en ré mineur pour deux pianos et orchestre, qu’elle enregistre parmi d’autres œuvres du Groupe des Six sous influence d’Erik Satie, notamment celles de Darius Milhaud, en tant qu’Annette Haas-Hamburger. Elle donne son dernier concert au Théâtre de Champs-Élysées en 1947, enceinte de Michel, comme si elle pressentait qu’elle allait transmettre le témoin. « Elle était très originale, une femme très impressionnante, d’une très grande douceur, mais aussi très autoritaire, hautaine, mondaine, terrifiante », se souvient Bernard de Bosson, homme clef de la vie et de la carrière de France Gall, de Véronique Sanson et de Michel Berger. Ce dernier est le puîné : à sa naissance, Bernard Hamburger a sept ans, Françoise en a cinq.
    Même son parrain est prestigieux : c’est le futur académicien des sciences François Lhermitte, neurologue spécialiste de la sclérose en plaques. On le voit, le petit Michel-Jean Hamburger s’épanouit dans un environnement éclairé, une atmosphère raréfiée, où l’intelligence le dispute au bon goût, dans le confort raffiné de la meilleure société. De réceptions urbaines en dîners mondains hebdomadaires, il voit défilerl’intelligentsia artistique et politique du Paris de la IV e République : Henri Troyat, André Maurois, Charles de Gaulle, André Malraux, Maurice Schumann, musiciens, divas, avocats, scientifiques, comédiens. Jusqu’à l’incendiaire rousse Rita Hayworth, la Gilda strip-teaseuse en noir et blanc d’Hollywood, venue consulter papa dans son cabinet à la salle d’attente de quatre-vingts mètres carrés, adjacent à leurs immenses appartements en forme de « L » du 29, boulevard de Courcelles, vue sur cour d’arbres (aujourd’hui, ce très bel immeuble, contigu à Monceau Fleurs, abrite notamment Made in PM, société de production d’Alain Pancrazi et Odile McDonald, où je me suis souvent rendu en rendez-vous).
    Comme le résume Michel Drucker, excellent observateur des riches et des célèbres, « on ne peut pas comprendre Michel Berger, sa musique, ni son univers, sans intégrer qu’il est né dans ce monde de culture ».
    De sa mère il reçoit une éducation stricte, athée, rationaliste, rigoriste aussi (suisse plus hollandais, c’est austère), mais a la chance de grandir dans une atmosphère formidablement musicale. Toutes les semaines, pour son association L’Aurore, dédiée à la recherche de nouveaux talents classiques, elle organise des concerts à la maison, louant cent chaises pour ses invités. Les petits Hamburger sont assis au premier rang, régulièrement secoués de fous rires. « Mon premier souvenir de piano, c’est maman, bien sûr. Quand j’avais trois ans, il y avait deux pianos l’un dans l’autre à la maison. Nous jouions à quatre mains. J’ai pris des leçons, j’en garde un souvenir épouvantable. J’ai arrêté à l’âge de treize ans. » À Thierry Ardisson, il précisera : « J’avais un professeur de solfège qui me tapait sur les doigts. C’est avec ma grand-mère que j’ai appris à jouer. Mais je suis un très mauvais pianiste… »
    Bernard de Bosson, lui-même pianiste de jazz, confirme la réalité de cette modestie. « Michel avait une formation au piano très rudimentaire. Il n’écrivait pas la musique. Mais, en revanche, il possédait une culture musicale incroyable. Du classique au jazz, il possédait toutes les subtilités de Chopin, Mozart, Schumann, Rachmaninov, Ravel, Gershwin bien sûr. Il m’avait donné un petit cahier d’écolier retrouvé un jour où nous fouillions dans son foutoir autour de son piano, en haut de leur triplex avec France, rue de Monceau. C’était un cahier de gamin, d’écolier, de fan d’une douzaine d’années, qui avait consacré une page à Charlie Parker, une autre à Ella
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