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Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale
Autoren: Ben Macintyre
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lui déplaisaient ou l’ennuyaient, il grognait, soupirait, roulait
des yeux et faisait des blagues déplacées. Les avocats se plaignaient souvent
de son comportement grossier. Il s’excusait et continuait. Son humour acerbe
était généralement mal interprété ; son esprit était si affûté et
sarcastique qu’il pouvait humilier l’avocat le plus arrogant, et il ne s’en privait
pas. En 1967, un maquereau fit appel de sa condamnation, arguant que Montagu
avait été si grossier envers son avocat qu’il méritait un nouveau procès.
L’appel fut rejeté au motif que « l’incivilité, voire l’incivilité
caractérisée, envers un avocat, bien que regrettable, n’était pas une raison
pour casser un jugement ».
    Il donnait souvent une sentence clémente à un accusé, au
prétexte que l’homme ou la femme avait réellement l’intention de s’amender. Il
se trompait rarement. « Si un homme ne peut pas avoir un coup de chance au
moins une fois dans sa vie, celle-ci n’en vaut pas la peine. » Mais il
était sans pitié envers ceux qui paraissaient incorrigibles. Condamnant
l’acteur Trevor Howard pour avoir bu au moins huit doubles whiskies avant de
finir contre un réverbère, il déclara : « Le public doit être protégé
contre vous, vous buvez beaucoup, tous les soirs, et vous faites si peu de cas
de vos compatriotes que vous ne renoncez pas à conduire. »
    Résumant la carrière de Montagu, un contemporain
écrivit : « Peu de juges ont tant piétiné la dignité de tant de gens
que ce grand, spirituel et irritable ex-commandant de la Navy au visage
expressif et à la langue bien pendue. Mais peu de juges ont été si prompts à
s’excuser avec des airs de boxeur serrant la main à son adversaire à la fin
d’un combat. » Montagu avait conscience de ses points faibles.
« J’aurai peut-être dû être plus patient, dit-il une fois. Je pense qu’il
est juste de dire que je ne tolère pas les imbéciles. » En vérité, il
devint plus patient et tolérant avec l’âge. Il devint aussi plus pieux, se
consacra à de nombreuses œuvres caritatives et devint président de la Synagogue
unie.
    La vie de Montagu avait été extraordinaire : il avait
été successivement avocat, officier de renseignement et écrivain. Juge on ne
peut plus sérieux, il conserva son côté gamin et son talent pour
l’autodérision. Sans son « extrême prudence mêlée à son extrême
audace », l’opération Mincemeat n’aurait jamais eu lieu. D’une certaine
façon, le plan reflétait son sens du ridicule et son penchant pour le macabre,
ainsi que son engagement. En 1980, une photographie de Jean Gerard Leigh parut
dans le Times lorsque son mari fut nommé CBE. « Chère “Pam”,
écrivit Montagu, alors âgé de soixante-dix-neuf ans. J’ai cru voir un revenant
en ouvrant mon journal aujourd’hui, et je ne peux m’empêcher de revêtir à mon
tour l’habit du fantôme pour t’envoyer mes félicitations. À toi pour toujours,
Ewen (alias major William Martin). »
    Peu avant sa mort, Montagu reçut une lettre de la part d’un
père de deux jeunes Canadiennes qui avaient lu ses exploits pendant la guerre
et qui demandaient un souvenir. Il répondit immédiatement en joignant
« l’un des boutons que je portais pendant l’opération Mincemeat »,
accompagné de quelques conseils : « Gardez un vrai sens de l’humour.
Par vrai, je n’entends pas seulement être capable de reconnaître une blague,
mais être capable de rire sincèrement de soi-même. »
    Ewen Montagu mourut en 1985, à l’âge de quatre-vingt-quatre
ans, croyant qu’il avait caché avec succès, pour toujours, l’identité du corps
utilisé pour l’opération Mincemeat.
    En 1980, Roger Morgan, urbaniste municipal à Londres et
infatigable historien amateur, entama des recherches sur l’histoire de
l’opération Mincemeat. Il écrivit à Montagu et le rencontra. Comme tous les
prétendus détectives, il reçut une réponse aussi courtoise que peu coopérative.
Comme presque tous les autres, Morgan en conclut que le secret de l’identité du
major Martin était mort avec Montagu : l’homme qui n’avait jamais existé
n’existerait jamais. Puis, en 1996, Morgan feuilletait un nouveau lot de
dossiers gouvernementaux déclassifiés lorsqu’il tomba sur un rapport en trois
volumes sur les activités d’Ewen Montagu pendant la guerre, dont un exemplaire
du compte rendu officiel de l’opération Mincemeat,
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