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Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale
Autoren: Ben Macintyre
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absorbés dans le personnage fictif et ses habitudes dont ils
étaient les auteurs, n’avaient-ils pas repéré l’erreur ? Pourquoi,
d’ailleurs, les Allemands étaient-ils passés à côté de cette preuve criante que
les documents n’étaient pas authentiques et qu’ils avaient été créés de toutes
pièces ?
    Quand je suis retourné aux archives, j’ai découvert que loin
d’être une erreur, la lettre mal adressée faisait partie du plan. L’enveloppe
contenant la lettre de relance du directeur de la banque était bien adressée à
Martin au Club de l’Armée et de la Marine, mais le nom du club avait été rayé
et la mention « inconnu à cette adresse » avait été griffonnée
au-dessous. « Essayez le Club Naval et Militaire, 94 Piccadilly. »
L’enveloppe avait été oblitérée deux fois : la première le 14 avril,
et la seconde, lorsque la poste la fit suivre à la bonne adresse, le
18 avril – le jour même où Bill Martin est censé être arrivé au club.
    Loin d’être une erreur, la lettre mal adressée était un
autre moyen de renforcer l’apparente authenticité des documents. Si les Allemands
repéraient cet autre petit tour subtil, ils en déduiraient uniquement que Bill
Martin était une vraie personne, qui avait un directeur de banque, qui avait
commis une vraie erreur (même si elle était minime) lorsqu’il lui a demandé de
combler son découvert. Si Bill Martin était réel, ses documents officiels
sembleraient aussi plus réels.
    Je ne peux pas m’empêcher de croire que l’enveloppe mal
adressée était aussi une blague, que seuls les officiers pouvaient apprécier,
aux dépens d’Ernest Whitley Jones, le pompeux directeur général adjoint de la
Lloyds Bank : les directeurs de banque ont beau être extrêmement
efficaces, voire péremptoires, lorsqu’ils exigent que l’on comble un découvert
bancaire, ils ne font pas la différence entre les clubs des différents corps
d’armée.
Périmé
    On me fit remarquer une autre bizarrerie dans les effets
personnels de Bill Martin après la publication : le laissez-passer du
major pour le quartier général des Opérations Combinées était périmé, puisqu’il
est clairement écrit « Non Valide après le 31 mars 1943 ».
C’était un autre moyen de réaffirmer la personnalité désorganisée, rêveuse et
peu attachée aux détails de Martin. Sa carte d’identité munie d’une
photographie soulignait aussi cet aspect, puisqu’elle avait été émise « En
remplacement de la carte numéro 09650 déclarée perdue. » Cela éveillerait
aussi les soupçons de n’importe quel officier des renseignements allemands qui
se demanderait pourquoi la carte d’identité paraissait si neuve (malgré les
tentatives de Montagu pour lui donner la patine de l’usage). Le major Martin
était simplement le genre de personne qui dépensait 53 livres pour une
bague en diamant malgré un découvert bancaire, qui perdait sa carte d’identité
et qui oubliait de renouveler son laissez-passer officiel. Mais le sésame
périmé pose un petit mystère : si le major Martin fictif ne pouvait pas
entrer au quartier général des Opérations Combinées, comment a-t-il pu
récupérer les lettres de Lord Mountbatten ? Nous ne le saurons jamais,
évidemment, puisque cela ne s’est jamais produit.
    Le nom de Martin fut notamment choisi parce qu’il y avait
plusieurs Martin dans les Royal Marines, mais aussi parce que le vrai William
Martin avait le bon âge, le bon rang et était suffisamment loin pour ne pas
créer de problèmes. Le fils de William Hynd Norrie Martin, Peter Martin,
m’écrivit pour m’expliquer qu’en 1943, son père était l’« Assistant du
Superintendant du centre d’entraînement de l’aviation britannique à Quonset
Point, dans le Rhode Island, et qu’il était chargé de l’entraînement et de la
reconversion du personnel aérien britannique sur les avions de type Avenger et
Vought Corsair ». Mais ce nom fut aussi choisi parce qu’il commençait par
un « M ». Grâce aux interceptions Ultra transmises par Bletchley
Park, Montagu savait que les Allemands n’avaient que le premier volume de la
Liste de la Navy, allant des lettres A à L. S’ils voulaient vérifier son
identité, il faudrait qu’ils se procurent le second volume, ou qu’ils fassent
appel à des intermédiaires qui y avaient accès. Par conséquent, toute tentative
de vérification apparaîtrait probablement dans les
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