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Notre France, sa géographie, son histoire

Notre France, sa géographie, son histoire

Titel: Notre France, sa géographie, son histoire
Autoren: Jules Michelet
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le Rhône
     l'excentrique Marseille. Le tourbillon de la vie nationale a toute sa densité
     au Nord ; au Midi les cercles qu'il décrit se relâchent et
     s'élargissent.
    Le vrai centre s'est marqué de bonne heure ; nous le trouvons
     désigné au siècle de saint Louis, dans les deux ouvrages qui ont commencé notre
     jurisprudence : ÉTABLISSEMENT DE FRANCE ET D'ORLÉANS ; — COUTUMES DE
     FRANCE ET DE VERMANDOIS 1 . C'est entre l'Orléanais et le
     Vermandois, entre le coude de la Loire et les sources de l'Oise, entre Orléans
     et Saint-Quentin, que la France a trouvé enfin son centre, son assiette et son
     point de repos. Elle l'avait cherché en vain, et dans les pays druidiques de
     Chartres et d'Autun, et dans les chefs-lieux des clans galliques, Bourges,
     Clermont ( Agendicum, urbs, Arvernorum ). Elle l'avait cherché dans les
     capitales de l'église Mérovingienne et Carlovingienne, Tours et Reims.
    La France capétienne du roi de
     Saint-Denys 2 ,
     entre la féodale Normandie et la démocratique Champagne, s'étend de
     Saint-Quentin à Orléans, à Tours. Le roi est abbé de Saint-Martin de Tours, et
     premier chanoine de Saint-Quentin. Défenseur des églises, il guerroyait
     saintement le brigandage des seigneurs de Montmorency et du Puiset et
     l'exécrable férocité de Coucy.
    Orléans étant le coude de la Loire, le lieu où se rapprochent les
     deux grands fleuves, la clef du Midi, et la grande route aussi du Nord, le
     passage éternel des soldats, le sort de cette ville a été souvent celui de la
     France ; les noms de César, d'Attila, de Jeanne d'Arc, des Guises,
     rappellent tout ce qu'elle a vu de sièges et de guerres. Jeanne d'Arc contre
     les Anglais Guise contre les calvinistes. A l'époque où les brigandages des
     Armagnacs firent passer toutes les villes dans le parti bourguignon, Orléans
     resta fidèle.
    La sérieuse Orléans 3 est près de la Touraine, près de la molle
     et rieuse patrie de Rabelais, comme la colérique Picardie à côté de l'ironique
     Champagne. L'histoire de l'antique France semble entassée en Picardie. La
     première victoire de Pépin qui est considérée comme la chute de la famille de
     Clovis fut remportée à Testry, entre Saint-Quentin et Péronne. La royauté, de
     Clovis à Charles le Chauve, résidait à Soissons 4 , à Crépy, Verbery, Attigny. Vaincue par la
     féodalité, elle se réfugia sur la montagne de Laon. Laon, sur son inaccessible
     sommet, fut la ville royale et eut le triste honneur de défendre les derniers
     Carlovingiens. Il fallut que les ravages des Normands fussent passés, pour que
     nos rois de la troisième race se hasardassent à descendre en plaine, et
     vinssent s'établir à Paris, dans l'île de la Cité, à côté de Saint-Denis,
     berceau de la monarchie et tombe de nos rois.
    Laon, Péronne, Saint-Médard de Soissons, asiles et prisons tour à
     tour, reçurent Louis le Débonnaire, Charles le Simple, Louis d'Outremer, Louis
     XI. La royale tour de Laon a été détruite en 1832 ; celle de Péronne dure
     encore. Elle dure, la monstrueuse tour féodale des Coucy
     
    Je ne suis roi, ne duc, prince, ne comte aussi,
    Je suis le sire de Coucy.
     
    Les révolutions communales qui se font partout, à petit bruit, vers
     l'an 1100 pour la revendication de la liberté, ont commencé dans les villes du
     centre, dans l'Oise, dans la Somme 5 . Ici le peuple
     s'adresse directement au roi pour faire garantir solennellement des concessions
     souvent violées par les seigneurs laïques et ecclésiastiques. C'est à ces
     villes qu'on a plus particulièrement donné le nom de communes ou, pour
     être plus exact, de bourgeoisies .
    C'est dans la vaillante et colérique Picardie dont ces communes
     avaient si bien battu les Normands, c'est dans le pays de Calvin et de tant
     d'autres esprits révolutionnaires, qu'eurent lieu ces explosions. Les premières
     communes furent Noyon, Beauvais, Laon, les trois pairies ecclésiastiques.
     Joignez-y Saint-Quentin. L'Église avait jeté les fondements d'une forte
     démocratie. Cambrai, Douai ont encore une grande figure ecclésiastique,
     militaire, universitaire.
    Elles furent héroïques, nos communes picardes et combattirent
     bravement. Elles eurent aussi leur beffroi, leur tour, non pas inclinée et
     vêtue de marbre, comme les miranda d'Italie, mais parées d'une cloche
     sonore qui n'appelait pas en vain les bourgeois à la bataille contre l'évêque
     ou le
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