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Notre France, sa géographie, son histoire

Notre France, sa géographie, son histoire

Titel: Notre France, sa géographie, son histoire
Autoren: Jules Michelet
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mort tout reviendrait au roi.
    Mais, Anne voulut garder son royaume dans le royaume, en maintenant
     cette puissance de Bourbon que, par elle, son père avait compté détruire.
     C'était comme une dernière tour du monde féodal qui restait debout au cœur de
     la France. Elle ne pouvait consentir à tomber qu'en se transformant, devenant
     trône de France. Anne de Feaujeu y mit pour gardien, en lui faisant épouser sa
     fille, — l'homme brillant, dangereux et fatal que François I er fit
     connétable, et qui, en retour, somma le roi de France de se rendre son
     prisonnier à Pavie.
    Traître à la France, traître à l'Italie, notre alliée, Bourbon s'en
     alla, ensuite, faire le sac de Rome pour le compte de l'empereur. Il voulut
     donner lui-même l'assaut, monter à l'échelle.
    Une balle l'atteint, il se sent mort.
    Morte aussi, de ce jour, fut la féodalité. La même heure marqua sa
     dernière et suprême ruine. La France, désormais, s'appartenait tout
     entière.

XXX
    L'ORLÉANAIS - LA PICARDIE
    CENTRE D'ATTRACTION
    Pour trouver le vrai centre de la France, le noyau autour duquel
     tout devait s'agréger, il ne faut pas prendre le point central dans
     l'espace : Bourges et le Bourbonnais, berceau de la dynastie. Il ne faut
     pas chercher la principale séparation des eaux, ce seraient les plateaux de
     Dijon ou de Langres, entre les sources de la Saône, de la Seine et de la
     Meuse ; pas même le point de séparation des races, ce serait sur la Loire,
     entre la Bretagne, l'Auvergne et la Touraine. Non, le centre s'est trouvé
     marqué par des circonstances plus politiques que naturelles, plus humaines que
     matérielles. C'est un centre excentrique, qui dérive et appuie au Nord,
     principal théâtre de l'activité nationale, dans le voisinage de l'Angleterre,
     de la Flandre et de l'Allemagne. Protégé, et non pas isolé, par les fleuves qui
     l'entourent, il se caractérise selon la vérité par le nom d'Ile-de-France.
    On dirait, à voir les grands fleuves de notre pays, les grandes
     lignes de terrains qui les encadrent, que la France coule avec eux à l'Océan.
     Il semblerait que, par analogie, les populations, aux temps modernes, ont coulé
     d'ensemble avec les fleuves. Nous avons vu qu'il n'en fut pas ainsi au moyen
     âge, que les fleuves ne furent pas des routes. Sans compter les innombrables
     péages, les rivières du Midi vont à la mer en véritables torrents. Au Nord, les
     pentes sont peu rapides, les fleuves sont dociles. Ils n'ont point empêché la
     libre action de la politique de grouper les provinces autour du centre qui les
     attirait.
    La Seine, doucement épanchée des coteaux de la Bourgogne
     (Côte-d'Or), est en tous sens le premier de nos fleuves, le plus civilisable,
     le plus perfectible. Elle n'a ni la capricieuse et perfide mollesse de la
     Loire, ni la brusquerie de la Garonne, ni la terrible impétuosité du Rhône, qui
     tombe comme un taureau échappé des Alpes, perce un lac de dix-huit lieues, et
     vole à la mer, en mordant ses rivages. La Seine reçoit de bonne heure
     l'empreinte de la civilisation. Dès Troyes, elle se laisse couper, diviser à
     plaisir, allant chercher les manufactures et leur prêtant ses eaux. Lors même
     que la Champagne lui a versé la Marne, et la Picardie l'Oise, elle n'a pas
     besoin de fortes digues, elle se laisse serrer dans nos quais, sans s'en
     irriter davantage. Entre les manufactures de Troyes et celles de Rouen, elle
     abreuve Paris. De Paris au Havre, ce n'est plus qu'une ville. Il faut la voir
     entre Pont-de-l'Arche et Rouen, la belle rivière, comme elle s'égare dans ses
     îles innombrables, encadrées au soleil couchant dans des flots d'or, tandis
     que, tout du long, les pommiers mirent leurs fruits, jaunes et rouges, sous des
     masses blanchâtres. Je ne puis comparer à ce spectacle que celui du lac de
     Genève. Le lac a de plus, il est vrai, les vignes de Vaud, Meillerie et les
     Alpes. Mais le lac ne marche point ; c'est l'immobilité, ou du moins
     l'agitation sans progrès visible. La Seine marche, et porte la pensée de la
     France, de Paris vers la Normandie, vers l'Océan, l'Angleterre, la lointaine
     Amérique.
     
    Paris a pour première ceinture, Rouen, Amiens, Orléans, Châlons,
     Reims, qu'il emporte dans son mouvement. A quoi se rattache une ceinture
     extérieure, Nantes, Bordeaux, Clermont et Toulouse, Lyon, Besançon, Metz et
     Strasbourg. Paris se reproduit en Lyon pour atteindre par
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