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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud
Autoren: Elizabeth Gaskell
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malaisé, pour moi du moins, de le mettre à exécution.
    — Vous êtes fâché, dit-elle avec tristesse. Mais qu’y puis-je ?
    Elle paraissait si sincèrement chagrinée qu’il lutta un moment
contre sa très réelle déconvenue, puis repartit sur un ton plus léger, mais où perçait
encore une certaine pique :
    — Vous devriez vous montrer indulgente non seulement pour
la mortification d’un amoureux, Margaret. Mais aussi pour celle d’un homme qui ne
s’abandonne en général pas aux élans du sentiment, un homme prudent – mondain, estiment
certains – et qui a laissé la force d’une passion le faire dévier de ses habitudes...
certes, nous n’en dirons pas davantage sur ce sujet ; mais la seule fois où
il s’est autorisé à exprimer les sentiments les plus nobles et les plus profonds
de sa nature, il s’est vu rejeté et refusé. Je devrai me consoler en méprisant ma
propre folie. Un avocat débutant, songer au mariage !
    Margaret ne trouva rien à répondre. Le ton qu’il avait pris lui
déplaisait. On eût dit qu’il mettait le doigt sur tous les points litigieux et toutes
les différences qui avaient souvent rebuté Margaret chez lui et les faisait ressortir,
alors qu’il était cependant l’homme le plus agréable, l’ami le plus complice, la
personne qui de toutes la comprenait le mieux à Harley Street. Elle sentit une petite
bouffée de mépris se mêler à la peine qu’elle éprouvait d’avoir refusé sa proposition.
Sa belle bouche esquissa une légère moue dédaigneuse. Heureusement, après avoir
effectué le tour du jardin, ils tombèrent soudain sur Mr Hale, dont ils avaient
complètement oublié où il s’était installé. Il n’avait pas encore fini sa poire,
qu’il avait pelée délicatement, ne faisant qu’une seule épluchure aussi fine que
du papier de soie, et il la savourait sans hâte. On eût dit l’histoire de ce monarque
oriental qui avait trempé la tête dans une bassine d’eau sur l’ordre d’un magicien
et qui, avant de la sortir aussitôt, avait eu la sensation de vivre l’expérience
d’une existence entière. Margaret, encore sous le choc, eut du mal à retrouver assez
d’aplomb pour participer à la conversation banale qui s’ensuivit entre son père
et Mr Lennox. Elle était d’humeur grave, et peu disposée à parler ; elle
fut très étonnée lorsque Mr Lennox annonça qu’il voulait partir, lui offrant
ainsi le loisir de revenir en esprit sur les événements du dernier quart d’heure.
Il éprouvait presque autant de hâte à prendre congé qu’elle-même à le voir partir ;
pourtant, quelques minutes de propos légers et insouciants, qu’il tint quoi qu’il
lui en coûtât, étaient une concession nécessaire à sa vanité blessée, ou à son amour-propre.
De temps à autre, il regardait le visage triste et pensif de Margaret.
    « Je ne lui suis pas aussi indifférent qu’elle le croit,
se disait-il. Je n’abandonne pas tout espoir. »
    Un quart d’heure ne s’était pas écoulé qu’il avait adopté un
ton d’ironie tranquille ; il parla de la vie à Londres et de la vie à la campagne
comme s’il était conscient du côté railleur de sa seconde nature, et qu’il redoutait
sa propre verve satirique. Mr Hale en fut troublé. Son visiteur s’avérait fort
différent de l’homme qu’il avait côtoyé au repas de noces puis au déjeuner de ce
jour même ; un homme plus léger, plus spirituel et plus mondain, ce qui le
lui rendait peu sympathique. Lorsque Mr Lennox annonça qu’il devait partir
sans plus tarder s’il voulait prendre le train de cinq heures, ce fut un soulagement
pour tous trois. Ils regagnèrent la maison afin que Mr Lennox prenne congé
de Mrs Hale. Au dernier moment, la véritable nature de ce dernier apparut derrière
la carapace.
    — Margaret, ne me méprisez pas. J’ai un cœur, malgré tous
ces discours hors de propos. La preuve en est que je crois vous aimer plus que jamais
– si je ne vous hais point – à cause du dédain avec lequel vous m’avez écouté pendant
cette dernière demi-heure. Au revoir, Margaret... Margaret !

 
     
     
     
     
     
     
     
     
    CHAPITRE
IV
     
    Doutes et difficultés
     
     
     
    Oh, jette-moi
sur une grève nue
    Où je
ne verrai rien de plus
    Qu’une
triste épave oubliée,
    Mais
si tu y es, ô seigneur
    Le bruit
de la mer déchaînée
    Ne me
paraîtra que douceur
    Habington [11] .
     
     
    Il était parti. On avait fermé la maison pour
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