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Noir Tango

Noir Tango

Titel: Noir Tango
Autoren: Régine Deforges
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venant
du hangar.
    Il obéit, suivi de Samuel.
    Une grenade lancée par Uri explosa sur une
voiture, qui prit feu immédiatement. Du véhicule sortirent trois silhouettes en
flammes qui se mirent à courir vers le bois : une à une elles s’effondrèrent.
Dans les lueurs de l’incendie, ils virent Amos se diriger vers eux en
zigzaguant. Il allait atteindre le hangar quand une grenade explosa près de lui.
    — Amos ! cria Uri en se
précipitant vers lui.
    Samuel se cacha les yeux de sa main valide. François,
impuissant, regardait Uri serrer contre lui le corps déchiqueté de son ami. Vanderveen
tira en direction de l’éolienne ; quelqu’un tomba en hurlant dans le
brasier.
    On n’entendait que le crépitement des
flammes et les sanglots d’Uri. François Tavernier et Rik Vanderveen s’approchèrent.
Uri se redressa, le visage sali, barbouillé de larmes. Il releva sa
mitraillette et s’avança vers le Flamand qui, lentement, leva les mains. Une
rafale interrompit son geste. Il tomba, mort, aux pieds de François.
    Telles deux fauves,
les deux femmes tournaient en silence sans se quitter des yeux ; une même
haine les habitait, annihilant toute peur. Elles étaient effrayantes à voir, les
cheveux hérissés, la face grimaçante, la bouche bavante. Sarah avait une arme, l’autre
n’en avait plus. On n’entendait que leur souffle haletant.
    Dans l’alcôve, Léa reprenait connaissance. Tout
à l’heure, elle avait cru voir François… Elle avait rêvé, elle était seule. Seule ?…
non !… Sarah souriait et c’était terrifiant. Rosa souriait également et c’était
horrible… folles, elles étaient folles… Sarah lâcha une rafale de mitraillette
qui pulvérisa la jambe droite de son ennemie… le sourire sinistre disparut… Sarah
riait en tirant sur l’autre jambe… l’Allemande ne criait pas… sur le dos, elle
ressemblait à un insecte mutilé…
    —  Jetzt gehörst Du mir, [131] cracha Sarah.
    —  Scher Dich zum Teufel, du Hure ! [132]
    — Wie in Ravensbrück, wird’s lange dauern. Erinnere Dich dran… [133]
    Une rafale arracha la main gauche, puis la
main droite… Sarah riait, un air de bonheur répandu sur son visage redevenu
lisse et beau… « Comment cela est-il possible », se demandait Léa, fascinée…
il y avait du sang partout… Sarah en était tout éclaboussée… elle riait… elle
jeta la mitraillette inutile… et tira de la poche de sa robe un couteau dont
elle fit jaillir la lame puis, se ravisant, le referma… Léa s’était redressée, à
genoux sur le divan, les mains pressées contre sa poitrine… Sarah se penchait
vers l’insecte mutilé… se mit à califourchon sur sa proie… un hurlement jaillit
de la carcasse sanglante… Léa hurlait… Sarah riait… comme elle riait… un œil
roulant entre ses doigts… Léa s’était rejetée en arrière… un coup de feu claqua…
    — Non… elle est à moi !
    D’une balle entre les deux yeux, Tavernier
venait d’abattre Rosa Schaeffer.
    La voix de Samuel :
    — Mon Dieu !…

32.
    Les semaines qui suivirent la mort d’Amos
Dayan et de Rosa Schaeffer furent pour tous un cauchemar. Sans cesse Léa
revoyait Sarah brandissant l’œil de son bourreau devenu victime. La présence de
François, venu s’installer au « Plaza », apaisa un peu ses angoisses.
Elle avait revu Ernesto avec lequel elle faisait de longues promenades à
travers Buenos Aires. Par son père il avait su ce qui c’était passé àl’ estancia Castelli. Il faisait en sorte de distraire la jeune fille de ses noirs
souvenirs. Victoria Ocampo s’y essayait aussi en l’emmenant chaque fin d’après-midi
au cinéma.
    Le 25 mai, jour de la fête nationale, Léa
revit Eva Perón, resplendissante dans une robe en lamé or au théâtre Colon en
compagnie de Vladimir d’Ormesson et des ambassadeurs de Grande Bretagne et des États-Unis.
    En juin, Victoria Ocampo l’emmena écouter le
récital de Charles Trenet dans les studios de la radio El Mondo. Léa eut du mal
à retenir ses larmes, cela sentait si bon Paris. Le même mois, Jo Bouillon
présentait Joséphine Baker au « Politeomo ». Là, quand elle entendit
la chanson : J’ai deux amours, mon pays et Paris , elle pleura.
    — Je crois pour toi qu’il est temps de
rentrer, lui murmura tendrement François.
    Elle posa sa tête contre son épaule.
    — Je ne rentrerai qu’avec toi.
    Samuel Zederman s’était remis de sa blessure
et était reparti pour Munich.
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