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No Angel

Titel: No Angel
Autoren: Jay Dobyns
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était dans la dernière ligne droite. Avec un peu de chance on deviendrait, Timmy et moi, des Hells Angels à part entière et JJ une vraie gonzesse de HA* {1} .
    Avec un peu de chance.

 
 
 
 
DEUXIÈME PARTIE
 
LE DÉBUT

2
 
BAPTÊME DU FEU
    19 novembre 1987
     
    Je ne suis pas issu d’une famille de flics. Je n’ai pas grandi dans les cités et je n’ai pas été battu par un père alcoolique. J’ai été élevé dans la classe moyenne de l’Amérique blanche avec un vélo, un gant de baseball et des vacances en famille. Je jouais au football et je jouais bien. À l’université, j’étais ailier au sein des Arizona Wildcats. Lors de cette première année, 1982, je participai au stage d’automne à Douglas, un enfer où il faisait trente-huit degrés, où l’on jouait deux matchs par jour. Le terrain d’entraînement était en plein désert. Pelouse, lignes de touche, soixante centimètres de caillasse puis les cactus.
    Presque tous les ailiers cherchent à distancer la défense pour obtenir des passes qui donnent la victoire, à attraper le ballon au-dessus de l’épaule et à sauter la reine de la promotion. Je n’aurais pas refusé la reine de la promotion, mais je n’étais pas ce type d’ailier. Les coachs le savaient et m’avaient placé en sixième position sur la feuille d’entrée enjeu. Il fallait que ça change.
    On m’envoyait sur le terrain à chaque fois qu’une course en diagonale était nécessaire ou qu’il fallait se débarrasser d’un secondeur {2} . Au cours d’un match, alors que je devais longer la touche, la balle fut trop longue. Je franchis la ligne, me retrouvai dans le désert, plongeai, attrapai le ballon et atterris sur des chollas, les cactus les plus mauvais. Je passai le reste de l’entraînement en compagnie des coachs, qui retirèrent les épines de mes bras et de mon visage avec des pinces à épiler. Les autres joueurs se moquèrent de moi : quel imbécile va chercher une balle trop longue parmi les chollas ?
    Le lendemain, je regardai la feuille d’entrée en jeu. J’avais la première place et, pendant le reste de ma carrière universitaire, j’ai refusé de la céder, même à des joueurs très rapides.
    Quand j’ai obtenu mon diplôme, j’étais parmi les dix finalistes de la région Pacifique. Quelques recruteurs s’intéressèrent à moi et je participai au stage de la Ligue nationale de football, mais à l’instant où j’entrai sur le terrain, je compris que mes chances étaient minces, voire inexistantes. Un des recruteurs me le fit parfaitement comprendre ; il me dit : « Je peux apprendre à ces types à attraper le ballon comme tu le fais, mais je ne peux pas t’apprendre à courir plus vite. » Comparativement aux gars qui montaient cette année-là, j’étais comme de la mélasse dans du ciment. Des types tels que Vance Johnson, Al Toon, Andre Reed, Eddie Brown et Jerry Rice. Vous avez peut-être entendu parler de certains d’entre eux ?
    J’étais sûr de pouvoir bricoler une carrière de deux ou trois ans, mais il faudrait que je fasse mes preuves chaque année, pendant le stage, et je ne serais de toute façon que le troisième ou le quatrième choix. Mes rêves s’effondraient et je ne savais pas quoi faire. J’étais trop habitué aux encouragements du public, trop accro à l’adrénaline, pour renoncer.
    Finalement, je choisis les forces de l’ordre. J’étais jeune et j’acceptais l’image des flics que présente Hollywood. J’envisageai le FBI et le Secret Service, mais me retrouvai au Bureau of Alcool, Tobacco and Firearms… l’ATF. Et c’est là que le sportif universitaire vedette s’est transformé en flic infiltré endurci.
    C’est arrivé pendant une de mes premières missions de formation et ça s’est passé comme ça :
    Nous devions arrêter un nommé Brent Provestgaard, qui venait de sortir de prison et qu’on disait en possession d’un .38 Rossi. On devait le coffrer grâce au délit qui fait le pain blanc de l’ATF : ancien détenu en possession d’une arme à feu, 18 USC section 922 (g)(1)* {3} .
    J’étais chargé de couvrir le périmètre extérieur en compagnie de mon formateur, Lee Mellor. Nous avions une Monte Carlo miteuse de 1983. Nous venions d’interroger la mère de Provestgaard chez elle, au sud de l’aéroport de Tucson, au croisement de Creeger Road et d’Old Nogales Highway. Elle avait dit qu’il n’était pas là mais qu’il devait rentrer d’un
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