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No Angel

Titel: No Angel
Autoren: Jay Dobyns
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seconde.
    — Ouais, exact.
    On jeta deux ou trois pelletées de terre sur le cadavre, puis on prit des photos. On lui ôta son blouson des Mongols, qu’on mit dans un carton de FedEx. On monta en voiture et on prit le chemin du retour, de Phoenix.
    Timmy conduisait. Je téléphonais.
    J’allumai une cigarette et attendis que quelqu’un, au siège du club, décroche.
    Avaler la fumée. La garder. Clic.
    — Skull Valley.
    — Bobby, c’est Bird.
    — Bird ? Qu’est-ce qu’il y a ?
    — Teddy est là ?
    — Non, pas en ce moment.
    La voix de Bobby Reinstra était sans humour et sans émotion.
    — On rentre.
    — Qui ça, on ?
    Avaler la fumée. La garder.
    — Moi et Timmy.
    — Pas Pops ?
    — Pas Pops. Il est resté au Mexique.
    — Donc Pops n’est plus des nôtres.
    Je l’entendis allumer une cigarette… il s’était remis à fumer depuis qu’il avait fait ma connaissance.
    — C’est ça, mec.
    — Whoa.
    Bobby tira sur sa cigarette. Avala la fumée. La garda.
    Je dis :
    — On devrait peut-être parler de ça plus tard, tu crois pas ?
    Il revint sur terre.
    — Ouais, ouais, évidemment. Vous arriverez quand ?
    — Bientôt. Je t’appellerai quand on sera dans la vallée.
    — OK. Soyez prudents.
    — T’en fais pas pour ça. À demain.
    — OK. À plus.
    — À plus.
    Je fermai le mobile et me tournai vers Timmy.
    — Il a marché. La mort de Pops devrait jouer en notre faveur.
    Timmy acquiesça presque imperceptiblement. Il pensait sans doute à sa femme et à ses mômes. Par-dessus tout, Timmy était convenable. Je regardai au-delà de sa tête. L’asphalte, les pins de Californie bruns, le quadrillage de Phoenix, Arizona, en fin d’après-midi, défilaient derrière son profil comme un crépuscule de cinéma.
     
    Le lendemain après-midi on bouffait, JJ, Timmy et moi, dans un Pizza Hut. On n’avait pas encore vu Bobby ni les autres gars. On voulait que la tension monte.
    Le téléphone de JJ sonna. Elle jeta un coup d’œil sur l’écran puis se tourna vers moi. Je haussai les épaules, fourrai une tranche de salami dans ma bouche et hochai la tête.
    Elle ouvrit l’appareil.
    — Allô ?
    Elle sourit puis reprit :
    — Salut Bobby. Non, j’ai pas de nouvelles. Tu en as ? Quand ? Qu’est-ce qu’il a dit ? Quoi ?   ! Bobby, qu’est-ce que c’est que cette connerie ? Pops est… Pops est mort ?
    Elle poursuivit, moins fort, prononçant les mots d’une voix étranglée, hésitante sous l’effet de la peur.
    — Bobby, tu me flanques la trouille ! Je ne sais pas ce qui se passe, bordel. Tout ce que je sais c’est qu’un colis de FedEx est arrivé ce matin. Il venait de Nogales, au Mexique.
    Elle éloigna l’appareil de son oreille et mit une tranche de poivron rôti dans sa bouche. Elle but une gorgée de thé glacé.
    — Pas question, Bobby ! J’ouvre rien. Non. Laisse tomber. Pas tant que Bird sera pas rentré.
    La peur de JJ était convaincante et efficace. Notre plan semblait marcher.
    Je m’appuyai contre le dossier de la banquette en cuir. Nous ne ressemblions pas aux flics moyens – même pas aux flics infiltrés moyens –, nous étions très spectaculaires. Timmy et moi avions le crâne rasé ; nous étions très musclés et couverts de tatouages. JJ était mignonne, plantureuse et concentrée. Mes yeux étaient bleus et toujours pétillants, ceux de Timmy marron et sages, ceux de JJ verts et enthousiastes. Chacun de mes longs doigts osseux portait l’armure d’une bague en argent représentant un crâne, des serres ou un éclair. Mon long bouc broussailleux formait une vague natte irrégulière. JJ et moi portions un maillot de corps et Timmy avait un T-shirt noir sans manche sur lequel était écrit, à l’endroit du cœur : SKULL VALLEY – ÉQUIPE DE NUIT. Je portais un pantalon militaire kaki et des tongs ; ils étaient en jean et bottes de moto. Nous avions tous les trois au moins une arme à feu. En Arizona, on peut en porter une quand elle est visible, donc pourquoi s’en priver ?
    JJ poursuivit :
    — Pas question, Bobby. Je n’apporterai pas le colis. J’attends que Bird soit rentré. D’accord. D’accord. Salut.
    Elle raccrocha. Elle se tourna à nouveau vers nous et demanda, sarcastique :
    — Alors, chéri, tu rentres quand ?
    Je souris.
    — Très vite. Ouais, très vite.
    — OK ! Je meurs d’impatience !
    On éclata de rire puis on termina le repas. On trimait depuis des mois et on
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