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No Angel

Titel: No Angel
Autoren: Jay Dobyns
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l’autre ? ou, ou, ou… que je fasse tomber la clé. Si je mourais, il mourrait aussi. Je sortis la clé et la laissai tomber sur le tapis de sol.
    Je dis :
    — La clé m’a glissé entre les doigts.
    — Fils de pute !
    Je me penchai et Provestgaard aussi. Mellor, qui était le plus proche du côté du conducteur, glissa son revolver à l’intérieur de la voiture par la vitre arrière partiellement ouverte, et vida son arme. D’autres tirèrent. Provestgaard, le corps secoué par les balles qui lui ramonaient le cœur et les poumons, appuya involontairement sur la détente du Rossi. La balle pénétra entre mes omoplates, manqua ma colonne vertébrale de peu, perça le haut de mon poumon gauche et sortit sous ma clavicule.
    Provestgaard eut droit au dernier soupir.
    J’eus droit à un trou dans la poitrine.
    On appelle cela un pneumothorax : lorsqu’on inspire, l’air entre par la plaie entre les deux plèvres. Le sang jaillissait de la blessure comme l’eau d’un tuyau d’arrosage.
    On nous sortit de la voiture. Provestgaard fut menotté (on ne peut qu’apprécier les procédures policières dans un tel moment) et allongé par terre, sur le dos. On me mit sur la banquette arrière, sur le sang, la bile et les larmes de Provestgaard, puis Thomason prit le volant et démarra en trombe. Je perdis et repris connaissance tandis que Thomason filait sur Dale Earnhardt Jr. dans le crépuscule de Tucson.
    Je récitai le Notre Père et demandai à mes parents de m’excuser de ne pas être assez bon flic pour qu’ils soient fiers de moi. Puis je fis une petite sieste.
    Je repris connaissance à l’hôpital. J’étais sur un chariot, le plafond défilait à toute vitesse en bandes bleues et blanches, le bavardage discret mais inquiet des infirmières et des aides-soignantes emplissait mes oreilles. Au-dessus de moi je voyais deux narines noires, surmontées d’une mèche de cheveux châtains et d’une demi-lune de papier blanc. Une coiffe. Mon infirmière. Son regard semblait fixé au loin.
    Je demandai :
    — Est-ce que je… vais mourir ?
    Elle baissa la tête. Elle était jolie. Sa main gauche appuyait sur ma poitrine.
    — Vous êtes grièvement blessé. On ne le sait pas encore.
    À nouveau je perdis connaissance.
    Une douleur atroce dans la poitrine me réveilla. Un interne au visage d’adolescent était en train de glisser un tube transparent dans un trou ouvert au scalpel dans ma cage thoracique, afin d’éviter que je me noie dans mon propre sang. Le tube devait également servir à évacuer les caillots avant mon entrée en salle d’opération. Je n’avais jamais autant souffert et jamais je ne m’étais senti aussi mal. Un tube de deux centimètres de diamètre dans la poitrine fait le même effet… bon, qu’un tube de deux centimètres de diamètre dans la poitrine. Je n’étais pas anesthésié… ils n’en avaient pas eu le temps. J’étais en train de mourir. Je regardais le tube, lequel était relié à une pompe. Des tomates bouillies – mon sang et mes tripes – y circulaient. Quand il eut terminé, l’interne attira mon attention sur un écran vidéo. Il m’expliqua fièrement qu’ils avaient dévié mon artère fémorale afin de pouvoir plus aisément déplacer une caméra à l’intérieur de mon torse. Ils voulaient s’assurer que des fragments de balle n’avaient pas endommagé le cœur ni les artères. Je pensai : génial.
    Je m’évanouis une nouvelle fois.
    Quand je revins à moi, j’étais nu et gelé. Une infirmière était penchée sur mon ventre, un mince tube dans la main, et tentait de se retenir de rire. Je lui demandai ce qu’il y avait de si drôle. Je compris qu’elle se moquait de ma queue ratatinée, dont la taille aurait gêné un enfant de douze ans. Je rassemblai toutes mes forces et dis :
    — Vous pourriez respecter un type qui devrait être mort, et comment vous appelez-vous ?
    Elle se redressa et posa le cathéter. Elle me couvrit et plaça une main sur mon front. Je m’évanouis.
    Je me réveillai. J’étais dans un lit. Le lit se trouvait dans une salle de réveil. Les machines habituelles émettaient des bips. Il y avait des poches de perfusion, des fleurs et des ballons en feuille d’aluminium. Il y avait un ours en peluche énorme. Mes pieds étaient surélevés. Et un tube, proprement entouré de gaze blanche et de sparadrap, pénétrait dans ma poitrine. Un bip retentit, différent de ceux qui marquaient les rythmes
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