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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon
Autoren: André Castelot
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s’inquiète pas outre mesure des bruits de bottes qui viennent de Russie ou d’Autriche. Abattre l’Angleterre lui semble son objectif principal et il attache, de ce fait, une importance capitale aux mouvements et aux buts assignésà ses armées navales : « Elles auront une grande influence sur les destinées du monde », affirme-t-il. Au début de l’année, il a envoyé à Villeneuve, commandant la flotte de Toulon, l’ordre de partir « dans le plus court délai », avec toute son escadre, pour la Martinique. L’amiral devait avoir quitté la Méditerranée avant le 15 mars. Avec douze vaisseaux de guerre, sept frégates et trois bricks, il a reçu l’ordre de rallier d’abord, devant Cadix, les six vaisseaux de l’amiral espagnol Gravina, puis, de mettre le cap sur la Martinique, d’y retrouver le contre-amiral Missiessy et son escadre en provenance de Rochefort. De son côté, l’amiral Ganteaume, alors à Brest, devait appareiller « dans le plus court délai possible » pour Fort-de-France, avec son escadre forte de vingt et un vaisseaux, de six frégates et de deux flûtes : « Vous devez au préalable, spécifiait l’Empereur, embarquer sur chaque vaisseau cent cinquante hommes et sur chaque frégate quatre-vingts hommes. Vous aurez soin, en outre, que vos équipages soient complets et que vos garnisons soient composées d’hommes bien portants et en bon état... »
    Cependant, Ganteaume ne va pas pouvoir obtempérer : il se trouve bloqué dans le port de Brest par une escadre anglaise qui croise devant le goulet, et est plus puissante que ne l’imagine l’Empereur. Celui-ci communique, en effet, ses ordres avec entrain : « Vous tâcherez d’attaquer, et de prendre les sept ou huit vaisseaux de la croisière anglaise. Vous ferez au contre-amiral Gourdon, commandant notre escadre au Ferrol, composée de quatre vaisseaux et de deux frégates, et à l’escadre espagnole, le signal de vous joindre. Ayant ainsi rallié ces escadres, vous vous rendrez par le plus court chemin dans notre île de la Martinique. »
    Au total, les escadres réunies « dans notre île de la Martinique » devraient former une armada de quarante à cinquante vaisseaux de ligne. Pourquoi les envoyer ainsi, chacune de leur côté, rallier la lointaine mer des Caraïbes ? L’Empereur pensait, de cette manière, dérouter les Anglais et essouffler Nelson parti à la poursuite de Villeneuve. La flotte françaiseainsi rassemblée, sous le commandement de Ganteaume reviendrait vers l’Europe, attaquerait les vaisseaux anglais qui pourraient se trouver au travers d’Ouessant, forcerait ensuite le passage de la Manche, et occuperait enfin le détroit du pas de Calais pour protéger le futur débarquement de l’armée impériale en Angleterre... Tel était le plan mûri par Napoléon durant les premiers mois de l’année 1805 – plan que les marins d’aujourd’hui considèrent comme moins extravagant que certains l’ont pensé.
    Pour lui, traverser deux fois à la voile l’Atlantique paraissait aussi simple que d’ordonner à quelques brigades légères d’aller se cacher derrière un mamelon et de surprendre l’ennemi en surgissant le moment venu sur un champ de bataille... « En vous confiant le commandement d’une armée aussi importante, explique l’Empereur à Ganteaume, et dont les opérations auront tant d’influence sur les destinées du monde, nous comptons sur votre dévouement, sur vos talents et sur votre attachement à notre personne. »
    Le dévouement, les talents et l’attachement vont se trouver mis en échec par les courants, le calme plat et les marées qui semblent dédaigner les plans impériaux et obéir aux ordres de l’Amirauté britannique : Villeneuve, retardé dans son voyage, ne rencontre pas à Cadix les renforts espagnols escomptés. Il ne découvre, dans le port ibérique, que quelques « misérables bâtiments » armés par une tout aussi « misérable racaille » de matelots. Missiessy ne se trouve pas au rendez-vous martiniquais de Fort-Royal ! Quant à Ganteaume, il demeure bloqué à Brest. La puissante escadre britannique monte toujours la garde devant la sortie du goulet. « Soyez certain que les Anglais vont faire des expéditions de troupes et de vaisseaux pour l’Amérique », lui affirme cependant l’Empereur pour le tranquilliser – alors qu’il n’en sait absolument rien –, et, précise-t-il avec optimisme, « qu’ils ne garderont
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