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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon
Autoren: André Castelot
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leurs pays respectifs.
    Ce même soir, dans la chambre de Joséphine dont les fenêtres donnent sur le Duomo qui brille de mille feux, l’Empereur est d’une « gaieté folle », se frotte les mains et répète en riant :
    — Dieu me l’a donnée ; gare à qui la touchera !
    Comme l’a écrit Chateaubriand, en parlant de ces journées de Milan : « Un grand peuple réveillé ouvrait un moment les yeux. L’Italie sortait de son sommeilet se souvenait de son génie comme d’un rêve divin. » Elle possède, pour la première fois depuis des siècles, un souverain étranger peut-être, mais d’une race cousine de la sienne et qui parle sa langue. Les grands seigneurs se bousculent pour lui baiser les mains, et l’on voit dans les rues de Milan, les Italiens se jeter à plat ventre sur le passage du roi Napoleone, espérant – du moins la foule le clame – avoir le bonheur d’être écrasés par sa voiture... Il n’y eut, fort heureusement, pas de victime.
    Le cardinal Maury tremble à un tel point de crainte et d’admiration, en étant reçu par l’Empereur, que Napoléon condescend à le rassurer :
    — Remettez-vous, monsieur le Cardinal.
    — Sire, répond le prélat, je n’ai pas tremblé devant un grand peuple, mais je tremble devant un grand homme.
    Quelques jours plus tard, le Sénat de la république de Gênes, à la demande de son doge, sollicite, par vingt voix sur vingt-deux, sa réunion à l’Empire. En apprenant ces nouvelles, le tsar s’exclamera :
    — Cet homme est insatiable, son ambition ne connaît pas de bornes, il est un fléau pour le monde, il veut la guerre, il l’aura, et le plus tôt sera le mieux !
    Déjà, avant le couronnement, les Alliés s’étaient concertés pour la formation d’une troisième coalition. La Russie, prenant la tête des opérations diplomatiques, avait envoyé des émissaires à Londres, à Berlin, à Stockholm et à Vienne. Hors la Prusse, désireuse de demeurer neutre – non par goût, bien sûr, mais par prudence – tous avaient promis des subsides ou des troupes afin de prendre le nouvel empire à la gorge. L’Autriche – le 6 novembre 1804 – avait signé une convention avec le tsar, promettant d’aligner deux cent trente-cinq mille hommes.
    Napoléon couronné roi d’Italie, il y avait là de quoi alarmer l’empereur François, ancien maître d’une partie de la péninsule. La France et l’Autriche n’avaient-elles pas désormais une frontière commune ? Vienne avait intérêt, pour ne pas être dévorée, à pousser ses armements ! De son côté, l’Angleterre,le 11 avril 1805, se liait avec la Russie par un traité d’alliance, « pierre angulaire » de l’édifice qui, dans la pensée du tsar, s’élevait pour rendre la paix à l’Europe. Il s’agissait de construire un barrage – pour ne pas dire un garde-fou – qui s’opposerait aux débordements français. Le sage traité secret signé par les puissances acceptait de laisser à la France la frontière de la Moselle et du Rhin, – Londres semblait alors faire son deuil d’Anvers. Par contre, il était précisé que l’Italie, tout en étant un royaume gouverné par un napoléonide, ne devrait jamais être réunie à la France.
    Pitt perd son flegme à la pensée que la France puisse avoir la prétention de transformer la Méditerranée en lac français, de conquérir l’empire ottoman et de chasser l’Angleterre des Indes ! Si Napoléon réussit à mener à bien ses projets, l’Angleterre sera définitivement ruinée ! Voilà pourquoi la Grande-Bretagne se trouve dans l’obligation de conserver Malte, que le traité d’Amiens lui avait arraché. Pitt le précise : « L’indépendance du Levant et de l’Égypte, la sûreté de l’Italie méridionale, des îles Ioniennes et de toutes les possessions de l’empire ottoman sont essentiellement liées à ce que Malte reste à l’Angleterre. »
    Quel prétexte l’Europe invoquera-t-elle pour rompre la paix ?
    Le 5 août 1805, Voronzov l’explique sans ambages : « Quant au motif et à la justice d’une coalition contre Bonaparte, elle ne peut être reconnue que comme juste et nécessaire par ses infractions des traités d’Amiens et de Lunéville, sa royauté de l’Italie, l’usurpation de Gênes, et enfin tout ce qu’on peut attendre de son audace et de la puissance énormé et gigantesque qu’il s’est formée et qui menace toute l’Europe. »
    Pour l’instant, Napoléon ne
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